Sziget 2025, c’était six jours à danser, chanter, vivre fort. Du vert brat de Charli XCX à la tenue féerique de Chappell Roan, de Justice à Zaho de Sagazan… l’île de la liberté a tenu toutes ses promesses.
On arrive à Budapest le mercredi 6 août en début d’après-midi. Direction le fameux pont K. Pas de drapeaux multicolores cette année, juste l’inscription « Sziget Festival » qui nous accueille. Sur l’île, ça sent déjà la poussière et l’herbe écrasée, tandis que les espaces verts s’étirent, les stands débordent de couleurs.

Les premiers festivaliers se pressent devant les lettres géantes « S Z I G E T » installées près de la Revolut Stage pour immortaliser leur arrivée. Pas de doute, l’île de la liberté reprend vie. Dans l’allée centrale, les drapeaux flottent toujours, et celui de la France est bien là, comme un petit point de repère dans cette marée humaine.
On file à la conférence de presse d’ouverture. Petit pot d’accueil, quelques mots du staff. On sent qu’ils veulent nous parler de nouveautés, de « nouveau visage » du festival. On verra bien.
Des concerts qui s’enchaînent, des souvenirs qui restent
Dès le mercredi soir, Charli XCX, ouvre les hostilités en vert « brat », clin d’œil à son album. Les fans sont partout en uniforme brat, ça danse, ça hurle, ça filme. La foule est si dense qu’il est impossible de retrouver les amis perdus dans la masse. Peu importe, on vit chacun le moment, mais avec la même émotion.
Julien Granel, croisé dans l’avion depuis Paris, passe ensuite. Sa chevelure rouge repérée entre deux hôtesses. Il nous avait montré son programme pour la soirée. Sur scène, ce n’est pas le jour rêvé : petits soucis techniques, fatigue visible. Mais le public français est là, bruyant, fidèle. Ça le porte. Finalement il se lâche, chante depuis la régie, revient sur scène et termine en beauté.

Le jeudi, Shawn Mendes, apporte une parenthèse douce et intime, guitare en main, pour une chanson écrite en hommage à un ami disparu. Vendredi, Kid Cudi balance un hip-hop cosmique qui fait vibrer la pelouse. The Kooks réveillent des souvenirs de soirées étudiantes. Et le samedi, Sevdaliza se déhanche au rythme de ses tubes avant que FKA Twigs, entourée de danseurs fluides comme de l’eau, hypnotise le public.

Le dimanche, la Française Zaho de Sagazan, elle, ensorcelle la Revolut Stage avec sa voix puissante et son intensité. Tandis que le soir sur la Grande scène, Post Malone, cigarette au bec et verre à la main, joue les showmen cabossés. Qu’on aime ou pas sa musique, impossible de rester indifférent à son charisme.

Enfin, le lundi, après avoir assisté aux concerts de The Last Dinner Party, Portugal. The Man ou encore nos chers druides Walter Astral, Chappell Roan pour la clôture. Pas la foule record, mais un public qui connaît chaque mot. Sa pop queer, joyeuse et pétillante, touche en plein cœur. « Good luck, babe! » et « Pink pony club », sont repris en chœur par tout le monde. On finit sur une note légère et lumineuse.

Une île qui change de visage
Sziget 2025 n’a pas seulement aligné des têtes d’affiche, il a changé sa carte. Les nouveaux quartiers thématiques donnent un relief inédit au site. Szoho concentre la culture de rue et la musique multiculturelle : on y croise toutes les nationalités, dont les français Last Train. Paradox se perd dans les illusions et les arts visuels. Mais c’est surtout le Delta District qui fait parler : un paradis électronique où la nuit ne s’arrête jamais. Salute et sa house teintée de pop suivi d’un Partiboi aux kicks intenses, Agents of Time et Adriatique avec leur techno mélodique, mais aussi Armin van Buuren et Vini Vici qui viennent représenter des facettes différentes de la trance… les sets s’enchaînent et font déborder les scènes jusqu’au petit matin. Les heures défilent, les pieds brûlent, mais personne ne veut partir.

Les lieux qui font l’âme du festival
Le Magic Mirror reste l’un des joyaux du Sziget. Cette scène LGBTQ+, déplacée cette année plus loin sur le site, conserve sa magie. Les Queenz, déjà stars de cet espace, ont créé la surprise en montant sur la Main Stage pour un show drag spectaculaire avant Chappell Roan.

Autre moment fort : « Seul« , de Danilo Pacheco, un spectacle mêlant théâtre physique et cirque, inspiré de son parcours personnel entre solitude, quête de soi et acceptation. Un moment poétique et poignant, en rupture avec le tumulte extérieur.
Un festival qui reste politique
Cette édition a aussi été marquée par une polémique : l’interdiction du groupe irlandais Kneecap d’entrer en Hongrie, pour ses prises de position pro-palestiniennes. Samedi en conférence de presse bilan, les organisateurs ont dénoncé une censure politique, rappelant que la scène est aussi un espace d’expression et de résistance. « Les artistes doivent pouvoir s’exprimer. »
Et après ?
Six jours plus tard, on repart lessivés mais heureux. 416 000 personnes, 1 073 shows, des câlins avec des inconnus, des images plein la tête et un adolescent de 14 ans devenu « Szitizen » à vie. Sziget 2025 a montré qu’il pouvait se réinventer sans perdre son âme. Entre mégas stars et découvertes intimes, nouvelles zones et moments suspendus, l’île de la liberté a tenu sa promesse, celle de faire oublier le monde extérieur, le temps d’une semaine.
