Après deux dates en festival les 30 et 31 octobre (respectivement The Walking Bass Festival et le Festival Ô Les Chœurs), Sierra Veins jouait, ce jeudi 20 novembre au 106 (club) à Rouen, le premier concert en salle et en tête d’affiche de la tournée destinée à présenter son deuxième album In The Name Of Blood paru le 7 novembre dernier. Kitty Velvet assurait l’ambiance de la première partie de soirée.
Kitty Velvet
Habillée de plumes noires rappelant le corbeau, Kitty Velvet DJ gothique basée à Rouen aussi bien qu’à Paris mixe un set orienté électro devant un public attentif. Ce petit chat de velours se charge de noircir l’ambiance en prévision de l’arrivée de Sierra Viens. La majorité de l’assemblée, dans la salle club quasiment complète, chaloupe timidement hormis quelques personnes plus expressives dans les premiers rangs dont les headbangs s’intensifient tout au long de la prestation. Nous trouvons notre bonheur dans les versions mixées par les soins de notre hôte des morceaux : Heresy de NIN, Doll-Daga Buzz-Buzz Zigetty-Zag de Marilyn Manson et Engaged and Confused de Horskh. Nous avions d’ailleurs eu le plaisir de voir ces derniers sur scène en co-plateau avec Sierra Viens à L’Etage à Rennes en mars dernier. Kitty Velvet nous a préparé, par cette belle mise en bouche, à savourer la suite de la soirée.
Sierra Veins
Pour cette tournée de présentation de l’album In The Name Of Blood, la scénographie de Sierra Veins (l’artiste se nommait simplement Sierra jusqu’au mois de mai dernier) semble faire écho à sa nouvelle identité en symbolisant les veines et leur capacité à acheminer l’énergie vers le cœur. D’une part, des tuyaux descendent en courbes depuis le plafond pour encadrer l’espace occupé par l’artiste et s’harmonisent aux couleur dominante en fonction des morceaux, d’autre part des mouvement lumineux parcourent des faisceaux répartis sur le sol à la manière des racines d’un arbre puis rassemblés en une large bande en arrière plan.
Comme à son habitude (pour nous une quatrième fois ce soir), Sierra Veins se produit seule sur scène, entre ses deux consoles, sur une plateforme dont elle n’hésite pas à descendre lorsqu’elle chante pour se rapprocher de son public. Les nouveaux décors la font apparaître encore plus déterminée mais l’infinie sincérité qui l’habite laisse transpercer une certaine fragilité, reflet de l’intégrité absolue avec laquelle elle nous livre ses émotions. La musique de Sierra Veins transforme les failles en victoires et offre à nos âmes torturées un point d’appui pour glisser vers l’acceptation de nos incohérences. Elle est pure, brute, douce et ténébreuse à la fois. Nous puisons dans les textures et les sonorités de ses morceaux autant de colère que d’apaisement, les deux s’équilibrant dans une transe parfaite.
Le set commence comme le récent album, dans une ambiance noire et verte avec In The Name Of Blood suivi de Memory Cells. Dès les premiers instants Sierra Veins nous embarque et plus rien n’existe en dehors des murs de la salle club du 106 à Rouen. Les morceaux s’enchaînent en continuité les uns de autres dans un bel équilibre entre les instrumentaux et ceux durant lesquels l’artiste prend le micro, sur pied ou en main lorsqu’elle nourrit l’intensité en se rapprochant d’un public qui, bien qu’un peu timide, ne forme plus qu’un avec elle.
On savoure les désormais anciens titres parmi lesquels Trust qui vient embrasser Arrival (Remix), l’hymne Gone, le glaçant Never Right et In My Veins qui sonne actuellement comme un premier pas vers la transition d’identité. Les sublimes lumières magnifient les show en passant du rouge au bleu, du vert au rose mêlé de blanc, elles transpercent les ténèbres de nos âmes. Les sommets d’émotions de cette soirée portent selon nous le nom de The One plus calme mais teintée d’une sourde colère, Ain’t No Woman qui résonne en nous en déstructurant les codes de la féminité et se continue à la perfection d’Unbroken pour ne jamais rester à terre. Le final Who I Used To Be/My Poison nous assomme si bien que nous devons nous accorder quelques minutes pour laisser s’estomper les tourbillons dans la tête avant de trouver la force de quitter la salle.

Sous sa nouvelle identité Sierra Veins conserve sa sincérité, sa colère, sa détermination et les exploite de manière encore plus puissante pour agripper les tripes de son public avec toujours plus d’intensité.
Pour suivre Kitty Velvet
Pour suivre Sierra Veins







