Son amour pour Saint-Cast à qui il rend hommage dans son EP à l’univers un peu particulier, ses amours combinés à ses emmerdes… Bref nous avons refait le monde entre deux gorgées de bière, autour du premier projet planant et introspectif de Romann  

L’univers un brun vaporeux de sa musique pousse à l’introspection, Romann a sorti son premier EP « Saint-Cast » le 28 février dernier. Un hommage à cette ville des Côtes d’Amor en Bretagne où il a passé la majeure partie de ses étés plus jeune et qui lui tient tellement à cœur.

Pas totalement inconnu du public, puisque Romann a évolué au sein du groupe francilien Blue Box aux côtés de Mokado, qu’il définit comme son meilleur ami aujourd’hui. Nous l’avons rencontré pour parler de cette nouvelle aventure en solo dont il a pas mal de retours positifs, même s’il n’a pas encore de date arrêtée pour son premier concert.

Saint-Cast, mon amour

Premier EP qui parle de tes origines, de la Bretagne, des Cote d’Amor, c’était important pour toi de revenir sur cette période ?

Romann : Je parle vraiment cette ville précise de Saint-Cast dans laquelle j’ai passé beaucoup de temps quand j’étais gamin. Pendant dix ans j’y allais avec mes parents tous les étés durant deux mois. Pour moi c’est plein de souvenirs, la plage, les palmiers, les pâtisseries parce que mon oncle était pâtissier. Moi je n’ai pas eu de grands parents qui nous herbageaient, mais j’ai eu ce côté de la famille qui nous accueillait chaque été. 

Tu te fais des amis sur la plage, quand tu es gamin tu es sociable tu rencontres plein de gens. Après c’est des gens que j’ai perdu de vue, c’était une période très précise de ma vie, de 10 ans à 16 ans.  C’était hyper important, c’est le genre de choses qui construisent un album.

Là tu évolues plutôt en français alors que tu as fait tes armes en anglais 

Romann : C’était différent, j’avais envie de jouer avec les mots davantage. Le truc c’est que quand tu chantes en anglais, tu t’appuies un peu sur la musicalité de la langue et comme souvent c’est au détriment du fond. Là je voulais dire un truc qui vaut plus de sens, vu que je suis tout seul, j’ai un peu plus de place.

Tu vas continuer en français ?

Que du français, je ne vais pas partir sur un mode franc anglais. Là c’est vraiment que tu français avec des chœurs, des voix, mais que du français ?

Quand on écoute ton projet, c’est plutôt une invitation à l’introspection 

Romann : C’est lié aux instruments et aux effets sons que je mets dans tout l’EP parce qu’il y a une forme de cohésion dans la production. Le fait de s’appuyer beaucoup sur des grattes, des nappes de synthé, de pop un peu planante… C’est vraiment un projet que tu écoutes tout seul au casque chez toi ou quand tu envies de bosser, ça te permet de t’évader un peu.

Pourquoi le premier single « Rhuméo » ne se trouve pas dans l’EP ?

Romann : Je trouve que Rhuméo c’était un moyen pour moi de composer à exister, de me connecter aux réseaux sociaux, mais dans la cohérence ce n’est pas la même chose, il y a un côté un peu plus Electro pop dans Rhuméo que dans l’EP. Roméo c’est plus un récit à Souchon sur quelqu’un qui se perd. C’est un peu une histoire que je raconte, mais qui n’est pas la mienne alors que l’EP est plus personnel. Rhuméo c’est plutôt un récit à la Souchon, une histoire qui n’est pas la mienne, alors que dans l’EP c’est plus personnel. C’est pourquoi je n’ai pas voulu mélanger les deux.

Le titre de l’EP t’est venu tout suite ?

Romann : non pas tout de suite, souvent comment ça se passe ? tu composes plein de maquettes, il y en a forcément une ou deux que tu préfères, là j’en ai réduit à quatre et je trouvais que SaintCast fédérait plus de gens. Il mélangeait la famille, les amis, la Bretagne, un condensé de tout ce que tu peux trouver dans l’EP. Saint-Cast permet de poser le décor

Parmi les quatre titres il y a « Dimanche à table » qui sonne comme une dédicace à ta sœur…

Romann : Pour l’anecdote c’est un morceau que j’ai composé pour ses 30 ans à la base, j’ai trouvé qu’il y avait un truc assez fort dans ce titre, je l’ai fait écouter à plusieurs personnes et j’ai voulu pousser le morceau un peu plus loin, le produire, le revisiter un peu différemment. C’est évidemment une déclaration d’amour à ma sœur, mais pas que, c’est aussi une référence à ces moments qu’on peut passer en famille, moi c’était le dimanche, c’est le moment où tu as tes habitudes, quand ça se passe bien dans les familles.

« L’instant T » c’est plutôt une soirée arrosée entre potes ?

Romann : C’est un peu ça, c’est les moments que tu passes sans trop réfléchir à la suite, tu ressasses les mêmes blagues avec tes potes, des histoires en commun, on te raconte les conneries que tu faisais avant.

Et « En profondeur » ?

Romann : C’est un instant de plongée en eau profonde, je me suis mis à la plongée il n’y a pas longtemps et j’adore ça. Je joue dans la rythmique, il y a des battements de cœur, des sons un peu aquatiques. C’est un son qui tout de suite m’a semblé adéquat pour parler de ce genre d’émotions 

C’est un EP qui s’écoute plutôt en solitaire

Romann : Oui, ça s’écoute plutôt seul, après on peut l’écouter à deux, mais silencieusement. 

Cover “Saint-Cast” Romann

Pour faire la fête toute la nuit, ce n’est pas « Saint-Cast » qu’il faut écouter alors …

Ah non, ce n’était pas le projet. Ce n’est pas évident, mais quand tu veux dire des choses en faisant de la pop française, souvent du fait le parti pris de prendre les sons qui sont plus introspectifs, plus planant, si tu commences à partir sur des grosses rythmiques c’est moins simple.

Tu peux nous expliquer la rencontre avec Mokado qu’on suit de près sur phenixwebtv.com ?

Mokado c’est mon meilleur pote, c’était le batteur de Blue box, mon ancien groupe. Il a fait son chemin, il a sorti un EP il n’y a pas longtemps. J’ai commencé avant lui d’ailleurs, mais il s’était mis à fond après moi, il a développé certaines connaissances des sons que tu peux trouver sur Internet. Il n’a pas mal bossé là-dessus parce que son projet est électro. Ça lui a donné une forme de compétence, de culture son qu’il avait déjà, parce qu’il a un sens de l’esthétique assez poussé.

Ça s’est fait naturellement, je lui ai envoyé des sons et il m’a proposé des productions un peu différentes, on a échangé et vu qu’on est ami ça s’est facilement. Je ne dis pas que c’était rapide, mais c’était simple. Il a beaucoup apporté sur l’EP et même dans la gestion du projet. C’était lui qui gérait un peu le projet Blue box à l’époque, il a développé son projet, il avait déjà les aidées claires. Quand j’ai commencé mon projet il m’a donné beaucoup de bons conseils, on va dire que c’est apport global, mais je lui dois beaucoup.

C’est facile de partir en solo ou l’inverse ?

Romann : Dans la compo je trouve que c’est plus simple, tu n’as pas besoin de compromis, même si je ne me sentais pas contraint dans mon précédent groupe, mais tu peux avoir des envies divergentes et la tu fais ce que tu veux. Je n’ai pas encore fait beaucoup de scènes et je trouve que le seul en scène ce n’est pas du tout la même chose. Il faut l’avoir vécu, quand tu joues avec des copains sur scène c’est vraiment différent 

La configuration peut évoluer ?

Romann : Pour l’instant je ne la vois pas évoluer, peut-être sur certains morceaux avoir des guests, je pourrai très bien faire un feat avec Mokado en live. Dans un premier temps je serai solo, mais si ça devient plus important, même pour le public c’est bien d’avoir plusieurs personnes sur scènes, c’est quand même plus sympa.

Tu es plus proche de qui dans la pop française ?

Romann : Moi je viens plus de la pop anglaise avec Thomas Azier, RYX, au niveau des groupes français je ne vois pas trop. On m’a fait la remarque que je suis dans le même style que Julien Doré, c’est pas ce que j’écoute, mais je comprends qu’on associe ça à Julien Doré, mais moi je vois ça vraiment différemment. Je n’ai pas en tête un artiste de la pop française un peu dans ce style-là, mais je suis preneur.

La composition de cet EP t’a pris combien de temps ?

Romann : Celui-là ça s’est étalé sur la durée, ça a commencé il y a deux ans, même un peu plus pour certains morceaux. Ça passe hyper vite, ça dépend de l’inspiration, du temps que tu arrives à trouver. Moi je ne fais pas ça à 100% pour l’instant, quand tu rentres du boulot il faut te motiver, trouver des créneaux ou tu peux être inspiré, c’est presque une discipline que tu dois t’imposer sinon tu ne produis rien.

Partir en solo n’a pas dû être facile pour toi

Romann : Ce qui n’était pas facile c’était hein… franchement je n’ai pas trouvé de difficulté particulière. S’autoproduire demande beaucoup de contraintes, je l’ai fait chez moi, il faut prendre en compte les contrats techniques liés à ton appartement, les petits bruits sonores. Je dirai plutôt l’enregistrement, mais sinon dans la composition en elle-même c’était plutôt du plaisir.

Tu as dû t’exiler en Bretagne pour composer ?

Romann : Non moi je ne fais pas partie de ces gens. Il y a beaucoup d’artistes qui sont dans ce genre-là, notamment des artistes électro comme Molécule qui eux vont faire une semaine dans le fin fond de l’Argentine. Je pense qu’il y a le côté un peu fun de communiquer sur le fait que tu es allé en voyage et que tu as composé en voyage. Moi j’ai juste besoin de temps et c’est bien quand tu as un espace. Avec Mokado notamment souvent on se retire dans une maison de famille qu’il a à une heure de paris et là on compose le truc, je pense qu’il faut juste du temps.

Il n’y a rien de mieux qu’une semaine blanche où tu ne fais que du son, tu mets ton installation et dans la journée tu as des idées, tu vas les développer, tu avances vraiment.

Romann
Romann

C’était un choix de t’arrêter à quatre morceaux

Romann : J’en avais plus mais après il y a un choix de cohérence, beaucoup de morceaux se différenciait. Il y a aussi le budget, plus tu en as, plus tu les fais masteriser par un studio et ça coute cher forcement. L’idée c’est vraiment de proposer un truc cohérent, j’aurai pu en rajouter deux autres, même plus, mais ce n’était pas abouti. J’avais vraiment bossé sur ces 4 morceaux à la base, c’est pourquoi je les ai gardés.

Tu n’as pas pensé au financement participatif pour ton EP ?

Romann : Je ne sais pas si c’est à la mode ça

Beaucoup le font de nos jours

Romann : Pour moi c’est l’époque de Grégoire, Ma Major Compagny, mais j’ai l’impression que c’est moins en moins le cas. Vu que j’ai fait ça en autoproduction, l’idée c’était de rendre ça le plus accessible. Déjà que je n’existe nulle part, faire des interviews et avoir des chroniques pour moi c’est vraiment bien. L’idée ce n’était pas fermer ou de demander des financements, peut-être de partager sur les réseaux sociaux à la rigueur.

Tu ne fais pas juste ça pour amuser la galerie ?

Romann : Non, mais au stade de mon développement gagner ça veut dire gagner des fans, étendre mon audience parce que ce n’est pas simple, il y a tellement de petits groupes, de gens qui font de la pop. Pour l’instant je suis noyé dans un océan de pop, ce n’est pas évident de se faire une place, l’idée c’est vraiment d’enlever toutes les barrières possibles et même en les enlevant c’est déjà compliqué.

Plus d’infos

Saint-Cast, le premier EP de Romann est disponible depuis le 28 février dernier.

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