Trois ans après Isa, Zaz revient avec son projet le plus intime, une ode à la résilience et à l’amour salvateur. De la douleur à la lumière, elle nous emmène dans un voyage profondément humain et bouleversant.
Sains et saufs est sans doute le disque le plus intime que Zaz ait livré depuis Isa. Derrière ce titre qui résonne comme un souffle de répit, on découvre un voyage fait de fragilité, de cicatrices et de lumière retrouvée. La pochette en dit déjà beaucoup : un fond rose tendre, presque nu, et l’artiste en mouvement, vacillante mais toujours debout. Une image simple, mais qui reflète parfaitement ce chemin intérieur entre douleur et renaissance.
Pardonner pour avancer
L’album s’ouvre avec « Je pardonne », signé Noé Preszow. Ici, pas de grand effet, juste la voix de Zaz, nue, qui confie l’importance de laisser partir les blessures. Pardonner au passé, aux autres, mais aussi à soi-même. On entre d’emblée dans un univers où l’émotion prime sur tout le reste. S’ensuit le sincère « Au pays des merveilles », dans lequel elle aborde un sujet qu’elle connaît de l’intérieur : les addictions. Elle n’en parle pas avec jugement, mais avec lucidité. Aujourd’hui apaisée, elle chante ces épreuves avec recul, comme une manière d’exorciser et de tourner la page.
Autre moment marquant : « Mon cœur tu es fou », adaptation d’un texte de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad. Comme un miroir tendu à une autre écorchée vive, elle prête sa voix à des mots écrits il y a des décennies, mais toujours brûlants.
La lumière
Mais l’album ne se résume pas à ses blessures. Dans « Mon sourire », l’interprète de « Je veux » revient sur les attaques et les moqueries subies au moment de la célébrité. Elle confie sa décision de ne plus être victime, mais de devenir responsable de son propre bonheur. C’est une chanson de résilience, lumineuse et intime, qui la montre telle qu’elle est : hypersensible, mais capable de faire rayonner sa douleur en force. Et puis il y a « Sains et saufs », le morceau-titre, comme une clé de lecture. Zaz y chante que l’amour sauve de tout, même des écorchures, même des failles. C’est une chanson-manifeste, à la fois fragile, intense, et universelle. Parmi les morceaux les plus touchants,
« Que des liens » se distingue par sa profondeur. Inspirée par la perte de son père, cette chanson écrite elle aussi par Noé Preszow a failli ne jamais voir le jour tant sa charge émotionnelle est forte. « Ce n’est pas toi qui me fais pleurer, c’est ceux et celles qui t’ont aimé » chante Zaz, et c’est toute la complexité du deuil qui surgit : l’absence, mais aussi les récits des autres, ces souvenirs parfois aux antipodes de ce que l’on croyait connaître. Dans le dernier refrain, des voix s’élèvent comme une chorale gospel et viennent porter la sienne. Alors la douleur intime se transforme en prière collective. Sans doute l’un des titres les plus vulnérables de l’album. Peut-être aussi le plus lumineux, parce qu’il rappelle qu’au-delà de la douleur, il reste toujours ces fils invisibles qui nous relient les uns aux autres.
Un adieu en espagnol
On retrouve aussi « Bleu de la nuit », signé Raphaël, avec une poésie mélancolique qui questionne la valeur de chaque journée, et enfin « Une passerelle vers la mer », un duo inédit entre Zaz et Raphaël. Leur complicité musicale, déjà éprouvée par le passé, trouve ici une forme nouvelle : un dialogue intime qui parle de transmission, de générations qui se rejoignent malgré le temps. L’album se referme avec « Cerca de ti », version espagnole de Sains et saufs, comme un cadeau à ce public international qui l’accompagne depuis ses débuts.
Dans Sains et saufs, Zaz ne joue pas un rôle, elle se livre, chante ses blessures, ses fragilités, mais aussi la force qu’elle en retire. C’est un album profondément humain, bouleversant de sincérité, qui rappelle qu’on peut tomber, se relever, et briller à nouveau. Dès le 5 octobre, elle partira en tournée pour partager ces nouvelles chansons, avec un passage à l’Olympia le 3 décembre. Nul doute qu’elles résonneront encore plus fort sur scène, là où son hypersensibilité devient lumière.
