Dans le cadre du festival Chorus des Hauts-de-Seine, le rappeur Di#se a accepté de nous accorder un entretien, juste après sa prestation. On l’avait découvert le 21 mars dernier, à la soirée de présentation du festival à la presse où il était en showcase. Une belle surprise qui nous a donné envie d’en savoir un peu plus sur ce petit « Génie », qui commence à faire parler de lui.
C’est à cœur ouvert que Di#se s’est confié à nous, gueule d’adolescent, mais une maturité bluffante, le rappeur qui sort son premier album « Parfum » au printemps prochain, est revenu sur son enfance, ses blessures et ses projets. Un moment chargé d’émotion, comme j’en ai très peu connu.
Originaire du Cameroun, le jeune rappeur quimpérois commence à faire parler de lui en 2016, lorsqu’il remporte le Buzz Booster, un dispositif national qui accompagne les jeunes rappeurs émergents. Les choses changent, Di#se signe avec le label indépendant Yotanka, qui produira le clip de « Génie », le premier titre extrait de son premier album à venir. Un clip dans lequel le rappeur fait une sorte d’introspection en parlant de sa solitude et de son entourage qu’il essaie de rassurer tant bien que mal « aie confiance et même si je n’ai pas l’ossature de l’homme ».
Aujourd’hui, celui que d’aucuns considèrent comme un « génie », l’un des meilleurs de sa génération, est tout proche du « Burnout » et en profite pour sortir le clip éponyme. Dans une ambiance de virée nocturne dont on ne sait rien de la fin, Di#se embarque ses amis à bord de son cabriolet. Ceux-là même qui ne le voient que comme un flambeur et semblent oublier que le génie peut vite se bruler les ailes.
Mais si j’te révèle l’envers du décor tu m’prendras pour un menteur non
Pourtant j’suis pas loin du burnout
Ils ne voient que Dilly D, ils ne voient pas la suite, seulement quand je turn-up
Pourtant j’suis pas loin du burnout, tu m’prendras pour un menteur non
Ils ne voient que Dilly D ils ne voient pas la suite, seulement quand je turn-up
Entre introspection et ambiancement
Désiré Eva Tolo alias Di#se nous reçoit à l’espace presse du festival, une heure après sa prestation sur scène, devant un public clairsemé, un point qu’il aborde dès notre arrivée, « j’ai appris à dégager une certaine sérénité, dans la façon dont j’appréhende les concerts, la façon dont je digère l’après. Avant j’étais très frustré d’être toujours en première partie, maintenant je prends sur moi, je suis calme ». On lui fait remarquer que Youssoupha, dont il a assuré la premiere partie des concerts, jouait au même moment sur la grande scène et l’interdiction de ramener des verres à l’intérieur a freiné pas mal de monde.
Parlant de lui à la troisième personne, il nous raconte ses débuts, « L’artiste Di#se a vu le jour avec l’arrivée de son frère en 2014 et c’est devenu professionnel pour lui en 2016. C’est mon frère qui m’a transmis le goût de la musique ». Un frère multi tâche qui a aussi fait de la danse et peut être donné des cours à son frère ? mais Désiré lui, jure ne pas savoir danser « Je ne sais pas danser, je suis dans le rythme, en fait c’est comme le chant, je ne peux pas me considérer comme chanteur. Je chante, mais je ne suis pas chanteur. Je sais chanter juste, je sais ce qu’il faut faire pour ne pas me mettre en danger et avoir de la maîtrise, mais je ne suis pas chanteur. »
Pourtant de l’énergie, il en a à revendre, il en dépense pas mal sur scène, lui qui a énormément de chance de pas avoir besoin d’en faire trop pour charmer son public « même quand je suis statique je dégage déjà quelque chose. Le gros du travail en résidence c’était de pouvoir canaliser toute cet amas d’énergie. Aujourd’hui j’y arrive, même la petite scène où vous m’avez découvert je sais mieux gérer, avant j’aurai chanté devant vous ».
Un parfum de vérité
D’une introspection nait un Parfum de vérité, un premier album assez homogène, à l’image d’un Stromaé qu’il considère comme un modèle. Une application dans l’écriture qui va bien au-delà de l’adn du rap.
Amoureux de plusieurs styles de musiques, Di#se a choisi « Parfum » comme nom d’album pour sa connexion à plusieurs effluves, « quand une personne est bonne, le parfum n’est que superflu parce que ça ne vient que sublimer ce que tu as déjà. En vrai, tu n’as pas besoin de parfum. A l’inverse quand tu as des lésions à cacher ou bien que tu veuilles tromper, se cacher c’est vouloir tromper, là le parfum joue un grand rôle, parce que c’est ta couverture ».
Quand on lui demande s’il a des choses à cacher ? la réponse ne se fait pas attendre « vu que je sors un album, ça ne sera vraiment plus caché ». Une vérité, la tienne qu’il couche sur des titres très personnel comme « Visage », un hommage à sa mère « quand je suis né je n’ai pas été élevé par ma mère, mais plutôt par ma tante, la femme de mon oncle qui a pris soin de moi. Apparemment quand je suis né j’avais énormément de liens avec elle, on n’a jamais su pourquoi ? Ma mère a du faire un sacrifice qui était de tous nous laisser au Cameroun afin de trouver le moyen de nous sortir de là. Elle s’est vraiment battu pour nous, ce qui fait pendant une très longue période de mon enfance, j’ai grandi avec une autre femme en pensant que c’était ma mère. Ce n’est que plus tard que j’ai su la vérité ».
Un morceau qui sonne comme une plainte, une course contre la montre qu’ont tous les africains une fois qu’ils quittent le pays, un titre qu’il interprète en live en prenant sa voix d’enfant. « Quand j’ai écrit visage, ce n’était difficile de le faire, c’est après l’avoir écouté que ça m’a vraiment brisé le cœur, je me rappelle avoir chialé devant mon producteur ». J’ai également faillit verser une larme quand il a pris son air grave et sa voix émotionnel pour nous parler de sa mère, je me suis vite ravisé, même s’il y’a des similitudes entre son histoire et la mienne, je ne suis pas en face de mon psy.
Un nouvel album qui lui a permis de panser ses blessures, le manque d’affection à l’adolescence qui peut avoir une incidence dans la multiplication des relations amoureuses, « C’est ce que je dis dans « Noir » d’ailleurs, au fond je n’ai jamais vraiment voulu d’elle, jamais jamais je n’ai voulu qu’elle, que mon ex ne se fasse pas des films, au fond je ne l’ai voulu que par défis ». C’est une façon de te persuader que tu peux l’avoir ? Ce que tu n’as pas eu dans ton enfance ? « Ça décline sur énormément de choses », lance-t-il avant que nous ne prenions congé de lui.
Un « parfum » qui on l’espère, séduira pas mal de monde, car nous notre choix est déjà fait, on la préfère « noir ».
Plus d’infos
Retrouvez DI#SE en tournée
17/04 : Bourges (18) – Les inouïs du Printemps de Bourges
25/04 : Rennes (35) – UBU / Tournée Label Charrues
26/04 : Vannes (56) – Echonova / Tournée Label Charrues
27/04 : Saint-Brieuc (22) – La Citrouille / Tournée Label Charrues
04/05 : Brest (29) – La Carène / Tournée Label Charrues
10/05 : Vendôme (41) – Rural Peace
19/07 : Carhaix (29) – Festival Les Vieilles Charrues