J’ai découvert Rayannah sur scène, au hasard d’une déambulation dans les allées de la dernière édition du festival Voix de fête à Genève. Plusieurs artistes étaient programmés sur la scène découverte en entrée libre l’après-midi, avant les gros shows du soir. Un trou dans notre programme qu’il fallait bien combler et grâce au groupe de rock Bigger qui jouait juste avant, nous nous sommes laissés séduire par les confortables fauteuils du théâtre Pitoëff. J’ai voulu en savoir un plus sur elle, du coup j’ai profité de son passage au centre culturel canadien à paris, pour lui soutirer quelques mots.

 

Le Manitoba comme refuge

Rayannah est originaire du Canada, plus précisément de la province du Manitoba, ce qui fait d’elle une Francomanitobaine, le franco ici est à mettre sur le compte de la partie francophone du Canada. L’artiste vient de sortir un album de 10 titres qu’elle a baptisé « Nos Repaires », des mélodies electro-pop portée par une voix singulière. Un opus qui découle de son périple sur les routes de France à vélo avec son amie, bien avant la sortie de son EP Boxar Lullabies en 2015. Delphine et Marylou, le titre qui raconte les mises en garde de ce périple, est le nom donné aux deux vélos achetés sur LeBoncoin. Adepte de la pédale Loop qui lui permet d’enregistrer des séquences et de les superposer, elle nous transporte dans un univers tantôt dense, tantôt plus posé. Accompagnée sur scène par une musicienne pour derrière sa batterie dans Une scénographie qui fait penser à Jain, qui seule derrière sa table de mixage, s’occupe de gérer le son. Ce soir, c’est son troisième spectacle depuis la sortie de l’album, un spectacle à l’émotion particulière, dans le pays qui lui a inspiré cet album.

Pourquoi avoir choisis « nos Repaires » comme titre de l’album ?

Rayannah : Longtemps j’avais pensé à l’appeler “en attendant demain” une autre chanson de cet album. Mais plus j’y pensais, plus j’avais l’impression que ça me figeait ou même que c’était un regard vers l’arrière et non vers l’avant. Et puis j’ai vu le titre nos Repaires, je me suis dit que c’était cool, parce que chaque chanson est comme une tanière. On a vraiment mis beaucoup de temps à créer les environnements sonores, ça fait que j’ai l’impression que chacune d’entre elle est un peu son univers. Pour moi ça rassemblait tout. Ça peut être une bonne chose d’être dans ses Repaires parce qu’on est confortable, ça peut aussi vouloir dire qu’on est figé et qu’on ne regarde pas vers l’extérieur.

Est-ce qu’on peut parler d’une sorte de cahier intime que tu proposes au public avec ses 10 titres ?

Rayannah : Pour moi toutes ses chansons viennent vraiment des choses que j’ai vécue, qui ont été très difficiles ou très importantes et qui m’ont marqué. Dans certains cas, ça peut être considéré comme un cahier intime, mais il y’a aussi d’autres chansons qui sont Une ouverture sur la société. Parfois je me sens blasé ou épuisée face à tous ses enjeux qu’on vit. Il y’a un contrepoids entre l’intimité des choses personnelles et le regard des autres.

La femme prend une place importante dans ton album, est-ce qu’on doit toujours mettre le sexe féminin en garde ?

Rayannah : Je me heurte assez souvent à des enjeux plutôt sexistes dans mon travail, je sais que je ne suis pas la seule, beaucoup de mes collègues ont aussi vécus des choses difficiles, que ce soit le harcèlement, l’agression, se faire sous-estimer, ne pas se faire ouvrir les portes. Ça n’a jamais été facile, quand je suis entouré des gens qui ont un souci d’égalité je me sens libre et je voudrais que tout le monde se sente ainsi.

Est-ce que dans le milieu de la musique tu te sens libre ?

Rayannah : Ça dépend. Sur scène je me sens libre, que ce soir l’homophobie ou le racisme, parfois on ne fait pas exprès. C’est le résultat d’une société dans laquelle on vit. On ne le fait pas parce qu’on est des mauvaises personnes, mais parce qu’on le voit autour de nous et puis ça s’imprime dans nos façons de penser. C’est pourquoi je ne vois pas ça comme une guerre contre des personnes, mais comme un effort qu’on doit tout faire pour se libérer.

Tu connais Jain ou pas ?

Oui

Il y’a une petite similitude entre vous, Est-ce que tu gardes toujours cette scénographie ou ça change ?

Rayannah : Ça change constamment, pour cette tournée, je suis contente que Marjorie puisse faire le voyage avec moi. Pour ce qui est du Canada, j’ai ma projectionniste qui voyage avec nous et rajoute des visuels derrière quand on joue et j’ai aussi quelqu’un à la batterie. Je ne souhaite ne pas me limiter, je suis très chanceuse et très heureuse que Marjorie veuille tourner avec moi, peut-être de temps en temps on va ajouter des gens.

Ça t’arrive de jouer seule ?

Rayannah : Oui j’ai beaucoup joué seule, maintenant c’est comme un régal, parce que j’ai tellement eu l’habitude d’être toute seule.

C’est plus facile d’être accompagnée ?

Rayannah : Ça dépend, ça change la game (avec son accent canadien). Quand je suis accompagnée ou peut faire quelque chose de plus large, mais quand je suis seule c’est plus intime. Tout dépend, mais J’ai du plaisir à faire les deux.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

De revenir

Dernière question, pourquoi quand on te présente on dit la Franco-Manitobaine et non Canadienne ?

Rayannah : Je suis Canadienne, mais dans l’Ouest canadien ma province c’est le Manitoba. Vu que je suis francophone au Manitoba, on me présente comme Franco-manitobaine. Mais pas québécoise, parce que le Québec c’est la province et moi je n’y viens pas.

 

 

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