Sloń, ex finaliste de la saison 13 de la Nouvelle Star en 2017, nous a accordé un entretien fleuve autour de ses combats et annonce une surprise pour la rentrée.
Claire Merandi aka Sloń avait séduit le jury du radio crochet de la 6 il y a bientôt 3 ans, notamment avec sa reprise de « Life On Mars » de David Bowie. Une aventure qui, même si elle ne l’a pas remporté, lui a offert une tribune et un public.
En novembre dernier, c’est autour de son premier single « j’ai fermé les yeux et j’ai tout vu » qu’on la retrouvait. Le mois dernier, elle dévoilait un 2ème single « La fille aux cheveux bleus », prélude à la sortie de son premier EP « Je m’entends toujours mieux avec les gens qui n’existent pas » attendu pour l’automne.
Hypersensible et amoureuse de la nature qui le lui rend bien, Sloń nous parle de son univers, de ses combats et des projets qui lui tiennent à cœur. Sans masque, sans gant et sans langue de bois, elle s’est confiée à nous.
Hello Sloń merci de répondre à nos questions. Commençons par les présentations, puisque tu possèdes bien des visages, qui est réellement Sloń ?
Sloń : La meilleure façon de m’appréhender c’est d’écouter ma musique. C’est dans la création que je suis la plus vulnérable et que les différentes facettes de ma personnalité se révèlent. Quand je compose, écris ou interprète je me sens multiple, je suis libre. Je peux être à la fois fragile et puissante, sauvage et délicate ou encore introvertie et pourtant tournée vers le monde extérieur. Il n’y a pas meilleur vecteur de vérité que l’art, à mon sens.
On t’a découvert il y a trois ans grâce à la Nouvelle Star sur M6 où tu es arrivée jusqu’en finale. Quel souvenir gardes-tu de cette période ? Et s’il fallait recommencer tu serais prête à te relancer ou même pas en rêve ?
Sloń : J’en garde un souvenir très positif. J’y ai fait des rencontres humaines enrichissantes et y ai appris énormément de choses concernant le métier. Si je devais recommencer j’agirais de la même manière. Je ne me suis jamais trahie et je suis fière d’avoir défendue des artistes comme Bowie ou Les Pink Floyd en prime time M6. Et puis, sans cette émission je n’aurai pas fait la rencontre de ceux que j’aime appeler mes « créatures magiques » et sans qui rien n’aurait de sens aujourd’hui pour l’artiste que je suis.
Qui est cette fille aux cheveux bleus dont il est question dans ton nouveau single ? Il s’agit vraiment d’un rêve ?
Sloń : La fille aux cheveux bleus c’est le personnage que j’ai choisi pour représenter les victimes de violences conjugales, c’est un symbole. J’ai choisi une femme parce que les chiffres montrent très clairement que nous sommes les plus concernées par ce fléau, mais je n’oublie pas les hommes et les enfants qui souffrent au quotidien.
J’ai écrit cette chanson il y a six ans après avoir été marquée par une image mentale très forte qui m’est apparue et qui représentait une jeune femme aux cheveux bleus en train de peindre dans un atelier. J’étais omnisciente à la scène et je pouvais voir qu’un homme l’attendait en bas de l’immeuble. Je ressentais de la peur et je comprenais que cette femme était victime de violences dans son quotidien. J’avais très sincèrement la sensation de vivre la scène, au delà de l’imagination. C’était une expérience très particulière qui ne m’est plus jamais arrivée depuis.

Tu abordes le thème de la violence conjugale dans ce dernier, un sujet qui fait constamment l’actualité. On l’a encore vu durant le confinement ou c’était vraiment la panique pour les femmes victimes de ces violences. C’est un sujet qui te tient à cœur ?
Sloń : Aujourd’hui, je comprends que j’ai eu besoin d’écrire sur ce sujet pour des raisons plus personnelles. L’inconscient est un outil puissant qu’il ne faut pas sous-estimer et avec lequel j’aime travailler. Des femmes autour de moi souffrent, qu’elles fassent partie de mon entourage proche ou de ce monde, c’est la même chose, je me sens liée à elles de la même façon et j’ai à coeur de sensibiliser les gens à cette cause. La loi française est trop permissive et malheureusement, même lorsque les victimes demandent de l’aide, elles finissent par succomber aux coups de leur bourreau. Il faut que cela cesse !
Au même niveau que ton combat pour la protection animale ?
Sloń : Je suis incarnée sur cette planète. Il est donc de mon devoir de me battre pour que le monde dans lequel je vis sois juste. Peu importe l’injustice, qu’elle concerne la maltraitance animale, l’écologie, les violences conjugales, les inégalités sociales, le racisme etc… Je ne peux pas penser ma vie en tant que victime. Je suis un être-humain, et comme tout être-humain, j’ai un pouvoir créateur. J’ai à coeur de l’utiliser, de façon juste, et d’incarner ce que j’aimerais voir s’incarner autour de moi : l’amour et la paix.
Le clip de ton nouveau single a été réalisé entièrement en animation, c’est à la suite des mesures de confinement ou c’était prévu ainsi initialement ?
Sloń : C’était initialement prévu. L’histoire qui se cache derrière ma rencontre avec le réalisateur du clip, Andy Maistre, est d’ailleurs très belle. Je l’ai racontée sur mes différents réseaux sociaux pour les plus curieux.
Tu vis un peu dans un monde parallèle si on se fie au titre que porteras ton premier EP « je m’entends toujours mieux avec les gens qui n’existent pas », un petit éclairage ?
Sloń : Ma musique est un endroit où les gens qui se sentent inadaptés peuvent se retrouver et exister librement. Et cet endroit n’est nul part ailleurs qu’en eux. Ce n’est pas un monde parallèle dans lequel j’évolue, mais en moi. Ma musique n’est qu’un vecteur à ce retour à soi. Hypersensibles, surdoués, mal aimés, bizarres, originaux, introvertis, mal adaptés, toutes ces personnes, dont je fais partie, peuvent ressentir un rejet de la part de la société. La narration qu’on nous propose est bien trop linéaire en comparaison de la complexité qui nous régit. Et quand je dis ça, je pense à tous les êtres-humains. Je crois qu’il est important, aujourd’hui, de se reconnecter à son pouvoir et c’est ce que je cherche à déclencher chez les gens quand ils écoutent ma musique.
A quoi faut-il donc s’attendre l’automne prochain ?
Sloń : Ne vous attendez à rien, laissez vous simplement surprendre.
On a aussi remarqué que tu adorais les titres à rallonge. Tu n’arrives pas à trouver plus court ?
Sloń : Non, et je n’en ai pas envie.
Qu’est-ce que tu vois quand tu fermes les yeux ?
Sloń : Là tout de suite, un muffin aux myrtilles, j’ai faim.
Comment as-tu vécu le confinement et quels sont tes projets pour la rentrée ?
Sloń : J’ai la chance d’habiter aux pieds d’une forêt dans un village d’à peine 2000 habitants. J’ai passé mon temps à enlacer des arbres et à marcher pieds nus (je vous invite à essayer avant de sourire ahah). J’ai aussi fait beaucoup de musique, et parfois, juste rien et c’était ok. Je suis devenue encore plus sauvage que je l’étais déjà.
Mon équipe et moi vous préparons une énorme surprise pour la rentrée. Je ne peux pas en dire plus mais j’ai déjà hâte de le vivre avec mon public.