Ulysse est le nouvel EP très personnel de Thomas Monica construit autour l’odyssée d’Homère qu’il a relu durant le confinement. Il s’est fait un plaisir de nous donner quelques détails sur son élaboration. Rencontre
Deux ans après la sortie de son premier album Le Paradoxe de l’Utah, l’artiste bisontin Thomas Monica revient avec un nouvel EP orchestré autour de l’Odyssée d’Homère qu’il a relu pendant le confinement et qu’il a intitulé Ulysse. « C’est le prolongement en plus fouillé et en plus aboutit de ce que je faisais… » nous confie Thomas quelques minutes après son arrivée chez Ephelide, pour une journée marathon de promo.
Thomas Monica est artiste à plusieurs casquettes : producteur, chanteur et auteur compositeur. Sa nouvelle fresque musicale qui a été en partie réalisée durant le confinement, oscille entre pop, rap, guitares rock et musique du monde. « J’ai composé pendant le confinement, comme tous les musiciens je voulais faire quelque chose sur la naissance. Pour moi un disque c’est un instantané sur le monde d’en face… ».

Un projet très personnel réalisé en collaboration avec son ami Ian Caple et qui traite aussi de l’effondrement de notre société. A l’image de « l’effondrement », le dernier titre de ce nouveau projet écrit tel un visionnaire avant le premier confinement et qui s’inscrivait à merveille dans cette période. « A la base c’est une chanson sur l’Amazonie, je me suis dit que tout part en couilles… c’est pas des chansons très optimistes, mais ça reflètent le moment présent. J’ai besoin d’écrire des textes qui soient conscients. »
Une période très étrange durant laquelle il a composé ce mini album dans lequel il parle de la naissance de son fils (Ulysse), d’un enfant non désiré (Moly), d’un amour confiné (Calypso), de l’effondrement de notre société (l’effondrement), de liberté primitive (Primitif)…Bref, un amalgame entre l’Odyssée d’Homère et ce que nous vivions au moment du confinement.
M, le déclencheur
Si le guitariste a commencé la musique à l’âge de huit ans en répétant avec ses copains dans les caves de leurs parents, sa carrière prend une véritable tournure lorsqu’il se retrouve sous le feu des projecteurs grâce à Mathieu Chedid avec qui il partage le titre « Ma mélodie » en duo sur son album live Ils. « En 2013, J’ai eu la chance de me faire repérer par Mathieu Chedid… Après les zéniths de France, J’ai eu la chance de faire un duo avec lui sur son album live à la fin de la tournée. Ça été une première grosse exposition médiatique ».
Une rencontre qui déclenche chez lui l’envie d’enregistrer ses propres chansons et de prendre enfin son envol. Ce qu’il fera en publiant son premier album en 2019 produit par Ian Caple. Un projet qui lui permettra d’être invité en première partie du concert de Vanessa Paradis à Grenoble cette année-là et de sortir son nouvel EP. Mais Thomas aimerait aujourd’hui qu’on s’arrête sur son travail, plutôt que de le ramener à chaque fois à cette collaboration, « C’est pas évident quand tu as fait un album avec un artiste hyper connu et que tout le temps on te ramène à lui oubliant de parler de ton propre travail. ça peut être très frustrant parfois ».
Autobiographique & introspectif
Une parenthèse qu’on préfère refermer pour nous focaliser sur cet Ulysse qui déborde de merveille. « Moly » qui parle de la souffrance d’un enfant non désiré est une chanson très introspective qui revient sur l’histoire de sa vie qui n’a pas toujours été ultra joyeuse. Mais est-ce le rôle d’un artiste de parler de ses blessures les plus profondes dans une chanson ? « Pour moi le rôle d’un artisan de la musique c’est d’écrire les chansons sur notre ressenti, sur ce qu’on a vécu. J’ai essayé de l’écrire de manière plus poétique possible, je ne voulais pas que ce soit frontal, mais plutôt qu’il y ait un rapport avec l’univers l’Odyssée d’Homère. Moly c’est l’antidote qui est donné à Ulysse pour pas être transformé en monstre. C’est un peu un antidote contre la morosité, contre les choses qu’on n’a pas faites dans la vie. »
C’est aussi l’un des titres les plus sombres de l’opus, envoyé en éclaireur au mois d’avril dernier et porté par un clip tourné dans une maison des années 70 pour coller à l’esprit du Moly, « Je ne voulais pas faire un clip imagé, je voulais une espèce de huit clos, une pièce un peu étouffante avec de la fumée, et le noir et blanc c’était pour souligner le côté réel des choses ».

Alors la musique est-il un refuge thérapeutique face aux épreuves de la vie ? « Si je fais de la musique c’est une sorte de thérapie… Par exemple sur le premier album j’ai écrit aussi sur mon grand-père qui m’a élevé, qui était algérien, qui vient d’Afrique, il a été comme un père pour moi, car je n’ai pas connu mon père biologique.. Pour moi c’est des manières aussi, pas de remercier, mais de faire des hommages et si ça peut toucher c’est tant mieux, c’est le but d’une chanson, ça touche personnellement, mais ça peut être universel. »
Thomas joue de tous les instruments à l’exception du violoncelle pour lequel il a fait appel à Anais Bodart. Sa musique mêle pop, rap, guitares rock et musique du monde, écho aux origines kabyle et italienne du chanteur. « Je suis guitariste, mais j’essaie de m’éloigner de ça. Sur scène je suis accompagné d’une violoncelliste et en batteur j’espère avoir celui qui a fait M et Vanessa Paradis… »
Actuellement en pleine préparation de son 2ème album, Thomas espère très vite retrouver l’adrénaline que procure les scènes de concerts et surtout chanter devant un public sans se soucier des mesures de distanciation. En attendant, il continu d’aider d’autres artistes sur leurs projets « Je continue à travailler pour d’autres, mais je ne peux pas trop en parler. J’aime composer pour les autres et composer pour moi-même, parce que sinon je trouve que c’est trop égocentrique. C’est bien de travailler avec d’autres personnes, ça donne d’autres perspectives... »
Plus d’infos
Ulysse, le nouvel EP de Thomas Monica est disponible sur toutes les plateformes.