Du 25 au 27 juin dernier, s’est tenue la 4ème édition du festival La Magnifique Society à Reims. Un rendez-vous pas comme les autres marqué par le contexte sanitaire. On refait le film

C’est l’un des tout premiers festivals à accueillir le public après la pandémie. A quelques jours de la levée des mesures de restrictions dans le monde du spectacle, La Magnifique Society a dû se plier à des règles strictes pour pouvoir organiser des concerts en plein air « On souhaitait faire cette édition quoiqu’il arrive » nous dira plus tard en conférence de presse, le directeur du festival Cédric Cheminaud. Contrairement au Printemps de Bourges qui rassemblait moins de 1000 spectateurs par jour, La Magnifique Society espère trois fois plus, d’où l’obligation pour chaque personne de présenter un Pass sanitaire.

Bienvenue à la 4ème édition de La Magnifique Society
Bienvenue à la 4ème édition de La Magnifique Society

Une zone test est également installée à l’entrée du festival pour parer à toute urgence. Le parcours a été fléché pour permettre une meilleure circulation du public et les bénévoles veillent au grain afin que tout se passe pour le mieux possible. Les repas et boissons se commandent en ligne, via un QR code et le port du masque est obligatoire dans l’enceinte du parc, excepté à table pour manger ou boire. Des règles qui voleront vite en éclats, face à la volonté des festivaliers de faire la fête aux lendemains des examens.

Deux scènes pour un seul show

Si le nombre de scènes a été réduit, passant de trois à deux, avec une volonté affichée d’avoir une 2ème scène, le spectacle lui n’en sera pas des moindres ce samedi. Sur la scène Central Parc, l’ovni Sébastien Tellier campe dans un costume bleu et rouge à paillettes devant une assemblée attablée, qui lève de temps en temps la tête, au rythme des excentricités de l’artiste ou au son de ses tubes.

Le groupe Last train sur la scène Globe Trotter de La Magnifique Society le 26 juin 2021.
Le groupe Last train sur la scène Globe Trotter de La Magnifique Society le 26 juin 2021.

De l’autre côté du parc, un Serpent se déploie sur la scène Globe Trotter, avant de céder sa place au tonitruant quatuor rock Last Train formé par Jean-Noël Scherrer, Julien Peultier, Timothée Gerard et Antoine Baschung, qui feront cingler les riffs avec une rage qui les caractérise en fin de prestation.

Philippe Katerine, la pelouse ou le gravier ?

De retour sur la grande scène on va assister à un moment qui marquera sans doute cette édition de La Magnifique Society: Philippe Katerine et l’histoire du gravier. Pour la petite histoire, afin de respecter le protocole sanitaire, le public n’avait pas le droit de se rapprocher de la zone des barrières qui protègent la scène, délimitées par du gravier, il devait rester sur la pelouse. Après avoir joué un bon moment avec le public en coupant et remettant le son sur « Louxor j’adore », provoquant la rage de ce dernier, l’interprète de « La banane » les invite à se rapprocher. Devant l’hésitation générale, il lancera « quoi ? Vous n’avez pas le droit ? Vous préférez la pelouse ou le gravier ? ».

Philippe Katerine sur la Grande scène de La Magnifique Society le 26 juin 2021.
Philippe Katerine sur la Grande scène de La Magnifique Society le 26 juin 2021.

Tout au long de sa prestation sur cette scène décorée de gros narines et deux doigts, et entouré de ses musiciens, il ne cessera de provoquer le public bon enfant massé devant la scène « la pelouse ou le gravier ? ». Nous, on préfère rester sur la pelouse pour mieux apprécier cet instant un brin décalé.

Soso Maness et Vladimir Cauchemar unis sur Petrouchka

Le public était chaud bouillant devant le rappeur marseillais Soso Maness, qui défendait son dernier album Avec Le Temps. On se croirait presque dans l’ancien monde, tant la foule massée devant la scène donne l’impression d’avoir doublée d’ampleur. A la fin de la soirée sur la même scène, Vladimir Cauchemar prendra le relais devant une foule nombreuse loin de respecter le protocole sanitaire en place.

Vladimir Cauchemar sur la Grande scène de La Magnifique Society le 26 juin 2021.
Vladimir Cauchemar sur la Grande scène de La Magnifique Society le 26 juin 2021.

A peine avait-il touché ses platines que les fans se lançaient déjà dans des pogos endiablés. Il croisera le fer avec Soso Maness sur Petrouchka, le tube de ce dernier en feat avec PLK. Le public qui connaît les parole par cœur, ne se fait pas prier pour rentrer dans l’ambiance et faire sauter les derniers verrous de résistance. Une fin en apothéose qui n’aura pas d’incidence sur la dernière journée.

Un dimanche en famille

Le dimanche comme la plupart des années se veut une journée familiale, la programmation du jour s’y prête bien. Les brésiliens Seu Jorge & Rogê sont sur scène et régalent le public avec leurs chansons estivales entraînantes, qui feront au passage quelques victimes.

Samedi 26 juin, devant la Grande scène de La Magnifique Society.
Le public debout ou assis devant la Grande scène de La Magnifique Society.

Un tour à la Petite Society où les bénévoles s’affairent pour confectionner des couronnes de fleurs pour les festivaliers ou les recouvrir le visage de paillettes.

Autre scène, autre ambiance, celle du Globe Trotter où Victor Solf, l’ex moitié du duo Her qu’il formait avec son regretté ami Simon Carpentier, défend son premier album solo Still. There’s Hope. Un projet électro pop solaire, enregistré entre les deux confinements et porté par un piano soul envoûtant qui fera le bonheur des festivaliers.

La jeune Crystal Murray prendra la suite pour le dernier concert de la petite scène du premier festival dont elle est à l’affiche cet été et quelle énergie sur scène. Du haut de ses dix-neuf ans, dotée d’une voix chaude à vous hérisser le poil, elle nous servira des chansons issues de son répertoire et qui parlent d’amour. A l’image de son premier single « After ten », qui a précédé la sortie de son premier EP I Was Wrong. Ayant grandi dans un environnement très musical avec un père afro-américain saxophoniste et une mère franco-espagnole dirigeante d’une boîte de production, c’est naturellement que « la gentille fille qui a mal tourné », nous entraînera dans son univers teinté de soul.

Moment de grâce avec la Queen Yseult

La révélation féminine des Victoires de la musique 2021 est devant nous. Ce n’est pas « un apéro avec Yseult », mais un début de soirée apaisant, tout en douceur et sans alcool. Armée de ses deux EP Noir et Brut, celle que certains médias décrivent comme une diva hautaine et colérique, n’est pas celle qui se trouve en face de nous ce soir. Douce et simple, elle laissera sa voix faire le reste, sans avoir besoin de se forcer, car elle n’a plus « rien à prouver ». La configuration est moins épurée que lors de son concert à Bourges jeudi dernier où elle était uniquement accompagnée du pianiste Nino Vela. Aujourd’hui, c’est accompagnée de quatre musiciens, qu’elle nous embarque dans son univers. Un univers fait d’histoires de coeur qu’elle nous servira d’entrée de jeu dans une sensualité qui la caractérise avec « Bad boy », extrait de son EP Brut.

C’est à capella qu’elle nous offre son « Corps » en fin de concert, cette ode à l’amour que l’on doit se porter à soi-même. De sa voix chaude et puissante, elle a envoûté le public de façon magistrale.Sa tournée nationale est un véritable succès, il ne reste plus qu’à espérer la réouverture prochaine des frontières afin qu’elle puisse aller à la rencontre de son public outre-Atlantique. La nouvelle ambassadrice de L’Oréal Paris à l’international, compte bien mettre à profit ce rôle de représentation pour porter haut et fort son message de paix, d’amour, d’inclusivité et d’acceptations soi.

Le Clap de fin signé Catherine Ringer

C’est à Catherine Ringer, très en forme ce soir, que revient l’honneur de conclure cette édition de la plus belle des manières. Entourée de ses musiciens parmi lesquels son fils Raoul Chichin, la complice de Fred Chichin décédé il y a 14 ans, a repris les plus grands succès des Rita Mitsouko, et d’autres moins connus, devant un public familial acquis à sa cause. Elle a démontré que lien qui existait entre eux n’était pas rompu.

Catherine Ringer sur la Grande scène de La Magnifique Society le 27 juin 2021.
Catherine Ringer sur la Grande scène de La Magnifique Society le 27 juin 2021.

Si les « Histoires d’A » finissent mal en général, avec Catherine, c’est une toute autre histoire qui s’est écrite ce soir. Non seulement elle rafle la mise à l’applaudimètre, mais le public a du mal à lui dire adieu après ce moment de grande communion. L’invitée de marque reviendra seule pour une dernière parenthèse, la dernière des dernières.

L’objectif de cette édition Extra Life de La Magnifique Society nous confiait le directeur du festival en conférence de presse était de garder « l’esprit de fête » malgré les règles imposées, « ce que veux le public, c’est des espaces de liberté ». Objectif atteint pour le festival, qui a placé l’humain au centre de l’événement, tout en s’adaptant au contexte sanitaire. Rendez-vous est donné pour une 5ème édition l’année prochaine, où on l’espère, les règles sanitaires ne seront plus qu’un lointain souvenir.