Diplômée de l’école des Beaux-Arts, l’artiste parisienne Carole Pelé associe à sa démarche une expérience plastique que l’on retrouve dans son « Premier EP », dont la trap se veut universelle. Rencontre.
Retenez bien son nom Carole Pelé. La jeune parisienne dévoile ce 26 mars son Premier EP six titres dans lequel elle nous fait part de ses doutes, ses colères et ses espoirs. Entre chanson française et rap, cette diplômée des Beaux Arts de Paris associe à sa démarche musicale, une expérience plastique que l’on retrouve dans ses clips et session live où elle se met en scène.
48h avant la sortie de ce premier projet, elle a offert au public une session live de son titre « Nuit blanche », tournée à l’EMB Sannois. Aujourd’hui, l’ancienne journaliste reporter d’images passe de l’autre côté du tableau et répond à nos questions autour de ce Premier EP. Rencontre !

On t’a découverte à travers ton premier titre « Rana Plaza » en 2018, mais qui est vraiment Carole Pelé ?
Aaah, question pas évidente ! Je dirais une jeune femme sensible au parcours atypique. Ancienne Journaliste Reporter d’Images, j’ai voulu réaliser mon rêve coûte que coûte et partager ma sensibilité et mon histoire en devenant une artiste.
À la ville, je dirais que suis plutôt rigolote et habillée legging. J’aime par-dessus tout m’entourer de gens en qui j’ai confiance et avec qui je partage la même vision artistique pour créer. Je crois que ma posture d’artiste met en valeur certains traits de mon caractère : mon côté combattive, forte mais aussi sensible et emphatique. Sur scène par exemple, je me sens portée par une énergie très particulière. Les costumes, la lumière, la mise en scène et la présence du public me permettent de me mettre à nue. Je trouve ça aussi agréable et très beau de me produire dans un univers auquel j’ai réfléchi car pour moi une chanson, ce n’est pas juste un texte et une musique.
Comment s’est déroulée la composition de ce premier EP six titres ?
Pour les instrumentations, j’ai voulu une identité trap. J’ai principalement travaillé avec Draco dans Ta Face (Dinos, Le Juiice, Kalash Criminel…) et également avec Jonathan Granjon, qui m’accompagne sur scène. Je leur ai envoyé mes textes et mes références musicales et ils m’ont renvoyé des propositions que nous avons affinées ensemble.
C’était avant ou pendant le confinement ?
La composition avant et le travail sur les clips avant et pendant !
Ton univers se situe entre hip-hop, chanson française et arts visuels, comment tu arrives à mettre tout cela dans le même panier ?
Je crée en restant le plus sincère avec qui je suis et petit à petit je me suis entourée de personnes avec qui j’avais des fortes affinités artistiques. Je trouve ça très stimulant justement de pouvoir faire un projet qui réunit tout ça à la fois.
Il t’est déjà arrivé de n’avoir R à raconter face à une feuille blanche ?
Ah oui, c’est d’ailleurs de ce moment dont témoigne ma chanson. C’est une sensation très douloureuse d’impuissance. J’avais une partie de la chanson mais pas de refrain, et j’ai passé un coup de fil à une amie. Je lui ai dit que j’étais au bout du rouleau, que je n’arrivais plus à écrire et surtout, que n’avais pas de refrain. Elle m’a dit alors écris-le. Alors j’ai écrit « j’ai pasd’refrain, j’ai rien, rien à raconter. »
Pour le titre « Every Day » qui oscille entre français et anglais, tu as convié la chanteuse Rae à croiser le fer avec toi, c’est d’ailleurs le seul feat de l’EP. Comment est née cette collaboration ?
J’ai écrit le texte d’« Every Day » et l’ai interprété dans un premier temps en français et en anglais. J’étais prête à l’envoyer au mixage et puis j’ai eu un doute par rapport à mon accent en anglais qui était… très français. À mon sens, cela faisait presque obstacle à la compréhension du texte, du coup j’ai voulu entendre la chanson chantée par une anglophone. J’ai contacté mon ami beatmaker Pehoz, qui m’a mis en contact avec Rae. J’ai tout de suite aimé sa voix et je lui ai proposé d’interpréter les parties en anglais. Le contact a été très fluide, évident entre nous : cela a donné « Every Day » tel que vous l’entendez.
« Biget » a apparemment été écrite pour une personne très spéciale pour toi. Ça reste du domaine du secret ou tu peux en parler ?
Cette chanson raconte l’histoire de ma naissance, qui a été un peu chaotique et je l’ai dédiée à ma mère. Ma mère intervient dans la chanson à travers des enregistrements d’une discussion entre nous que j’ai prise à son insu, avec mon téléphone portable. On est en train de préparer le tournage du clip et je ne vous dis rien de plus mais ça promet d’être fort en émotion.

N’as-tu pas peur de te tromper en sortant ton EP durant cette période compliquée, sans pouvoir être certaine de le défendre sur scène ?
Franchement non, du tout. Je suis sereine j’aurais – on aura tous donné avec mon équipe – le meilleur de nous-même pour ce Premier EP. J’en suis très fière et j’ai beaucoup d’autres choses en construction pour la suite donc je reste focus. Et pour le live, j’ai voulu capter certains de mes titres à l’EMB Sannois pour la sortie. C’était pour moi une manière de montrer au public ce que je savais déjà faire en attendant la réouverture des salles. Je crois qu’on aura vraiment fait au mieux.
Quelles sont les idées noires qui t’empêchent de progresser aujourd’hui ?
Parfois il m’arrive encore de me comparer aux autres et ça peut me plomber. J’ai l’impression que la réussite artistique ne se joue pas toujours sur l’authenticité ou sur la profondeur du sujet mais sur la manière de communiquer. Mais bon, chacun sa route, je n’échangerais ma place contre celle de personne.
Pour une « Nuit blanche » en ta compagnie, que faut-il prévoir ?
Des chips et de la bière blonde.
En quoi ton diplôme des Beaux-Arts contribue à ta démarche artistique ?
J’ai l’habitude de dire que je pense plus mon travail comme une plasticienne que comme une musicienne. De l’art plastique, j’ai retenu l’importance de la cohérence du fond et de la forme, et la possibilité de décliner une pratique en passant d’un medium à un autre. L’importance du processus aussi, pour justifier ma démarche artistique.
Quels sont tes projets à venir après la sortie de ce premier EP ?
L’année 2021 est blindée blindée. Après la sortie du premier EP, je vais bosser à fond la structuration d’un nouveau set live. Comme j’ai la chance d’être accompagnée par deux supers salles, l’EMB Sannois et Le Plan, ça va être très cool. J’ai déjà bien avancé sur le deuxième EP aussi. Tous les textes et les bases de composition sont là. À affiner dans les prochains mois mais a priori ça part bien, hâte de vous dévoiler la suite.
Découvrez la session live de Nuit Blanche
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Premier EP, de Carole Pelé est disponible sur toutes les plateformes.