Vendredi 14 novembre, La Grenze a accueilli trois groupes pour une soirée électrisante sous le signe du post-punk. Au programme : Bureau de Change, Marcel, et Grandmas House. Des artistes rassemblés autour d’une mission commune : nous aider à lâcher prise et, comme eux, faire de la musique un véritable exutoire.

Bureau de Change, l’insolence décomplexée britannique

Bureau de Change ouvre le bal avec des rythmes nerveux et addictifs. Leur attitude totalement décomplexée, presque insolente, nous a happés dès le premières secondes. En tournée depuis octobre, le groupe originaire de Bath est venu défendre son EP Are You Flirting With Me ?, un projet audacieux à découvrir absolument (en particulier pour les fans d’Amyl and the Sniffers). 

Empreints d’humour et d’une sincérité incisive, leurs morceaux nous rappellent ce qu’on aime dans le post-punk : un mélange sans filtre de critique sociale et politique, de rejet des conventions, et d’une bonne dose d’ironie… Le tout sur des mélodies percutantes à base de riffs et de percussions féroces. Cette recette, Bureau de Change la maîtrise parfaitement : impossible de ne pas sourire face à la réalité cynique du refrain de « Marriage » : « All my friends are married, but i’m still in therapy ». Avec « Dumb Men » et « Resistance », la chanteuse Flora s’exprime également sur la toxicité du patriarcat, la violence envers les femmes, et la lutte pour l’égalité des genres. Des thématiques qui résonnent d’ailleurs avec le set de Grandmas House, qui clôturera cette soirée riche en émotion.

Le chaos assumé de Marcel fait monter la température

Après un passage très apprécié en 2023 lors du festival Pelpass, Marcel fait son retour sur la scène strasbourgeoise sous des applaudissements déchaînés. Avec une énergie aussi chaotique qu’amusante, ce « noisy pot-pourri belge » a déclenché une ambiance déjantée : impossible de ne pas danser. Comme une bande d’amis qui nous invite à délirer avec eux, Marcel a su briser la glace et mettre tout le monde à l’aise. Les membres de Bureau de Change, avec qui ils ont souvent partagé l’affiche, ont même rejoint le public pour profiter de ce concert explosif.

Avec une présence scénique presque instinctive, innée, c’est clairement le genre de groupe taillé pour le live. Un vrai plaisir à vivre, même sans connaître leurs titres. Au contraire : c’est le meilleur contexte pour découvrir leur discographie, de leur projet charivari (2023)à leur nouvel album ô fornaiz dévoilé cette année. Une fois de plus, Strasbourg a été conquis par la folie de Marcel.

Grandmas House : un post-punk queer et féminin sans concession

La folie contagieuse belge laisse place au post-punk britannique de Grandmas House, plus sombre et envoûtant. Originaire de Bristol, ce groupe 100% féminin et queer s’exprime à travers des textes dénonciateurs teintés de sarcasme, portés par la voix rauque et profonde de la chanteuse Yasmin. « Always Happy », « Screw it Up », « Who Am I », « Dog », « Body »… Chaque titre a contribuer à la rage féministe et anti‑patriarcale du quatuor.

Avec une énergie brute et magnétique sans égal, le set de Grandmas House continue de gagner en intensité. Le concert devient libérateur, presque cathartique, et nous invite à nous laisser emporter par la musique. Puis, la chanteuse vient surprendre la salle avec “How Does It Feel ?”, un morceau qui mêle français et anglais, avant de rejoindre le public sur “Choo Choo”, une nouvelles chanson au titre aussi énigmatique qu’entrainant. S’il y a un projet à retenir parmi la setlist iconique de Grandmas House, c’est bien Anything For You, leur dernier album qui en a envoûté plus d’un !


En bref, Bureau de Change, Marcel et Grandmas House nous ont offert une Friday Night Fever à base de musique, de révolte et d’engagement, rappelant que le post-punk n’est pas qu’un genre musical qui ambiance : c’est un mouvement qui se vit et se partage en live.