Yseult a électrisé We Love Green avec une performance aussi radicale que bouleversante. Armée de Mental et d’une présence scénique hors norme, elle signe un retour en festival que personne n’oubliera. Prochain round ce dimanche au festival Art Rock.
La dernière fois que nous avions vu Yseult sur scène, c’était en 2021, au festival La Magnifique Society. L’époque portait encore les stigmates du post-Covid, et malgré une prestation marquante, quelques semaines plus tard, elle annonçait brutalement l’arrêt de sa tournée. Silence radio. Une décision qui sonnait comme un cri du cœur, celui d’une artiste épuisée, peut-être incomprise.
Quatre ans plus tard, la retrouver sur la scène de We Love Green tient presque de la rédemption. Pas seulement pour elle, mais aussi pour ce public qui l’a attendue, soutenue, espérée. Ce vendredi 6 juin 2025, la scène vibrante du bois de Vincennes a accueilli une Yseult transformée, affirmée, sculptée par les épreuves, plus libre que jamais.
Le manifeste Mental
Mental, son nouveau projet, impose sa propre grammaire. Il bouscule, déstabilise, oblige à écouter autrement. Chaque morceau est chargé, dense, brut : « Bitch You Could Never », « Problématique », « MTV », « Suicide ». Rien n’y est lisse ou apaisé. Plutôt que de tendre vers le consensus, il impose son langage, sa force, ses cicatrices.
Dans un récent coup de gueule, Yseult dénonçait l’accueil trop tiède réservé à l’album. Ce concert en est la meilleure réponse, les titres prennent une toute autre ampleur en live. Une claque scénique, une performance viscérale qui renverse tout sur son passage.
Une apparition comme une déclaration
Sur scène, la fumée envahit l’espace. Les lumières bleues percent l’obscurité qui commence à monter son nez sous le chapiteau. Lunettes noires, micro à la main, Yseult surgit telle une rock star et la foule explose. Elle est là, plus puissante que jamais.
La tenue ne laisse personne indifférent. Une silhouette gainée de cuir noir, entre le body structuré et la ceinture d’armure, réhaussée de résille, de gants cloutés et de bottes hautes. Le tout évoque un univers SM assumé, où la sensualité devient stratégie, où le corps devient arme. Rien n’est laissé au hasard. Cette armure scénique traduit parfaitement ce qu’est Yseult aujourd’hui, une guerrière, une artiste qui transforme le regard posé sur elle.




Une foule en transe
Sans musiciens autour d’elle, sans fioritures techniques, elle parvient à créer un vrai choc. La scène devient un ring mental. La voix est intacte, puissante, tendue comme un cri. Le public hurle son nom, des larmes dans les yeux pour certains, des poings en l’air pour d’autres. Les titres de Mental s’enchaînent comme des mantras.
Sur « MTV », elle lève son micro comme une épée et lâche : « Ceux qui n’ont pas la ref de ce geste… étouffez-vous. » Un rire fuse dans la fosse, mêlé à un frisson collectif. Elle enchaîne sur « Problématique », sans pause, sans filtre.
Puis vient « Alibi », où l’absence de Sevdaliza, Tiësto et Pabllo Vittar n’est même pas remarquée. Le public hurle chaque mot, comme s’il avait écrit les paroles lui-même. Sur « Gasolina », c’est l’explosion, une standing ovation spontanée, des « oh oh oh oh » hurlés dans la fosse pendant au moins deux minutes.


Un final bouleversant
Le moment le plus intense arrive en fin de show, avec « Suicide ». Des effets pyrotechniques embrasent la scène, la voix d’Yseult fend le chapiteau : « C’est si difficile de s’aimer, si difficile… » La formule reste en suspens, comme un aveu impossible à conclure. Avant de quitter la scène, elle glisse une annonce que personne n’attendait vraiment mais que tout le monde espérait : « J’annonce un Olympia bientôt… que je vais produire à 100%. » Une promesse de suite qui a mis tout le monde d’accord.


Yseult ne fait rien à moitié. Ce moment sur scène dépassait le simple cadre du concert. C’était une performance totale, viscérale, une manière pour elle de reprendre la parole, de reprendre sa place. Et peut-être bien l’un des concerts les plus puissants du festival cette année. Mental mérite mieux ? Ce vendredi là, personne ne doutait une seule seconde qu’il mérite tout. Et plus encore.

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