Mardi 7 octobre, à l’Accor Arena : un rêve adolescent se réalise. Celui de voir OneRepublic en concert, ce groupe qui a accompagné mes peines et mes espoirs de jeunesse avec leurs titres tantôt mélancoliques, tantôt réjouissants. Pendant deux heures, Ryan Tedder et ses musiciens ne se sont pas contentés de jouer un concert : ils ont joué des souvenirs.

Première partie : Ella Henderson
La chanteuse britannique donne le coup d’envoi avec « REACT », un titre qui donne un twist dance à l’iconique « Children » de Robert Miles. Et malgré un rythme très entêtant, une seule chose règne dans l’enceinte et domine tout le reste : la voix puissante d’Ella Henderson. Une voix qui se prête aussi bien à des titres EDM comme « Crazy What Love Can Do » qu’à des sons plus acoustiques comme « Let’s Go Home Together », qu’elle interprète avec son batteur, Ross Harris.
Et c’est lorsqu’Ella Henderson ralentit le rythme qu’elle fait naître en nous une myriade d’émotions. Avec « Filthy Rich » et ses influences country, les amis, les familles, les couples s’enlacent et se sourient. L’atmosphère est donc parfaite pour parler d’amour : « Ready for Love » lui permet de revivre la première fois où elle est tombée amoureuse. Pour l’occasion, elle demande au public d’allumer les flashs de leurs téléphones. Son voeu exaucé, l’Accor Arena se transforme alors en ciel scintillant, où une étoile brille de mille feux : la voix de la chanteuse, portée par un seul piano.
Enfin, pour clôturer cette première partie, l’artiste nous ramène à ses débuts. Et plus particulièrement à l’année de ses 18 ans, où elle a composé son tout premier single, « Ghost ». Ce titre n’existerait pas sans un ‘homme qui a changé toute [sa] vie’ : Ryan Tedder, évidemment, qui en est le co-auteur. Les premières notes résonnent et tout le public reprend le refrain en chœur. La boucle est bouclée : la chanteuse partage aujourd’hui la scène avec celui qui a cru en elle, avec qui tout a commencé.
OneRepublic : un concert entre nostalgie et célébration
À peine Ella Henderson quitte la scène et les techniciens s’attellent à la préparation de la scène que l’anticipation devient palpable. Autour de moi, des fans arborent fièrement des t-shirts de la tournée Escape to Europe, tandis que des sons se succèdent pour adoucir notre excitation. À 21h, le titre « Don’t Look Back in Anger » d’Oasis crée un émoi général. Alors que le public reprend le refrain à plein poumons, une voix rejoint la chorale, une qu’on reconnaît immédiatement : celle de Ryan Tedder. Les yeux s’illuminent, les coeurs se réchauffent. Le rêve peut commencer.
Le concert ouvre sur « Feel Again » et lors du dernier refrain, des confettis pleuvent sur nos visages euphoriques, illuminant l’Accor Arena d’une explosion de couleurs. Cette surprise donne le ton : OneRepublic est un groupe qui invite à la joie de vivre. Les Américains enchaînent ensuite avec « Kids » et maintiennent une atmosphère galvanisante. Puis, surprise : les synthés de « Midnight City » de M83 retentissent pour se mêler naturellement à la mélodie et les paroles de « Good Life ». Nostalgie et optimisme fusionnent, un doux mélange que je rêvais de goûter à leur concert.
Le retour aux débuts de OneRepublic
‘On adore cet endroit… c’est magnifique’, lance Ryan Tedder dans un français teinté de sincérité. Ces quelques mots prononcés dans notre langue suffisent à nous faire oublier le coup de vieux asséné par ce constat : ’18 ans de musique, here we go, voilà’.
Le tempo s’accélère avec « Runaway » et lorsque le titre touche à sa fin, l’écran s’obscurcit. Des images défilent en noir et blanc, où nous suivons les périples du groupe en tournée. Les cordes d’un violon s’élèvent et l’obscurité nous hypnotise… préparant l’atmosphère idéale pour entamer « Secrets ». Les fans qui m’entourent s’essoufflent sur le refrain, comme si chaque parole leur permettait d’approfondir une catharsis certaine. Puis lorsque vient « Rescue Me », la salle se réveille d’un seul corps. Les basses meuvent les corps, la batterie rythme les applaudissements.
Après « Run », Ryan reprend la parole et raconte comment « Apologize » a été leur premier succès, bien trop grand pour un groupe de leur envergure. Une promesse a alors été professée : « Si la deuxième chanson ne marche pas, alors on se sépare et on crée un nouveau groupe. Two Republics ou j’en sais rien », s’amuse-t-il avec un rire malicieux. La suite appartient à l’histoire, car 18 ans plus tard, nous sommes encore là, prêts à chanter « Stop and Stare ».
Une scénographie en deux parties
Nouvelle coupure d’image. Sur l’écran, un court-métrage d’animation est diffusé, une distraction presque efficace pour nous faire oublier la disparition du chanteur et de ses musiciens… avant que la voix de Ryan résonne derrière nous, sur une deuxième scène au milieu de la foule. Cette proximité nouvelle propulse le concert à un autre niveau d’émotion collective.
Lors de ce segment du concert, Ryan rend hommage à des artistes proches : « Life in Color », par exemple, est dédié à Chris Martin, le chanteur de Coldplay. Il explique également qu’il a empruntée à U2 l’idée d’offrir un objet à quelques chanceux du public. Contrairement aux Irlandais, cependant, le cadeau n’est pas une boule à neige — ‘difficile à jeter’, avoue-t-il, — mais 3 balles de foot. On observe l’exercice avec admiration, imaginant qu’il aurait excellé aux tirs au but.
En plus d’avoir une frappe puissante, Ryan est également un alchimiste, dont la plume a fait naître des hits mondiaux comme « Turning Tables » d’Adele, « Burn » d’Ellie Goulding… Mais aussi « Bleeding Love » de Leona Lewis et « Halo » de Beyoncé, dont il interprète des extraits.
Suite à ce ‘karaoke à la française’, un nouvel interlude diffuse des images de Paris. Mais cette fois, nous ne nous laissons pas berner : nos têtes se tournent immédiatement vers la scène principale. Le silence est chargé d’attente, avant de laisser place à quelques notes de piano et de violon qui laissent présager leur titre phare. « Apologize » débute alors franchement, Ryan chantant sur fond d’une lune rouge projetée à l’écran. Le temps est suspendu, nos voix s’élèvent pour répéter des paroles que nous avons bien trop révisées depuis 2007.
Une fin en beauté
Puis viennent « Can’t Stop », « I Ain’t Worried », « Love Runs Out ». Durant tout ce temps, l’énergie ne retombe jamais. Encore moins lorsque OneRepublic annonce « Need Your Love », un titre inédit interprété avec nervosité et émotion. Et au vu de la réaction du public, qui se laissait porter par la mélodie d’un refrain inconnu, nul doute que ce morceau rencontrera un succès franc lors de sa sortie.
Alors que nous sentons que le concert entre dans son dernier arc, un montage vidéo montre des fans du monde entier qui expliquent ce que OneRepublic représente pour eux : une raison de vivre et de continuer à avoir espoir. Les larmes se font menaçantes, surtout quand le groupe enchaîne sur « I Lived ». On comprend que cette chanson s’adresse à eux, mais à nous aussi. Et oui, lorsque je me fonds, tous sourires, dans une foule en délire, c’est avec confiance et gratitude que je peux me joindre au choeur et professer : « I did it all ».
Avant d’entamer le clou du spectacle, le guitariste Zach Filkins nous offre un solo de guitare impressionnant qui nous fait voyager en Espagne grâce à des influences flamenco. Une interlude parfaite qui permet de relancer la machine de façon spectaculaire avec le tube « Counting Stars », l’avant-dernier titre de la setlist. Le public saute, crie, chante, rit.
Ce soir, nous comptons les étoiles avec OneRepublic. Et elles se trouvent toutes dans nos yeux.
