Vendredi 31 octobre : loin des sorts et des déguisements d’Halloween, une autre soirée nous attendait. Le concert de Tom Odell, artiste dont la carrière a été propulsée par le titre « Another Love » en 2013. Douze ans plus tard, le voilà à l’Accor Arena, prêt à défendre sept albums avec émotion et sincérité.

Chance Peña en première partie : une folk immersive et cinématique

Nous arrivons juste à temps pour la deuxième performance qui précède celle de Tom Odell : Chance Peña, un jeune auteur-compositeur américain accompagné de quatre musiciens. Guitare à la main, il installe d’emblée une ambiance chaleureuse. Son univers oscille entre indie folk et rock, porté par une voix légèrement éraillée, à mi-chemin entre Ray LaMontagne et Hozier.

Il ouvre le concert avec « Song From Yesterday », captivant rapidement l’Accor Arena par sa sincérité brute. Le set se poursuit avec « Spinning », un de ses titres préférés, et « Sleep Deprivation ». Puis vient « My Mind Drifts To You », accompagnée à l’harmonica : un moment suspendu, plus folk, qui évoque les grands espaces et la nostalgie des routes américaines.

Après cette parenthèse plus lente, le rythme repart avec une énergie nouvelle. Les applaudissements suivent la cadence de la batterie et Chance Peña entonne « Make Way For The Feeling », une invitation à se laisser emporter. Sa musique, à la fois sensible et ample, a quelque chose de profondément visuel, presque taillée pour un film.

Avant de conclure, Chance Peña revient sur ses débuts : il raconte avoir vu The Lumineers en concert il y a douze ans, un déclic qui l’a poussé à suivre cette voie. Pour son dernier titre, « Man of the Year », il invite le public à poser les téléphones et à simplement vivre le moment présent.

Après cette mise en bouche poétique signée Chance Peña, la scène s’apprête à accueillir celui que tous attendent.

Tom Odell : entre catharsis et magie

Les discussions vont bon train et la salle frétille d’impatience avant l’arrivée de Tom Odell. Puis, les lumières s’éteignent et les premières notes de « Somewhere Over The Rainbow », interprétées par Judy Garland dans Le Magicien d’Oz, résonnent. L’artiste fait son apparition sous les applaudissements du public avant d’entamer « Strange House ».

Cette introduction solennelle installe un silence quasi religieux dans l’Accor Arena, comme si le moindre bruit risquait de briser le charme. Sur les rideaux entourant Tom Odell et son piano, dissimulant encore le reste de la scène, s’affichent les paroles : « Cause our dreams, they have meaning, I suppose. » Dès les premières minutes, on comprend que ce concert sera intense en émotions, oscillant entre rêve, introspection et exorcisme de nos tristesses.

À la fin du titre, Tom Odell s’adresse à la foule avec un simple « Bonsoir Paris ! », déclenchant une clameur qui s’éteint dès que « Prayer » commence. Si la chanson confesse que « All these dreams, they never turn out quite as big as they seem », la soirée prouve tout le contraire. L’artiste se remémore ses débuts, il y a treize ans, soutenu par un petit cercle de fans. Aujourd’hui, il se tient face à une Accor Arena complète, preuve que les rêves peuvent bel et bien devenir réalité.

Ce moment de gratitude ouvre la voie à « Best Day Of My Life ». Sur les rideaux, des images de Paris défilent : Tom à vélo, arpentant la capitale jusqu’à son arrivée à l’Accor Arena pour préparer le concert. Le public suit son parcours jusqu’à l’instant présent, où la salle s’illumine pour chanter en coeur avec lui.

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L’Arena projetée au concert de Tom Odell, c’est trop pour nous 🥹 #tomodell #accorarena

♬ son original – Accor Arena

Si le simple piano/voix suffisait à nous captiver en ouverture, on se doutait que Tom Odell cachait autre chose. Et nous avions raison : soudain, le rideau se lève, dévoilant enfin l’ensemble des musiciens entre batterie, saxophones, guitares et violon. Cette formation donne une intensité nouvelle aux titres plutôt calmes et nostalgiques du chanteur. Par exemple, « Can’t Pretend », qu’il entame tranquillement sous une lumière rouge, prend en ampleur au fil des chœurs et des cuivres… jusqu’à un final où il tient une note si longtemps que toute la salle retient son souffle.

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Je pense qu’on est pas prêts pour la soirée @Tom Odell 😮‍💨 #tomodell #accorarena #cantpretend

♬ son original – Accor Arena

Les arrangements instrumentaux, taillés spécifiquement pour une performance live, ne sont pas les seuls éléments qui surprennent ce soir. Après « Can’t Pretend », un projecteur éclaire soudain une partie de la foule : deux danseurs apparaissent pour accompagner « Spinning », virevoltant et s’enlaçant tandis que l’artiste se lamente : « We’re gonna spin ’round forever with two broken hearts. »

Alors que Tom Odell semblait se réfugier derrière le confort de son piano, il finit par s’approcher du public, comme s’il se sentait désormais prêt à sortir de son cocon. Il court d’un bout à l’autre de la scène sur « Somebody Else », fait chanter toute la salle sur « Don’t Cry », et gratifie même l’audience d’un rire amusé suivi d’un « beautiful » lorsque le fameux chant du popolopopo, moment obligatoire de tout concert en France, retentit.

Un instant suspendu survient lorsqu’il lit une lettre reçue ce soir-là, écrite par une fan ayant perdu sa mère des suites d’un cancer et qui raconte combien « When I Close My Eyes » lui rappelle leurs souvenirs ensemble. Tom dédie alors la chanson à tous ceux qui ont perdu quelqu’un, tandis que des photos de proches disparus, envoyés en amont par le public, s’affichent sur les écrans. Le moment est d’une sincérité déchirante, et lorsque les premiers reniflements se font entendre autour de nous, nous laissons, nous aussi, les larmes couler.

Tom Odell prouve ce soir qu’il est autant capable de nous émouvoir que de nous électriser : « Black Friday » nous chamboule, « Answer Phone » nous fait groover, surtout lorsque chaque musicien a droit à son solo. Et lorsque le Britannique pousse la voix ou se déplace sur scène, nous n’avons plus l’impression de voir un artiste mélancolique, mais bel et bien une rock star.

Avant les derniers morceaux, Tom se confie sur les difficultés traversées ces dernières années et sur l’importance d’écrire une musique honnête. Il remercie la foule, visiblement ému, d’être là pour écouter ces chansons nées de moments fragiles, et nous rappelle que, quoi qu’il arrive, nous ne sommes jamais seuls.

Le dernier quart d’heure du concert s’accélère et nous ensorcelle, notamment lorsque les dernières notes de « Wonderful Life » déclenchent une pluie de confettis. Tom, dans un moment de vulnérabilité ultime, chante « I Don’t Wanna Die » et parcourt le devant de scène pour tenir la main de plusieurs fans qui le regardent avec une admiration particulièrement touchante. 

Et enfin, le moment tant attendu : « Another Love ». Le morceau qui a tout lancé en 2013, celui qui unit instantanément la foule dans un même souffle, et celui qui conclut le concert. Un final cathartique, où des milliers de voix se mêlent à la sienne, prouvant qu’en 2025, la magie sincère de Tom Odell opère plus que jamais.

Avec ce concert à l’Accor Arena, Tom Odell confirme qu’il ne se contente plus d’écrire des chansons : il raconte des fragments de vie que le public s’approprie, encore et encore.