Animal Triste signe une élégance noire, sans nostalgie, avec « A Girl Like You », portée par la voix magnétique de Marina Hands de la comédie française.

Chez nos amis d’Animal Triste, le rock n’est jamais un exercice de style, c’est une zone à risques. Neuf mois après Jéricho, troisième album tendu vers un rock intranquille et sans compromis, le groupe s’empare de « A Girl Like You » d’Edwyn Collins sans la rejouer. Trente ans plus tard, le morceau se fissure, s’assombrit, gagne une élégance dangereuse et une tension presque cinématographique. Ici, pas de nostalgie, le vice pulse toujours sous la classe, mais avec une intensité nouvelle.

Et puis il y a Marina Hands, dont c’est la deuxième collaboration avec le groupe, mais ici, elle n’interprète pas la fille du titre, elle l’incarne. Sa voix grave et magnétique, entre murmure et menace, apporte une sensualité fatale qui fait basculer le morceau vers quelque chose de plus sombre, plus frontal, résolument tourné vers l’avant.

Le clip prolonge cette sensation de film noir hors du temps. En noir et blanc, la mer agitée, les paysages normands silencieux, le cheval blanc, les voiles et les matières plastiques composent un poème visuel étrange et hypnotique. Marina Hands traverse ces décors comme une figure mythologique, solitaire, entre force et fragilité. Les images s’enchaînent comme des symboles entre l’eau, la chute, l’attente, et les larmes. Dans cette fiction sensible suspendue entre rêvé et mémoire, et qui laisse une empreinte durable, tout se joue dans les regards, les gestes retenus, les silences.