Débuté mercredi 7 juillet avec le chorus des enfants à la Seine Musicale, la 33ème édition du Festival Chorus des Hauts de Seine a battu son plein les 9, 10 et 11 juillet avec à l’affiche Philippe Katerine, Gaël Faye, Maes ou encore PLK
L’affiche de l’édition 2020 du Festival Chorus des Hauts-de-Seine était belle avec notamment la carte blanche à Booba, le Duc de Boulogne originaire du département. Mais la crise sanitaire est venue jouer les troubles fêtes avec pour conséquence l’annulation de cette dernière. Depuis, le festival indoor a du s’adapter aux règles sanitaires afin d’éviter une nouvelle annulation, allant jusqu’à reporter au mois de juillet son édition de 2021 initialement prévue au mois d’avril.
Débuté mercredi par le Chorus des enfants, les spectacles se sont enchaînés à partir de vendredi jusqu’à dimanche, avec des têtes d’affiche comme Benjamin Biolay, Philippe Katerine ou encore les rappeurs PLk et Maes. Pour pouvoir profiter de la programmation de choix de cette édition, un Pass sanitaire était exigé pour chaque festivalier, ainsi que le port du masque dans l’enceinte des 40.000 m2 de La Seine Musicale. L’obligation d’être assis étant levée depuis le 30 juin dernier, le public a pu à nouveau profiter des concerts debout.
Vendredi, on démarre timidement
À notre arrivée sur l’île Seguin, nous tombons sur le concert de Lombre sur le Parvis de la Seine Musicale. En provenance de son Rodez Natal, c’est a lui que revient l’honneur de lancer ce week-end de concerts devant un public clairsemé, qui semble correspondre à son titre « Quand la ville dormais encore ». Mais il se donnera à fond pour amener le public chercher La Lumière du soir, à l’image de son 2ème EP dont il est en parti question aujourd’hui.
Lombre,Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Lombre,Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Le rappeur et écrivain Gaël Faye est le premier à prendre possession de la Grande scène ce soir pour défendre son nouvel album Lundi Méchant, accompagné de Guillaume Poncelet au piano, Louxor aux machines et Samuel Kamanzi à la guitare et au chant. L’auteur de « Petit pays » va reenchanter son public qui « Respire » enfin après une année compliquée, avant de s’élever contre les extrêmes avec un poème de Christiane Taubira qu’il a mis en musique « Vous finirez seuls et vaincus car invincible est notre ardeur » et de déterminer par une communion avec le public au milieu de la fosse.
Gael Faye,Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Gael Faye,Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Un détour vers l’auditorium où derrière son piano, la franco-vénézuélienne La Chica envoûte un public studieux avec son mélange d’électro latino. Tandis que sur la scène Rodin dressée en plein air sur la terrasse arrière du bâtiment, le DJ et producteur Molécule, derrière ses platines, donne le frisson au public amassé en cercle autour de lui.
La Chica, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 La Chica, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
De l’autre côté de la Grande Scène, c’est l’une des têtes d’affiche de cette soirée qui titille le public avec ses vannes. Il s’agit du tonitruant Philippe Katerine qui régale tout le monde avec son succès populaire « Louxor j’adore » extrait de l’album Robots après tout, et son gimmick entêtant « Et je coupe le son … et je remets le son ».
Il cédera sa place un peu plus tard à l’auteur du tube planétaire « Fade Out Lines », le Dj Français Tristan Casara aka The Avener, qui fera danser les plus courageux jusqu’à 1h du matin avec son show son et lumière.
The Avener, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 The Avener, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Samedi, les jeunes sont dans la place
Il y a beaucoup plus de monde pour cette 2ème journée du festival, malgré la petite averse qui menace. Les amateurs de rap étaient de sortie ce samedi grâce à la programmation qui leur donnait le choix entre Maes, Leto, Lefa ou encore PLK. Ça grouille de jeunes dans les allées et on à l’impression de revivre les vieux souvenirs d’avant la pandémie.

Entre révélations et confirmations
Sur la scène du parvis, Pongo, la reine du Kuduru, n’aura pas beaucoup de mal à retourner le public. Son énergie communicative couplée à ses déhanchements rythmés ne laissent personne indiffèrent. Elle opère un savant mélange d’influences africaines et européennes qui donne naissance à une pop entraînante et dansante dont on peut difficilement résister. D’ailleurs, elle ne tardera pas à descendre de scène pour rejoindre le public et l’entraîner dans une danse bien endiablée.
Pongo, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Pongo, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Un peu plus tard sur cette même scène, c’est le producteur français d’origine camerounaise James BkS et ses musiciens qui se chargeront réchauffer un public un peu refroidi par la météo. Celui qui a passé son enfance entre la France et les États-Unis, en produisant les plus grands du rap, a décidé en 2019 de mettre en avant ses propres morceaux qui mêlent sonorités hip-hop et musiques traditionnelles africaines pour offrir un univers tradi urbain. Il donnera d’ailleurs au public un aperçu de son premier album Wolves of Africa qui sortira à la rentrée avec son titre estival « Kusema ».
James BKS, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 James BKS, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Saturday Night Fever
Si les jeunes ont pris d’assaut La Seine Musicale cet après-midi, c’est sans doute à cause de la programmation du jour qui fait la part belle au rap français. Dans l’auditorium, c’est le rappeur d’origine congolaise Abd Al Malik, passé maître dans l’art des allitérations, qui propose un spectacle chorégraphié, basé sur son dernier album Le Jeune Noir à l’épée.
Abd Al Malik, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Abd Al Malik, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
La grande scène de son côté accueille Maes, le rappeur originaire de Sevran est venu présenter son nouvel album Les Derniers Salopards devant des amoureux du rapgame qui ne tiennent plus en place. Son tube « Madrina » en featuring avec Booba qui n’est pas présent pour l’occasion, ne tarde pas à enflammer la fosse où les jeunes se lancent dans des pogos redoutables et redoutés.
La situation ne s’améliorera pas avec le rappeur PLK, qui accompagné de son baker, vont retourner le public en une fraction de seconde. C’est la folie dans la fosse, personne ne peut retenir les jeunes qui se lancent dans des pogos géants à chaque titre du rappeur. Le marseillais Soso Maness n’est pas présent ce soir, mais cela n’empêche pas PLK de reprendre leur succès du moment « Petrouchka », certifié récemment disque d’or.
Dimanche, c’est la famille d’abord
Le Dimanche est toujours une journée à part dans les festivals et se veut plus familial avec une programmation du jour qui s’y prête. Le public ultra jeune de la veille a laissé place à une population plus éclectique.
Un dernier tour de piste
Ana Benabdelkarim aka Silly Boy Blue, la nouvelle sensation de la scene pop est la première a donner de la voix sur la scène du parvis. L’artiste queer nous servira les titres de son premier album Breakup Songs, dans lequel elle revisite ses déceptions amoureuses passées, avant de filer pour le festival Terre du Son où elle était attendue le même soir.
Silly Boy Blue, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Silly Boy Blue, Festival Chorus 2021. (c): St_xsl1
A peine la prestation de Silly Boy Blue achevée, qu’il faut filer vers la grande scène où P.R2B, qui ne « veut plus vivre à Paris », a démarré son concert vêtu d’un ensemble jeans jaune. C’est son premier festival de ce mois de juillet, après sa série de concerts à La Boule Noire le mois dernier. Naviguant entre cinéma et la musique et dotée d’une énergie brute, entraînera le public dans un univers mélancolique. On en sort « des rêves » plein la tête et l’envie de réécouter son premier EP qui s’intitule justement Des Rêves.
Retour sur la scène du parvis où les deux frères Raphaël et Théo Herrerias qui forment le duo Terrenoire, s’apprêtent à monter sur scène devant un public clairsemé. Le cadre ne se prêtait peut-être pas à leur univers qui résonne mieux dans un théâtre comme lors de leur concert au Printemps de Bourges, mais ils ont transporté le public avec leur prestation hypnotique.
Terrenoire, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Terrenoire, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Entre pop et musique du monde
Et que dire de Suzane ? Révélation scène lors des Victoires de la Musique en 2020 et nommée dans la catégorie Artiste Féminine cette année, elle revient sur une scène qu’elle a déjà foulé à plusieurs reprises. Elle offrira du « Rêve » au public avec sa pop ensoleillée, en jonglant dans une parfaite maîtrise entre son clavier et le micro. Seule sur la grande scène, elle en fera son terrain de jeu, portée par des supporters heureux de se retrouver dans « Le monde d’après ».

Le public est également présent en masse dans l’auditorium où la Malienne Fatoumata Diawara a pris possession des lieux armée de sa guitare et de son sourire contagieux, pour délivrer sa poésie engagée. L’auteure compositrice et interprète, mais également comédienne appréciée des plus grands, nous entraînera dans son univers fait de mélanges de styles africains, porté par une voix transperçante qui fend l’assemblée.
Fatoumata Diarawa, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Fatoumata Diarawa, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Côté découverte, Emmanuel Trouvé aka UssaR nous a fait forte impression sur la petite scène où il est venu présenter la réédition de son EP Étendues, avec sa voix grave et envoûtante, sur des paroles sombres. Seul face à son clavier, ce pianiste qui vient du jazz se retrouve enfin sur le devant de la scène, après avoir été longtemps dans l’ombre des artistes tels que Youssoupha ou Kerry James.
UssaR, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 UssaR, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Le circuit final
On ne présente plus Benjamin Biolay. C’est l’un des piliers de la chanson française qui est sur la grande scène, dans cette même salle où il a été récompensé en début d’année aux Victoires de la Musique pour son 9ème album Grand Prix. L’artiste masculin de l’année revisite ses derniers tubes repris en coeur par le public jusque dans les gradins. Il arpente la scène tel un crooner avec sa poésie rock devant des spectateurs plus disciplinés que la veille et qu’il semble envoûter lorsqu’il demande à chacun d’entre eux « Comment est ta peine ? ».
Benjamin Biolay, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Benjamin Biolay, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
C’est sur le parvis de la Seine Musicale, juste avant notre départ, qu’on assiste à notre dernier concert de cette édition, celui de Victor Solf. L’ex moitié du duo Her qu’il formait avec son pote de regrettée mémoire Simon Carpentier, n’est pas en terrain inconnu, puisqu’il était déjà à l’affiche de l’édition 2018. Mais cette fois-ci, il s’agit de défendre son premier album en solo Still. There’s Hope, enregistré entre les deux confinements et qui parle d’espoir. Un espoir que le chanteur et pianiste ne cessera d’appeler de ses vœux lors de sa prestation très mélancolique entre soul et gospel, devant un public ravi. Il nous offrira un moment de grâce en nous prenant par les sentiments avec son interprétation majestueuse de « Traffic Lights », accompagné de ses quatre musiciens.
Victor Solf, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1 Victor Solf, Festival Chorus 2021. (c) : St_xsl1
Rendez-vous en 2022
C’était beau de voir à nouveau le public debout vibrer au rythme des concerts qui ont raisonné tout au long du week-end entre les murs de la Seine Musicale. Le Festival Chorus des Hauts-de-Seine a su se renouveler face aux restrictions sanitaires et est resté fidèle à ses valeurs en offrant une programmation éclectique qui a satisfait tous les publics, avec la promesse de revenir plus fort l’année prochaine lorsque, on l’espère, la pandémie ne sera plus qu’un lointain souvenir.