On l’avoue, on avait décroché de Rosalía. Trop de spectacle, pas assez d’âme… Et puis Lux est arrivé, et tout a changé. Un album qui parle à la foi, à la chair et à la mémoire, et on en est encore ému.
Je n’étais pas vraiment client de Rosalía jusqu’ici. Son précédent album m’avait laissé de marbre, et la tournée que j’avais vue m’avait même un peu refroidi : un spectacle impressionnant visuellement, mais plombé par un play-back omniprésent qui m’a empêché de vibrer pleinement.
Aujourd’hui, avec LUX, tout semble s’être réordonné. La musique devient cérémonie, et l’album un lieu sacré où chaque morceau est une offrande. Traversé par plus d’une dizaine de langues, il raconte la complexité du désir, de la perte et de la dévotion, convoquant à la fois l’intime et l’universel. La voix de Rosalía se fait guide dans ce labyrinthe de sonorités et d’émotions, oscillant entre gravité et éclat, ferveur et vulnérabilité.
Un voyage polyglotte vers le sacré
D’entrée de jeu, on sent que Rosalía a atteint une nouvelle maturité artistique. Ici, le flamenco se marie à des textures pop, orchestrales, expérimentales et urbaines avec une fluidité déconcertante. Chaque morceau est un petit monde en soi, une exploration des émotions, du désir et de la spiritualité, sans jamais tomber dans le spectaculaire gratuit. La production est dense, soignée, mais toujours au service de sa voix, qui reste le fil conducteur et l’âme de l’album.
On passe des brûlots intimistes comme « Mio Cristo Piange Diamanti » aux collaborations surprenantes, comme « Berghain » avec Björk et Yves Tumor, ou encore « La Rumba del Perdón », où elle convoque la tradition flamenca avec une modernité époustouflante. Chaque chanson raconte une histoire, explore un questionnement, et le tout se déploie dans un album à la fois intime et grandiose, capable de toucher au cœur.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est la sincérité qui traverse le disque. Rosalía y parle d’amour, de rupture, de foi, de pardon, de féminité, et de ce que cela signifie de se réinventer. On sent une artiste en pleine possession de son art, capable de surprendre et de provoquer l’émotion brute, sans artifices.
LUX n’est pas un album dopamine comme son précédent MOTOMAMI, c’est un voyage, un opéra pop moderne où chaque note, chaque souffle, chaque silence compte. Pour moi, il représente la renaissance d’une fascination pour Rosalía, qui transforme ce scepticisme initial en admiration totale. Cet album impose le respect et, surtout, le charme irrésistible de la musique bien pensée, émotive et sans compromis.
