Parfois, on entre dans une salle sans attente et on en ressort un peu différent. Le 7 novembre, Tip Stevens a fait de l’Olympia un écrin d’émotions, de lumière et de partage. Une belle surprise et une belle histoire à raconter.

Avant ce soir, l’auteur de ces lignes ne connaissait de Tip Stevens que quelques morceaux écoutés à la hâte, pour ne pas arriver totalement vierge. Suffisant pour deviner un univers, mais loin de ce qui allait se jouer sur scène. Ce mec est un moteur d’énergie, un chef d’orchestre du chaos organisé, un artiste complet qui vit chaque note. Il l’avait annoncé : cette année serait la plus ambitieuse de sa vie avec de nouveaux projets, une tournée et un point final à l’Olympia. Ce 7 novembre, Tip Stevens a tenu parole. Dans la salle rouge la plus mythique de Paris, il a offert un concert à la hauteur de cette promesse, dense, sincère et d’une générosité rare.

Un début d’équilibre

Ils sont cinq sur scène, une batterie, une basse, une guitare, un violoncelle. D’entrée de jeu, un équilibre s’installe entre puissance et retenue. Les jeux de lumière découpent la scène en faisceaux presque irréels. Tip, au centre, sa guitare reliée à une console par un long cordon blanc, comme un fil qui relie son souffle au son. Très vite, on sent le lien qui l’unit à ceux venus l’écouter. « It’s Not a Love Song » arrive, entraînante, portée par le public qui reprend le refrain sans hésitation. Dans les gradins, la vision de cette fosse mouvante, éclairée de reflets verts et violets, suffit à faire comprendre que ce soir n’est pas une étape ordinaire de tournée. « Plus vous gueulez, plus ça me permet de respirer », lance-t-il, mi-sérieux, mi-souriant. Alors, l’Olympia respire plus fort.

Tip Stevens et ses musiciens à l’Olympia le 7 novembre 2025.

Les respirations et les silences

Le concert se divise comme une pièce en plusieurs actes. Après l’euphorie, le calme. Les morceaux se font plus intimes, plus ouverts. Le violoncelle de Prospère s’invite dans une séquence plus introspective, les lumières se tamisent, et les smartphones s’allument, transformant la salle en ciel étoilé. Les voix se taisent. Un instant suspendu, presque fragile, naît entre la scène et la fosse. Des « on t’aime » fusent, comme une réponse instinctive à cette pudeur. Tip ferme les yeux, remercie d’un signe de tête. On se surprend à sourire, pris dans ce moment suspendu. Le concert devient une suite de respirations, entre énergie et apaisement.

Puis vient ce moment de désordre magnifique : Tip échange sa guitare avec son batteur, s’installe à la seconde batterie que l’on devinait depuis le début, lançant un duel instrumental avec ses musiciens. C’est fou, désordonné, vivant. On ne sait plus qui mène, qui suit et pourtant tout tient, solide, vibrant. Un chaos maîtrisé, un plaisir partagé.

Tip Stevens et ses musiciens à l’Olympia le 7 novembre 2025.

Le feu et la sueur

L’acte final est une explosion. « F.T.L (For The Limit) » embrase la salle plongée dans le rouge, « Sugar Rush » déclenche même quelques pogos dans la fosse. L’artiste se jette dans le public, porté par une vague humaine comme un trophée. L’Olympia tremble. Il revient trempé de sueur et de sourires. Sur scène, l’équipe est soudée, complice. On sent la fatigue mais aussi la joie de voir ce pari fou s’achever ici, à Paris, dans cette salle symbole. Avant de conclure, Tip prend le temps de remercier son équipe, sa « famille de route ». La voix tremble un peu, l’émotion est palpable. 

Le rappel ramène un peu de calme. « Rocket » résonne comme une dernière étreinte, la lumière baisse, les téléphones s’allument à nouveau. Les fameuses « oreilles rouges » apparaissent dans la fosse, scintillant comme des balises d’un même monde, symbole mystérieux mais manifestement fédérateur. Un dernier « merci pour tout ce qu’on a vécu, l’Olympia », et la soirée s’achève dans un tonnerre d’applaudissements.

Tip Stevens et ses musiciens à l’Olympia le 7 novembre 2025.

Il est près de vingt-trois heures quand la salle s’éclaire à nouveau. Sur les visages, la fatigue se mêle à la joie. Pour un spectateur venu sans attente particulière, ce fut une révélation, et on repart avec cette impression d’avoir assisté à la fin d’un cycle, mais aussi au début d’autre chose.