La 15ème édition du festival le plus écolo de France s’est achevée ce dimanche 25 août avec une fréquentation record de 102000 festivaliers venus acclamer Patti Smith, Twenty One Pilot ou encore Prophets Of Rage. Revivez les quatre jours de l’une des dernières descentes de l’année.

C’est une édition record que vient de vivre Le Cabaret Vert à CharlevilleMézières le week-end dernier, quatre jours de fête à guichets fermés qui ont vu affluer pas moins de 102.000 festivaliers sur son site, battant ainsi le précédent record de 2017. Retour sur séjour dans les Ardennes

« Et si le Festival Le Cabaret Vert n’avait pas existé… Non, oublie on va se perdre, on est là pour profiter durant cette dernière virée avant la rentrée. Je ne sais pas pour toi, mais nous on va en profiter à fond… » Mon voisin dans le train tout à l’heure avait l’air complètement habité par le Cabaret Vert, pour lui c’est une institution, il n’a jamais loupé une édition. Etant originaire du coin, il descend chaque année avec ses potes pour ce qu’il appelle « la dernière grosse cuite avant la rentrée ». Je ne peux pas dire autant, moi je suis là pour le boulot et même si c’est professionnel, je dois avouer que je suis tombé amoureux de ce festival lors de ma première couverture l’année dernière avec notamment le Show de Dj Snake, Travis Scott, Damso et les Chaka Ponk qui avait dû remplacer Booba, empêtré dans sa bagarre avec Kaaris à l’aéroport d’Orly.

Jour 1 : Bienvenue à la Gare du Cabaret Vert

Gare de Charlevilles-Mézières
Gare de Charlevilles-Mézières

Me voici donc de retour dans cette ville de Charleville-Mézières, dont la gare, à l’image de l’année dernière, change de nom pour l’occasion et se transforme en « Gare du Cabaret Vert ». Les drapeaux de la ville battent tous pavillon pour Le Cabaret Vert, c’est l’effervescence, cette paisible bourgade de l’Est de la France vivra au rythme de son festival et de son lot de touristes durant quatre jours. Ils sont nombreux comme moi à se rendre au festival, c’est un balai de trolleys qui se dirigent pour la majorité vers le lieu du festival en suivant le chemin balisé.

Nos chemins prennent des directions différentes au niveau de l’accueil Presse et des partenaires, je vais récupérer mon badge, pendant qu’eux se dirigent vers le camping du dormeur du val où j’ai décidé de m’installer cette année.

Un camping qui n’a rien du dormeur

Je retrouve mon voisin de tout à l’heure dans le train, à l’entrée du camping du Dormeur du Val avec ses potes en train de jacasser, ils ont déjà descendu pas mal de bières et ne tiennent plus debout. Je fends la foule et passe rapidement grâce à mon badge qui me permet quelques facilités. Où est-ce que je vais trouver une place dans ce joli bordel, je rencontre un confrère que j’ai l’habitude de croiser en festivals, il me fait signe de le suivre, il a une bonne place près de sa tente. Alléluia !!!

Charleville-Mézières aime son festival

Quinze ans, c’est l’âge de l’adolescence, des premiers émois… voilà 15 ans qu’un groupe d’amis se réunissaient à Charleville-Mézières pour créer le Cabaret Vert qui depuis les 17.000 festivaliers de sa première édition, atteint les 100.000 aujourd’hui. L’écriteau qui annonçait l’année dernière « Ici c’est Charleville-Mézières », laisse place cette année à l’inscription « Le Cabaret vert ».

Une fois à l’intérieur, sur le site du festival encore désert, c’est une vaste étendue verte qui s’offre à nous. Nous faisons partie des premiers à fouler cette pelouse qui aura souffert à la fin de cette première journée. Quelques changements sont visibles au niveau des scènes, celle du Razorback et des Illuminations se trouvent désormais du côté gauche une fois qu’on franchi l’entrée du festival, dans la même lignée que la GreenFloor.

La Main Stage surnommée Zanzibar n’a pas bougé quant à elle, toujours au niveau du stade Bayard avec son immense pelouse au milieu, qui sera méconnaissable une fois pris d’assaut. Les bénévoles s’affairent aux dernières tâches sur le site, ils sont 2300 sans qui rien de tout cela ne serait possible

Le G08 au village libre de l’Idéal

Défendant des valeurs qui lui sont propres depuis son existence en matière de développement durable et protection de la planète, le festival organise cette année son G08. Durant quatre jours, autour d’ateliers, débats et conférences, les acteurs écoresponsables de la société civile viendront nous entretenir sur les grands défis qui nous attendent. Tout est fin prêt à l’Idéal qui programme aussi 80 films en partenariat avec les étudiants de l’ESAD de Reims. Le Temps des freaks se trouve au fond, tandis que l’espace BD et sa terrasse se trouve à la gauche.

On Dégage aux Illuminations

Un air planant provient de la scène des Illuminations qui accueille le premier concert de cette fin d’après-midi, il s’agit des troublions du groupe de pop Dégage. On les avait loupés à Art Rock il y a deux mois, pas question que ça arrive une deuxième fois. Certains sont déjà prêts à en découdre, à l’image de ses festivaliers qui sont venus tout équipés.

Djibril Cissé alias Dj Tchéba 

De footballeur professionnel à DJ il n’y a qu’un pas que Djibril Cissé n’a pas hésité à franchir. L’ancien footballeur international et joueur de l’équipe de France qui est actuellement sur la route pour son premier Summer Tour a été invité par le festival à régaler les festivaliers, non pas avec un ballon, mais derrière ses platines. Dj Tchéba comme il se fait appeler désormais arrive sur scène en tee-shirt noir et jogging, et nous entraîne aux sons de son Afro trap teinté de beats électro qui tabassent. Il n’y a qu’à voir le public complètement en délire pour comprendre que son mix est validé par tout le monde.

Le Rap-Métal de Prophets Of Rage

Le 8 août dernier, ils étaient sur la mythique scène de l’Olympia pour un concert de rap-métal qui, même sans nouvel album à l’horizon depuis celui de novembre 2017, a démontré toute leur énergie. Ce jeudi en début d’après-midi, ils font un stop dans leur tournée d’été des festivals au Cabaret Vert. Et c’est Dj Lord qui le premier, fait face au public derrière ses platines en balançant des sons qui font trembler les enceintes et hurler la foule. Le reste de la bande ne tarde pas à le rejoindre pour nous servir leur titre éponyme « Prophets Of Rage ». Toujours affublé de son keffieh B-Real n’est pas difficile à reconnaitre, aidé de son comparse Chuck D, sans oublier Tom Morello et ses mouvements de guitare qui font partie intégrante du spectacle.

Prohets Of Rage, Cabaret Vert 2019. ©: Clément Caron // DarkRoom
Prohets Of Rage, Cabaret Vert 2019. ©: Clément Caron // DarkRoom

Le groupe qui s’est constitué en réaction à l’élection de Donald Trump à la tête des USA, n’a rien perdu de son engagement envers les minorités et ce n’est pas le titre « Made with hate » qui dira le contraire. La fosse est en ébullition, ça pogote au rythme de la batterie sur scène et des paroles des dénonciatrices du groupe. C’est beau, entrainant et on en ressort lessivé.

Twenty One Pilots On Fire !!!

Ma dernière rencontre avec le phénomène de rock/pop américain remonte 23 juillet dernier, lors de leur passage au Paléo festival de Nyon. En duo depuis 2011, Tyler Joseph et Josh Dun ont fait sensation devant un public majoritairement jeune qui ne pouvait pas son plaisir pour réciter les paroles des morceaux comme « Stressed Out » ou encore « Heathens » qui fait partie de la bande originale du film « Suicide Squad ».

Twenty One Pilot, Cabaret Vert 2019. ©: saint_xsl1 // Phenixwebtv.com
Twenty One Pilot, Cabaret Vert 2019. ©: saint_xsl1 // Phenixwebtv.com

La foule est en délire, une pluie de confettis se déversent sur elle comme pour rafraîchir l’atmosphère qui devient tout d’un coup chargé.

Je n’aurai pas le temps d’aller voir Roméo Elvis sur la grande scène, la faute à mes collègues qui ne m’ont pas trop laissé le choix en me bloquant devant le live DJ set de Peggy Gou, dont j’ai finalement apprécié le mix, sans plus

Jour 2 : les jeunes ont rendez-vous avec leurs idoles

C’est une journée Sold Out qui s’annonce aujourd’hui, avec au programme des têtes d’affiche dont les jeunes sont friands à l’image d’Angèle ou encore Orelsan qui achève sa tournée ce soir.

Le duo Rive ouvre la scène des illuminations

Le couple Belge de pop composé de Juliette Bossé et Kevin Mahé nous a offert un moment de pure tendresse vendredi en ouverture de la scène des illuminations. Une immersion dans l’univers de ce duo qui explore la chanson française dans son premier album Narcose, disponible depuis le 1er Mars 21019. On Vogue tranquillement sur ce premier morceau qui ouvre l’album, aidé de la voix douce de Juliette au micro et au clavier. Une mention spéciale pour Kevin à la batterie qui m’a plongé dans un état d’euphorie avec le maniement de ses baguettes.

Dive, Cabaret Vert 2019. ©: Saint_xsl1 // Phenixwebtv.com
Dive, Cabaret Vert 2019. ©: Saint_xsl1 // Phenixwebtv.com

La fin à deux au piano a aussi une saveur particulière, on sent la complicité dans les regards qui s’échangent, une harmonie dans les gestes qui trahi un amour mutuel qu’on peut croire à la dérive, mais qui sonne comme Infini. Un voyage d’une heure de temps dont on a pas envie d’atteindre le terminus, mais tout à une fin sous ce soleil de plomb.

I’M not

Les marseillais d’IAM étaient l’une des têtes d’affiche de cette deuxième journée, en début de soirée sur la scène Zanzibar. C’était une première pour Akhenaton, Shurik’n, Keops et Kephren, qui ne c’étaient jamais produit au Cabaret Vert, malgré leurs 30 ans de carrière. J’avais l’occasion de les voir à Lollapalooza le mois dernier, mais j’avais rendez-vous à la même heure avec un autre artiste pour une interview. S’il y a bien une chose qui ne change pas, c’est le discours de prise de conscience qu’ils véhiculent sur scène, toute façon le groupe a toujours des choses à dire, mais côté musique je ne retrouve plus ce qui faisait leur charme au départ. En même temps ils ne sont plus très jeunes, ceci explique sans doute cela. Mais le groupe est toujours autant acclamé par plusieurs générations.

Rendez-vous au Razorback 

Rendez-vous, Cabaret Vert 2019. ©: Saint_xsl1 // Phenixwebtv.com
Rendez-vous, Cabaret Vert 2019. ©: Saint_xsl1 // Phenixwebtv.com

Je voulais absolument voir ce groupe, c’est la raison pour laquelle je ne me suis pas attardé au concert d’IAM et c’était aussi une occasion d’honorer cette scène du Razorback que je prends un malin plaisir à bouder, je ne sais pas pourquoi ? Ils sont 5 sur scène à distiller un punk agressif et en même temps jouissif, devant une foule d’adeptes que la chaleur ne semble pas déranger. Les riffs de guitare sont puissants, sans compter les nappes de claviers qui viennent donner à ce spectacle une saveur particulière.

Le punk n’est donc pas mort et c’est en punker que certains fans sont là, à l’image de ses deux amis qui se livrent une bataille de cheveux en devant de scène. Ce n’est pas le style de musique que j’ai pour habitude d’écouter, mais l’ambiance me plait bien. J’aimerai bien voir ce que ça donne dans une salle. 

J’ai le temps de me poser une seconde avec d’autres collègues, au milieu de cette foule immense, pour manger un bout avant de repartir de plus belle.

Un Ange passe

« Mon frère il ne m’a pas menti, il m’a dit tu verras, c’est un truc de ouf, en même temps on n’est pas trop loin de la Belgique », lâche Angèle depuis la scène Zanzibar à l’adresse d’une foule immense qui ne tient plus en place. « Tout oublier » en duo avec son frère qui était sur la même scène hier soir est lancé, ne pouvant être présent physiquement, c’est à travers un écran géant qu’il interprétera sa partie du morceau. Ce soir Angèle fait du Angèle comme à chacune de ses prestations et on reste rarement indifférent.

La dernière d’Orelsan

Cette fois-ci la fête est vraiment finie… ce soir, Orelsan achève sa tournée des festivals par le Cabaret Vert, avant d’enfiler son costume de membre du jury du 45ème festival du film américain de Deauville. C’est devant une foule d’ados complètement conquis que le rappeur se retrouve, lui qui avait décliné l’invitation l’année dernière pour remplacer Booba, après l’annulation de sa venue suite à la bagarre à Orly. Le public de Charleville-Mézières a tellement « Les bases » que c’est à se demander qui de lui ou du rappeur est en prestation ce soir. La scène Zanzibar est en ébullition et en prend plein la gueule quand le rappeur refait le portrait à tout le monde. Une belle fin de soirée qui ressemble plus à une fête de famille qu’à une « Défaite de famille ».

Samedi caniculaire à guichets fermés

Suivant la même lancée que la veille, le festival affiche complet pour cette journée du samedi avec comme tête d’affiche l’indétrônable Patti Smith, Fishback ou encore Salut C’est Cool

Le Dj Set de Fishback

Voyage au cœur des années 80 pour le public de la Greenfloor qui s’est laissé envouté par le DJ set de la jeune Fishback, originaire de la région, qui a eu les honneurs de voir le Maire de la ville assister à sa prestation. Si Boris Ravignon y a pris plaisir, il n’était pas le seul, puisque toute la fosse vibrait aux rythmes des basses dansante de cette locale, dont on n’est pas prêt de l’oublier tout de suite.

La légende Patti Smith 

C’était l’année dernière, au Fort de Saint-père à Saint-Malo, où j’assistais pour la première fois à un show de la légende du punk Patti Smith. Une claque dont je ne m’en suis pas remis, surtout avec son « people have the power », une invitation à peine masqué, adressée à la jeunesse qui rechigne à aller exprimer son opinion lors des élections. Ce soir ce n’est pas loin de la tombe d’Arthur Rimbaud, dont elle a racheté la maison, qu’elle joue. Une grande première, puisqu’elle n’a jamais joué au Cabaret Vert, même si elle est citoyenne d’honneur de la ville, « la première fois que je suis venue ici c’était en 1973…, je n’aurais jamais pensé qu’un jour je serai sur scène avec vous »

Patti Smith, Cabaret Vert 2019. ©: Florent Mayolet // DarkRoom
Patti Smith, Cabaret Vert 2019. ©: Florent Mayolet // DarkRoom

41 ans après sa sortie, les titres de l’album Easter résonne dans l’ensemble du stade Bayard. Elle nous parlera de Rimbaud, de sa première rencontre avec Hendrix dont on fête cette année le 50ème anniversaire d’Electric Ladyland The Jimi Hendrix experience.

Salut, c’était cool 

Ces sans doute le groupe le plus déjanté de cette 15ème édition sur la scène du Greenfloor. Les troublions de Salut C’est Cool, que j’ai découvert sur la scène du chapiteau lors de la dernière édition du Printemps de Bourges, sont en super formes pour prolonger en beauté la soirée dans la nuit de samedi à dimanche et la clôturer comme il se doit. Le quatuor nous plongera dans une ambiance complètement barrée où les corps en mouvements ne s’arrêtent plus, comme dopé par une mystérieuse pilule, sur scène le groupe qui était déjà programmé pour la première fois en 2014, est incontrôlable

Dimanche, fin du festival et Bilan

Un dernier réveil à Charleville-Mézières, une conférence bilan et retour à Paris. C’est déjà la fin de mon Cabaret Vert, tandis que la journée s’annonce également à guichets fermés. Une dernière journée qui représente la fin de vacances pour beaucoup de festivaliers, qui profitent de cette dernière descente pour se retrouver entre ami(e)s.

Cabaret Vert 2019. ©: DarkRoom
Cabaret Vert 2019. ©: DarkRoom

Le Cabaret Vert s’achève ce dimanche sur une bonne note, le festival a battu son précédent record avec 102.000 festivaliers qui ont foulé le site du Stade Bayard sur l’ensemble du week-end, grâce à une météo clémente et une programmation « plus populaire et moins risquée », comme l’avouera Julien Sauvage, le directeur du festival. Le rendez-vous est donc pris pour une 16ème édition l’année prochaine, du 20 au 23 août 2020.