En cette journée internationale des droits des femmes, le festival Les Femmes s’en Mêlent, offrait au cours d’une soirée spéciale, une programmation 100% Femmes, prélude à la 22ème édition du festival qui se tiendra au mois d’avril prochain. Au cours de cette soirée, j’ai pu assister à la prestation de deux féministes, d’origines diverses, la Québécoise d’origine Algérienne La Bronze et la Suissesse d’origine Marocaine, le phénomène Flèche Love. Deux artistes qui se retrouvent sur scène pour la même cause et qui chacune à leur tour, exprimeront leur besoin de liberté et d’émancipation de la femme à travers leur prestation. Egalement à l’affiche de cette soirée le duo La MessAnnie Sama, et Bakel.

Affiche soirée spéciale Les femmes s'en Mêlent, du 8 Mars 2019.
Affiche soirée spéciale Les femmes s’en Mêlent, du 8 Mars 2019.

Le Pan Piper à paris accueillait donc cette soirée spéciale dans sa salle de concerts situé au sous-sol, première fois que je participe à un spectacle dans cette salle et première claque. Après avoir jeté un coup d’œil à ce qui se trame au rez-de-chaussée, je descends dans la salle qui accueille le show déjà bondée de monde. Les techniciens s’affairent sur scène pour préparer la prochaine prestation. Il faut dire que la soirée bat son plein et que deux artistes se sont déjà succédées sur scène. Pas le temps de passer au bar ou s’agglutinent pas mal de monde devant deux serveuses qui semblent débordées. Je me faufile comme je peux pour atteindre le premier rang, juste le temps qu’il faut avant que La Bronze accompagné d’un claviériste et d’un guitariste ne fassent leur entrée sur scène.

Paris – Montréal

Direction le Canada avec La Bronze qui manie aussi bien l’accent Québécois que l’argot français, la jeune Canadienne d’origine Marocaine, nous fera bien marrer avec ses chansons solaires, dans une combinaison verte aux épaulettes colorées. De passage à paris, l’auteure-compositrice-interprète et comédienne Nadia Assaiqi de son vrai nom, s’est fait connaitre au grand public en 2016 avec sa reprise en arabe de « Formidable », le tube à succès de Stromae, qui lui a valu plus de 2 millions de vues. Ce soir, c’est sur On danse par en dedans qu’elle ouvre sa prestation, une chanson électro-pop aux accents rock. Avant d’enchainer avec Toi, « Je n’ai peur de rien, surtout pas de toi, depuis que je sais que tu n’es que moi… », dans une rage qui fait briller sa crinière de lion.

La Bronze sur la scène du Pan Piper à paris le 8 mars 2018.

« Il faut vraiment que vous arrêtiez de penser que tout le monde dit Tape dans le fond, chuis pas ta mère au Québec », rires dans l’assistance. Je ne le sais pas encore, un doute me saisit, on dirait un One Woman Show quand elle s’adresse au public. Ce n’est qu’en parcourant sa bio à la fin de la soirée que j’apprends qu’elle coche aussi la case comédienne. C’est ensuite derrière la batterie qu’elle passe, pour nous jouer Cratère de façon électrique, accompagnée de ses deux partenaires au clavier et à la guitare.

« Je vais maintenant vous interpréter une chanson que Stromaé a écrite pour moi. », c’est parti pour une ballade Formidable en Arabe que le public prend du plaisir à apprécier dans une atmosphère à l’eau de rose. Une reprise qui séduit et fait du bien avec sa voix un peu éraillée.

Elle profitera du titre Vortex, derrière sa batterie une fois de plus, pour présenter ses deux acolytes au public avant de conclure de façon énergétique, maniant ses deux baguettes à la perfection. En quittant la scène, après avoir salué le public, elle lance dans un dernier bisou  « Je vous laisse en compagnie de Flèche Love ».

Atmosphère mystique pour une Flèche d’amour

Dans ce qui s’apparente à un rituel d’initiation masculine chez un peuple d’Amazonie, les trois musiciens de flèche love la précède sur scène déguisés en chamans et formant ce qui ressemble à une haie d’honneur. La jeune Suissesse originaire d’Algérie, lance les hostilités tout en douceur sur le titre électro pop Festa Tocandira, qu’elle chante en Espagnol, se servant du rite chamanisme pour interroger la masculinité, « Por favor dejame en raz, Pr favor, No cesito demostrar que soy un hombre ».

Flèche Love et ses musiciens sur la scène du Pan Piper à Paris le 8 Mars 2019.
Flèche Love et ses musiciens sur la scène du Pan Piper à Paris le 8 Mars 2019.

On distingue quelques figures sur les tatouages noirs qui parcourent son corps, on est partagé entre l’idée de protection ou une façon à elle de cacher ses blessures. Elle n’en fait pas mystère puisque qu’elle le chante sur le deuxième titre de la soirée, le solennel Umusuna « je suis une œuvre d’art, mes cicatrices rayonnent partout sur mon corps, je suis mes propres bijoux ». Une pop électronique issue de sa collaboration avec Rone, qui nous met tout de suite dans l’ambiance du show qu’elle nous a prévu ce soir. D’une voix rageuse, qui trahi une certaine fragilité et sous fond sonore mystique, elle se lance dans un mouvement corps avec une souplesse impressionnante, offrant au public son premier coït de joie.

« Je m’appelle flèche love et le temps de ce voyage, je serai votre guide », annonce l’artiste, qui prend des accents de commandant de bord, pour un vol qui s’annonce inoubliable. Plongée dans l’univers cathartique de « Haiyococcab », un autre titre de l’album qui signifie « la fin du monde » en terme maya. Flèche s’affranchit des frontières, la barrière de langue n’impressionne pas cette polyglotte qui chante aussi bien en français, qu’en anglais, sans oublier l’arabe et l’espagnol.

L’espagnol qu’elle roule dans « Los Nomades del sol » au milieu de ses musiciens, qui gravitent autour d’elle sur scène formant un bouclier de protection. Un moment apaisant, mais qui trahi la tristesse qu’elle évoque pour son auteur. Flèche monte, mais n’oublie pas ce qu’elle a traversé, tout n’était pas que « Love ». Elle chante, danse, n’a besoin de personne pour faire le show. Son corps à lui seul, teinté de tatouage est un spectacle.

Tonight, We Are All Sister

C’est la dernière chanson lance l’artiste au public, une occasion pour elle de saluer toutes les autres artistes qui ont défilés sur scène ce soir, « C’est vraiment un plaisir de jouer ce soir entourée d’artistes si puissantes et incroyables. J’aimerais bien qu’on les applaudisse encore une fois ». En ce 8 mars, journée internationale des droits de la femme qui devrait durer toute l’année, « On va clore ce voyage avec une chanson qui s’appelle Sisters ». Un morceau qu’elle a écrit et qui parle de sonorité, elle qui a appris au fil du temps, qu’elle gagnait beaucoup plus d’énergie et d’amour en étant proche de ses sœurs, en les considérant comme des rivales.

Flèche Love sur la scène du Pan Piper à paris le 8 mars 2018.
Flèche Love sur la scène du Pan Piper à paris le 8 mars 2018.

Dans « Sisters » qui est une chanson inclusive, elle s’adresse à toutes les femmes, quel que soit la religion, l’identité sexuelle. Oui on peut créer une communauté, mais on ne doit pas nier les différences, « Sur ce morceau je vous invite à célébrer avec nous, femmes, hommes, Trans… Si vous avez envie de danser et de tout donner, vous êtes les bienvenues, because tonight we are all sisters ».

La bête de scène se lance dans un final bestial qui captive l’attention, elle agite son corps tatoué dans tous les sens telle une guerrière amazonienne, encouragée par les vivats du public. Elle tend le micro vers la salle qui lui répond en cœur « We are sisters ». Sur les 60 dernières secondes, elle invite le public sur scène, des filles pour la plupart parmi lesquelles se glisse un jeune homme que Flèche semble connaitre et Thérèse du groupe La Vague.

La phrase « We are all sisters » prend tout son sens, le spectacle est beau sur scène. Ce soir nous célébrons la Femme avec une brochette d’artistes féministes dont l’une était une flèche pleine d’amour, qu’on aimerait revoir bientôt, même si ce n’est pas la flèche de cupidon. Flèche love c’est un show à l’état brut, une bête de scène qui captive l’attention tout au long de sa prestation avec son corps tatoué qu’elle balance dans tous les sens telle une guerrière d’Amazonie. Une flèche qui n’est pas prête de s’arrêter de sévir.