Jusqu’au 27 Janvier, le Grand Palais propose une rétrospective de l’oeuvre de l’un des artistes majeurs du XIX° siècle : Henri de Toulouse-Lautrec.

Connu majoritairement comme l’un des personnages emblématiques de la folle vie parisienne, l’exposition « Toulouse-Lautrec : Résolument Moderne » propose une toute autre vision de cet artiste touche à tout de talent.

Henri de Toulouse-Lautrec

Qui était Toulouse-Lautrec ?

Henri de Toulouse-Lautrec naît en 1864 à Albi et meurt en 1901 à seulement 36 ans. Il est un descendant de l’une des plus vieilles familles nobles de France. C’est donc une jeunesse dorée qu’il vit tranquillement. Il passe d’ailleurs toute son enfance dans différents châteaux que ses parents ont en leur possession. Sa santé est très fragile puisqu’il souffre d’une maladie génétique qui attaque ses os et retarde considérablement sa croissance. Il ne dépassera jamais les 1 mètre 52. Cette différence ne sera jamais un frein pour lui au contraire. Il s’assume pleinement et on sait qu’il avait beaucoup de succès auprès des femmes.

Passionné de peinture, il part très vite étudier à Paris, là où tout se centralise. Il vit à Montmartre, et passe sa vie au Moulin Rouge où il rencontre les grandes personnalités de l’époque comme Louise Weber, la célèbre Goulue, ou encore Oscar Wilde.

Et bien sûr, il profite des joies que la nuit peut offrir… Toulouse-Lautrec est très connu pour avoir été un grand amoureux des femmes et pour avoir été un client très régulier des maisons closes, mais justement, l’exposition proposée par le Grand Palais donne un autre point de vue sur cela…

Photographie Toulouse-Lautrec, XIXeme

Un passionné de tous les Arts

On connait Toulouse-Lautrec principalement comme étant un peintre mais il était aussi un illustrateur de talent ! Il a créé plusieurs affiches pour le Moulin Rouge et plus tard pour des artistes comme par exemple la chanteuse Yvette Guilbert. L’homme s’intéresse à tout et particulièrement au monde de la nuit qui lui permet de rencontrer les rois et les reines de Paris de ce temps. Forcément au vue de son talent, des collaborations mais aussi des amitié se créent.

L’artiste se passionne particulièrement pour la photographie. Il adore posé ! On pourrait penser qu’il aurait préféré se faire discret mais la discrétion n’est clairement pas synonyme de Toulouse-Lautrec. Il adore se montrer face à l’objectif, se grimer, rigoler. On peut le voir déguiser en femme, porter des vêtements typiquement asiatiques lui qui est si passionné du courant Japonisme… Mais plus étonnant encore, il adore poser nu ! Ce qui montre bien à quel point il pouvait être à l’aise avec son corps à une époque où la pudeur et la bienséance sont quand même encore de rigueur. Et surtout pour un descendant de l’une des plus vieilles familles nobles françaises ! Et cela, montre aussi son sens de l’humour.

Décidément en avance sur son temps, l’artiste se pose déjà des questions sur les différences, la sexualité ou encore le genre.

Nu féminin, Toulouse-Lautrec, XIXeme

Le refus du « Beau Idéal »

A l’inverse de beaucoup d’artiste qui préférait que leur modèle soient des nymphettes, Toulouse-Lautrec lui préférait des modèles bien plus âgées. Ces femmes représentées ne sont pas sublimées et ne ressemblent pas aux Vénus de l’histoire des arts ou aux canons de beauté, elles représentent juste la réalité. C’est ce que souhaite l’artiste, montrer le vrai !

Sa maîtresse Suzanne Valandon a souvent posé pour lui mais comme vous le savez sans doute déjà, il a aussi représenté énormément de prostituées, de filles de joie, là aussi pour montrer la réalité d’une époque où la maison close, le lupanar, le bordel faisait partie intégrante de la société et surtout à Paris.

La Fleur Blanche, Toulouse-Lautrec, XIXeme

Toulouse-Lautrec et le lupanar

La première chose à laquelle on pense lorsque l’on pense à Toulouse-Lautrec, c’est la maison close. On l’imagine souvent en obsédé sexuel qui passait sa vie dans le lit des prostituées. Le Grand Palais propose une autre vision de ce point là…

En effet, Toulouse-Lautrec était un amoureux des femmes et du sexe c’est indéniable… Il aimait profiter de la vie, il était sulfureux et volontairement provocateur. Il menait sa vie comme il l’entendait et en même temps, avec tous ses problèmes liés à sa maladie, j’imagine qu’il souhaitait profiter de tous les plaisirs que la vie pouvait lui offrir. L’argent n’étant clairement pas un problème pour lui puisqu’il en avait depuis toujours, il pouvait faire ce qu’il souhaitait. Il n’avait d’ailleurs pas besoin de peindre pour vendre obligatoirement à l’inverse d’autres artistes puisqu’il était déjà riche.

Tout cela pour dire que ce que l’on voit de lui au Grand Palais, c’est un artiste dans l’analyse de ces femmes « aux mœurs légères ». Une sorte d’expertise sur le corps et la gestuelle de ces travailleuses du sexe. La plupart étaient ses amies et je pense qu’il avait énormément de respect pour elles puisqu’en plus, elles étaient ses muses. Dans les toiles exposées au Grand Palais, vous y verrez beaucoup de respect. Des toiles beaucoup moins glauques que celles que pouvaient réaliser Egon Schiele. Il  y a de plus dans ces toiles quelques choses de très intimistes, il protège l’identité de certaines femmes que l’on voit seulement de profil ou de dos.

En tout cas, ces représentations sont bien loin des fantasmes que l’on peut avoir concernant ces lieux même s’il me semble que Toulouse-Lautrec photographiait souvent des scènes super osées interdites au moins de 18 ans… Le Grand Palais a donc prit le parti de montrer une autre facette de cette homme, un peu plus sérieuse.

Cirque Fernando, Toulouse-Lautrec, XIXeme

La passion pour le cirque

Depuis toujours Toulouse-Lautrec est un passionné de cirque. Tout d’abord, il adore les chevaux. Par la suite, il se passionne par les artistes notamment les trapézistes. On peut penser que cette passion pour le cirque vient du fait que tous les jours et à tout moment, les artistes de cirque peuvent avoir un accident, ils vivent dangereusement. Leur vie tient parfois qu’à un fil. Cela fait écho à la fragilité physique de Toulouse-Lautrec.

Sa toile du Cirque Fernando exposée à Bruxelle connaîtra un franc succès et marquera sans doute le début de sa carrière internationale. On retrouve cet effet de vitesse et de mouvement très présent dans certaines œuvres de Toulouse-Lautrec.

C’est aussi sa passion du cirque qui le sortira d’une clinique ! En effet en 1899, il est interné à cause de son alcoolisme et de ses troubles mentaux. Pour prouver son bon état mental, il dessine une trentaine de dessin en rapport avec le cirque. De manière très symbolique, il décide de représenter les gradins vides, sans public… Les médecins sont tellement époustouflés qu’ils acceptent de le laisser sortir.

L’exposition sur Toulouse-Lautrec au Grand Palais propose donc une nouvelle vision sur cet artiste très connoté.

Sonia