15h30, Gare Cornavin
« Bienvenue à Genève, il fait beau, passez un agréable week-end », merci commandant. Nous nous sommes préparés à passer une nuit blanche, pas question de réserver une chambre d’hôtel alors que l’after s’achève à cinq heures du matin et notre train pour paris est à 6h30. Sans perdre plus de temps et vu que nous sommes légers, direction le tram pour la station PlainPalais, en plein Genève (sans jeu de mot). De là, la rue de Carouge et plus précisément le Lieu central où a lieu le festival, n’est qu’à cinq minutes à pieds (ou une station de Tram pour les flémards). C’est dans ce qui ressemble à une salle communale que se déroule l’événement, les différents artistes se succéderont dans trois salles différentes : La Guinguette située au rez-de-chaussée, le Théâtre Pitoëff au premier étage et la Grande scène au centre, avec un balcon accessible depuis le premier étage.
French mon amour
Le festival Voix de Fête qui célèbre sa 21ème édition cette année est reconnu pour son engagement et son soutien envers les artistes, qui font la promotion de l’expression musicale Francophone. Un choix courageux qui le festival encourage, à l’heure où beaucoup choisissent la langue de Shespeare pour toucher plus de monde. Un acte culturel fort qui à lui seul, mérite d’être célébré par les 51 artistes et groupes en provenance du Canada, France, Belgique et Suisse.

Les belles découvertes de la scène éponyme
On n’a pas tout de suite très bien compris, on se posait la question en récupérant nos accès pour la soirée au premier étage. À notre gauche c’est l’entrée du théâtre Pitoëff où il se passe manifestement quelque chose. Mais l’objet de notre surprise provient du son, non seulement il s’agit de l’anglais et en plus les riffs de guitare nous séduisent sur le champ. On décide d’y aller, toute façon le gros de la soirée ne débute qu’à partir de 20h. l’après-midi est consacrée à la découverte des artistes émergents, en accès libre.
Bigger : 5 monstres du rock
Ils sont cinq sur scène et proposent un rock intense et profond, je n’en avais jamais attendu parler, mais il s’agit du groupe Bigger et son rock français aux accents British. Nous arrivons malheureusement vers la fin, quand Kevin, la première voix du groupe, enjambe les fauteuils du théâtre pour venir s’assoir au milieu du public qui n’en demandait pas moins. C’est le feu à son retour sur scène entouré de ses 4 compagnons, la fin est électrique, presque ensorcelant, les riffs de guitare couplé à la dextérité du bassiste font trembler les murs du théâtre. Le rock a de beaux jours devant lui, avec Bigger c’est certain, on peut d’ailleurs entre le groupe sur le teaser des prochaines Eurockéennes de Belfort.
Ryannah
C’est au tour de la Franco-Manitobaine Rayannah et son electro-soul porté par une voix singulière, de nous offrir une échappée belle en cette fin d’après-midi. En provenance du Canada, la jeune artiste est accompagnée sur scène par une musicienne derrière sa batterie. Une scénographie qui fait penser à Jain, qui seule derrière sa table de mixage, gère toute seule le son.
« Je suis très contente d’avoir fui l’hiver canadien et d’être ici dans votre pays ensoleillé ». C’est son deuxième spectacle depuis la sortie de l’album, avant son passage à paris, elle nous présente ce jour quelques chansons de ce nouvel opus de ballades « Nos repaires », qui apaisera plus d’un.
Le rap décomplexé d’une Aloïse Sauvage
C’est accompagnée de ses deux musiciens Hugo et Vico que Aloïse Sauvage arrive sur la scène de la guinguette, sweeet soir sur un jean de la même couleur laissant apercevoir ses longues chaussettes rouges. Ce soir elle revêtira plusieurs casquettes, passant de chanteuse à comédienne, sans oublier ses pas de danse, qu’elle maîtrise à la perfection. Ça ne sera pas Alarmant, comme le titre éponyme qui parle de la musique comme échappatoire à un éventuel suicide.
« C’est la première date de notre tournée »
Nous sommes Les premiers à écouter les nouvelles chansons de son prochain EP disponible le 29 mars prochain, elle nous interprètera « Jimy » le titre éponyme de cet EP, qui parle d’amour et de sentiments contrastés. Cinq titres où l’artiste clame son besoin d’affirmation au détriment des normes, pas question de se résigner, l’artiste veut clamer haut et fort son besoin de liberté.
Il n’y a rien de sauvage en elle, malgré ses faux airs de garçon manqué et sa verve tranchante à la Diam’s. Aloïse Sauvage évolue dans un univers contrasté, entre rap, Pop et danse, sa sauvagerie sur scène n’est que salutaire.
Vendredi sur mer : la douceur du samedi soir
Elle était attendue, elle la Suissesse d’origine qui revient chez elle quelques jours après la sortie de son premier album. Ce soir elle nous embarque avec elle pour un voyage musical où il sera question de ses « Premiers Emois », titre de son premier album disponible depuis la veille. La sensation pop de l’année, qui a séduit le public français, sort un opus qui fera sans doute beaucoup de bruits.
Un trône blanc, majestueusement dressé est posé au fond de la scène, le même trône qu’on retrouve sur la pochette de son album. Ce soir il servira de décor et aura également une grande importance dans la scénographie de sa prestation. Le titre « l’une est l’autre » lui permet de faire son entrée sur scène, dans un nuage de fumigène. Ses danseurs ne sont pas bien loin et lui donnent la réplique dans ce qui constitue le premier tableau d’une longue série qui accompagnera son show.
« Je suis contente d’être ici ce soir, parce que mon album est sorti hier. », un mec du public lui répond « il est sorti vendredi » explosion de rires, bien vu !
Elle est tellement contente d’être là, de commencer la tournée chez elle, qu’elle est émue aux larmes. Petite escapade dans le dessert avec « histoire sans fin » où elle nous promet des températures caniculaires, on a chaud, très chaud, surtout quand elle se met à exécuter un petit pas de danse style princesse du dessert. Ce qui provoque immédiatement des sueurs froides et des cris d’excitation dans le public.
« Baise moi » lance un mec dans la foule « il y a mes parents dans la salle » lui répond-elle dans un sourire qui trahi un peu sa gêne. « On va faire l’amour tous ensemble » sur le titre « l’amour avec toi », le tableau est juste magnifique, entre ses trois danseurs et elle, l’alchimie est parfaite, les pas remarquablement exécutés dans un tempo qui laisse pas de place à l’improvisation. On se retrouve au milieu de ce qui ressemble à une partie sexuelle, les corps se fleurent, se frottent et
« Est-ce qu’il y aurait des Camille dans la salle ? Est-ce que vous avez déjà fait pleurer les garçons ? » la réponse ne se fait pas attendre pour passer larme à gauche, le tableau qui accompagne ce passage récolte un tonnerre d’applaudissements à la fin.
Samedi soir, Vendredi sur Mer a fait un retour remarquable et remarqué en nous comptant ses « Premiers Emois » sur scène, il n’y a plus de doute, le deuil est fait, maintenant elle avance sans complexe.
Une folie nommée Voyou

Une petite troupe d’ados est déjà en pole position devant la scène de la guinguette, quand la vague qui revient du concert de Vendredi sur Mer fait son entrée dans la salle. Voyou ne tardera pas à faire son entrée dans un décor qui rappelle les vacances au soleil, ça tombe bien, on est prêts à ôter le haut. Petite parka bleue, sur tee-shirt orange enfilé dans son pantalon noir, il fait son entrée sur Serre. Sautillant dans tous les sens sur la scène, les cheveux en bataille qu’il ne cesse de ramener à l’arrière, il nous fait basculer dans une ambiance de fête au soleil. C’est l’After avant l’heure, « les uns sur les autres on se bouscule… la serre sera notre tombe ». Ce n’est pas sur Papillon qui suit que les choses s’arrangeront, au contraire le plaisir est intense, « vous êtes très beaux aujourd’hui, du coup ça fait plaisir de chanter ce morceau ».
Ce soir personne ne lui volera rien, nous ne sommes pas Les trois loubards qu’il a croisé un soir d’averse, on a autre chose à faire et c’est bien mieux.
« On est très contents d’être là ce soir, c’est la première fois. Je suis très content de vous présenter ce spectacle ». Il est temps de secouer le public avec Les bruits de la Vill, Yelle n’étant pas là pour donner la réplique, il profite de ce moment pour jouer l’égarer dans le noir au milieu du public de la fosse. « Genève vous êtes chauds ou quoi ? »
Oui c’était chaud, une belle prestation surtout son solo au piano sur « il neige » dans un silence presque religieux, un calme reposant avant la tempête qui suivra jusqu’à la fin.
Hoshi, l’étoile de la soirée

De Hoshi, je ne connaissais rien de son univers pop jusqu’à très récemment, elle qui a conquis le net, je m’étonne de la couverture médiatique qui lui ai réservé, alors qu’elle mérite davantage.
A 23 ans à peine, la jeune chanteuse au répertoire électro pop, vient pour la première fois à Voix de Fête (c’est décidément la première fois pour tout le monde ce soir) et sur la grande scène svp. Comme Georgio la veille, c’est à elle que revient l’honneur de clôturer cette soirée, sur cette scène un peu trop grande pour elle, malgré la présence de ses quatre musiciens. Qu’à cela ne tienne, elle possède une voix rauque et un vibrato qui séduit facilement.
« Bonsoir Genève, C’est ma première fois ici » lance-t-elle après le premier morceau, le public un peu timide, retrouvera ses couleurs avec « Femme à la Mer » ou « Poupée Russe », qu’il reprend en cœur en sautant dans tous les coins. Le moment le plus touchant de cette prestation restera sans doute le passage où elle reprend « Manège à trois », d’une sensibilité tellement touchante qu’on a presque la larme à l’œil. « fais comme tes cigarettes, y’a même pas besoin d’allumettes. Fais-moi rouler sous tes doigts, rallume-moi… ».
Le rappel se fera avec « Marinière », que le public se charge de reprendre à sa place dans une grande salle qui vire au bleu, c’est beau cette communion et l’artiste est émue lorsque vient le moment de quitter cette marée humaine. « Merci Genève ».
Ce fut une belle journée passée au Festival Voix de fête que nous avons couvert pour la première fois cette année, un festival qui mérite d’être connu pour son soutien indéfectible à la langue française. Depuis quelques temps le festival prend le pari de donner plus de place à la jeune génération, ce soir la grande scène était 100% féminine, un défi relevé haut la main par les trois francophones. Vive la langue française !!!