Au Crossroads, on a enfin pu rencontrer Pierre et la Rose qu’on suit depuis ses débuts ! Dans cette interview, elle revient sur son parcours depuis les Inouïs, son nouveau single « Les hommes sont des puits de misère », et ce que signifie pour elle mettre ses histoires en chansons.
On suit Pierre et la Rose depuis ses premiers pas sur scène, et il était impossible de ne pas venir la rencontrer après sa prestation au Crossroads. Dès l’ouverture du festival, elle a capté tous les regards, dans une robe bustier et des bas résille blancs, transformant la lumière en un écrin pour sa voix unique. Sur scène, elle met les histoires en chanson, passant de la tendresse de « Miel » à la colère engagée de « Les hommes sont des puits de misère », avant de conclure avec l’exutoire intense de « Glory ». Fragile et puissante à la fois, sa présence imposante a offert un moment de grâce et posé d’emblée le ton du festival.
Phenixwebtv.com : on s’est croisé quand tu assurais la première partie de Frida en mars. Et puis après, il y a eu le sacre aux Inouïs du Printemps de Bourges. Comment vis-tu cette nouvelle étape de ta vie ?
Pierre et la Rose : Depuis le Printemps ? C’est beaucoup d’excitation, parce que plein d’opportunités s’ouvrent. C’est de l’espoir, des négociations, et ça se concrétise petit à petit. Je suis vraiment très heureux de tout ce qui se passe. Mais j’ai aussi hâte, ça va jamais assez vite ! J’ai envie de faire plus de chansons, plus de scènes, avec des budgets plus conséquents, de grandes productions… Bref, de continuer à grandir comme artiste.
Est-ce que les Inouïs ont changé ta perception de certaines choses, ouvert des portes ?
Pierre et la Rose : Oui, absolument. Avant, je n’avais presque aucun entourage dans le milieu. Les Inouïs m’ont permis de rencontrer des gens qui m’entourent maintenant, de construire une équipe solide. Je continue de chercher à l’agrandir, à construire mon réseau. C’est très positif, même si c’est aussi un peu stressant.
Parle-nous de ton nouveau single, « Les hommes sont des puits de misère ». Quelle est l’histoire derrière ce morceau ?
Pierre et la Rose : Cette chanson a plusieurs sens. Le premier, c’est un souvenir personnel : j’avais 24 ans, j’étais parti vivre en Angleterre pour m’éloigner de ma famille et de l’extrémisme religieux de mon père. J’écrivais mes premières chansons en français, et c’est de là que sont nées certaines de mes inspirations.
Ensuite, il y a un sens plus large, politique et social. En tant que personne queer et femme, je voulais raconter la condition dans laquelle beaucoup se retrouvent, mis en marge, confrontés à des hommes parfois oppressifs. La chanson parle de cette expérience, mais aussi de ma perception du patriarcat et de la misogynie dans la société.
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Ton nom de scène, Pierre et la Rose, reflète cette dualité entre force et fragilité. Il a changé de sens pour toi avec le temps ?
Pierre et la Rose : Oui. Pierre, c’est mon prénom, et Rose, c’est ma grande sœur, une figure féminine importante dans ma vie. Le nom évoque la masculinité et la féminité, et avec le temps, il est devenu une manière de m’accepter en tant que personne non-binaire. Ça m’a permis de m’exprimer sans me limiter à une identité unique.
Tes chansons parlent d’amour, d’homophobie, d’homosexualité, mais aussi de liberté. Écrire, c’est pour toi un moyen de te réparer ou de te révéler ?
Pierre et la Rose : Écrire, c’est un besoin depuis que je suis tout petit. Quand j’étais enfant, écrire des poèmes me permettait de me défouler, de m’exprimer, de me révolter. Aujourd’hui, mes chansons sont toujours ce refuge et ce moyen de transmettre des émotions et des messages.
Et sur scène, comment ça se traduit ?
Pierre et la Rose : La scène, pour moi, c’est un rêve : créer une expérience immersive pour le public, où ils se déconnectent du quotidien. Chaque concert est un spectacle à part entière, qui reflète mes émotions du moment : colère, tristesse, joie. La dimension visuelle est importante aussi : jeux de lumière, cabaret, mouvements, ailes d’ange… C’est une extension de ce que je veux exprimer avec ma musique.
Glory, par exemple, c’est un morceau très personnel
Pierre et la Rose : Oui. Glory est lié à ma foi et à mon éducation protestante. Le mot « gloire » est fascinant pour moi : il exprime la louange, l’exaltation, un cri du cœur. C’est aussi une manière de reprendre possession de ma vie, de mon identité.
Même avec la reconnaissance actuelle, as-tu encore peur de sortir certains morceaux ?
Pierre et la Rose : Oui, un peu. Ma musique est différente de ce qui se fait dans le mainstream français. Chaque sortie est un pari : est-ce que les gens vont comprendre, est-ce que ça va toucher ? C’est toujours un peu stressant, mais aussi stimulant.
Que voudrais-tu que le public retienne de ton passage au Crossroads ?
Pierre et la Rose : Mes chansons. Avant tout, je suis un chansonnier. La musique, c’est ce qui me permet de véhiculer des messages, de toucher les gens, de provoquer de l’amour et de la réflexion. C’est un voyage pour moi et pour le public.
Et ton projet, il arrive quand ?
Pierre et la Rose : Début 2026 ! Un premier EP avec un single en janvier. Les hommes sont venus me dire que ce single est une bonne mise en bouche de ce qui arrive. On y travaille, tranquillement mais sûrement.
Tu arrives aujourd’hui à vivre de ça ?
Pierre et la Rose : Oui, parce que je fais de la scène depuis longtemps. Pour moi, ce n’est pas les followers qui comptent, mais toucher les gens en direct, sur les concerts. Cette année, j’ai fait 50 dates en France, en Belgique et en Suisse. C’est mon quotidien, et ça me permet de vivre de ma musique tout en gardant le contact avec le public.
