Cinq ans après son premier album double disque de platine Il suffit d’y croire, Hoshi annonce son retour avec « Mauvais Rêve », l’introduction de son 3ème album qui raconte son parcours de ses débuts à nos jours.

Il est minuit, et je mets mon épisode de Minx sur pause pour écouter la nouvelle chanson d’Hoshi, sortie à l’instant. Intitulé « Mauvais Rêve », le morceau retrace la vie de la chanteuse de sa petite enfance au moment présent et nous transporte d’une émotion à une autre avec un texte auquel la plupart pourront s’identifier, ne serait-ce qu’un peu. Dès les premières notes, la mélancolie s’empare de nous avant qu’elle ne soit rattrapée par la tendresse de la voix de son interprète-compositrice—qui saura nous attraper aux tripes tout au long de ces quatre minutes.

Débutant par sa venue au monde et la fébrilité d’un nouveau-né prématuré, la chanson nous entraîne sur les traces d’une artiste à la sincérité déboussolante. Elle aborde avec brio le harcèlement scolaire et le mal-être qui peut si souvent accompagner les enfants et adolescents, surtout lorsqu’ils sont considérés “différents”—de par leur orientation sexuelle comme leur genre, leur couleur de peau ou encore leur handicap. Les paroles “Suis-je garçon ou fille, Pourquoi personne ne me comprend ?” deviendront, je n’en doute pas, comme un cri de guerre pour les personnes non-binaires, tout comme « Amour Censure » le fût pour gays et lesbiennes lors de sa sortie, ou encore Fais-Moi Signe pour les personnes souffrant de la maladie de Ménière et autres handicaps.

L’ascenseur présent dans le clip—utilisé pour indiquer l’âge que mentionne la chanteuse dans la chanson—nous ramène à l’ascenseur émotionnel que peut être la vie, notamment celle de son autrice du fait de son image publique. La description du harcèlement et de l’homophobie qui entoure la chanteuse depuis son enfance est d’autant plus touchante lorsque accompagnée par le puissant minimalisme du clip—le tissu blanc tâché de rouge pour son sang dans la neige, le baiser avec sa petite amie et manageuse Gia lorsqu’elle aborde les menaces qui lui fûrent envoyées apres avoir embrassé une de ses danceuses aux Victoires de la Musique, le blanc qui envahit l’écran lorsqu’elle disparait en mentionnant le décès de son grand-père qui l’a profondément marquée.

La répétition de la phrase “j’ai dû faire un mauvais rêve” à chaque fin de couplet ajoute une angoisse qui progresse et devient de plus en plus omniprésente, quelles que soient les paroles qui l’accompagnent—et est reprise dans le clip avec la lumière qui va et vient. Musicalement, l’angoisse va aussi crescendo. La mélodie, bien que la même pour chaque couplet, semble graduellement devenir plus intense, reflétant les paroles et l’instrumentation qui l’accompagnent, nous prenant quelque peu par surprise, telle une crise d’angoisse peut l’être—un autre sujet important sur lequel elle se livre. L’ajout d’instruments à cordes au martèlement du piano ne font qu’accentuer cette atmosphère oppressante qui s’installe peu à peu dans nos oreilles.

La vulnérabilité et mise à nue de l’artiste portent leurs fruits: en ressort un titre puissant et envoûtant qui résonne encore dans vos oreilles une fois fini. C’est en somme un retour en force pour la jeune femme qui, malgré les doutes exprimés dans son texte quant à l’idée que l’album touche le public, arrive encore une fois à nous émouvoir à travers ses mots et ses maux. Il nous reste donc à attendre la sortie de l’album complet, avant de pouvoir assister à la tournée qui commencera à Lille en novembre.