Le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf donnait une série de concerts à l’Olympia les 23, 24 et 25 septembre dernier, nous étions au dernier concert. Le Kif
Depuis son premier disque « Diaspora » sorti en 2007, le trompettiste de jazz franco-libanais Ibrahim Maalouf a fait du chemin avec sa musique qui allie tous les styles : musique latine, orientale, rock, jazz, pop…

Douze ans plus tard, c’est avec « S3NS » que l’artiste revient sur le devant de la scène pour une série de live à l’Olympia, avant sa tournée de zénith dans toute la France et son show à la Seine Musicale le 15 décembre prochain. La mythique salle de l’Olympia n’a plus de secret pour l’artiste, puisqu’il y a joué pour la première fois en 2014, quelques semaines après sa première Victoire de la Musique (il en reçu quatre au total), qui était une première décernée à un instrumentiste.

Il flotte un air de Caraïbes dans les allées de l’Olympia ce soir, où Ibrahim Maalouf, Chevalier de l’Ordre du mérite et Chevaliers des Arts et des Lettres, achève sa série de trois concerts Sold Out. J’ai décidé d’assister à la dernière comme à mon habitude, c’est souvent lors de la dernière que la magie opère. Ce soir, le trompettiste nous fera voyager de Puerto Rico à La Havane avec son onzième album S3NS, dont la sortie est annoncée pour ce vendredi 27 septembre. Un album qui rend hommage à la musique afro-cubaine et à la culture latine et sur lequel l’artiste est entouré de quinze musiciens.
Voyage à la Havane

En première partie, nous avons fait la découverte de la jeune chanteuse Thais Lona qui nous fera voyager avec son univers musical aux saveurs soul et hip-hop, dans un flow à la Alicia Keas. Elle nous fera découvrir sa capacité vocale sur « Dancing Again », son titre au refrain qui sonne comme une thérapie, pour celle qui veut continuer à danser, même seule, après une rupture.
Faire S3NS

Les lumières s’éteignent, la salle vire au bleu, une silhouette fait son apparition sur Una Rosa Blanca, le deuxième extrait de S3NS dévoilé au public il y a deux semaines. Une mélodie qui fait référence au discours de Barack Obama à La Havane le 22 mars 2016, dont on entend d’ailleurs la voix dans le disque. Ibrahim se fait entendre au travers de sa trompette qui recouvre le silence religieux qui parcourt la salle.
C’est entouré de pointures que le spectacle va se poursuivre, le saxophoniste Irving Acao, une des étoiles montantes de la musique cubaine, nous offrira un aparté avec son instrument sur « Harlem ». Il ne sera pas le seul, puisque IB a aussi collaboré avec d’autres artistes à l’instar du pianiste Alfredo Rodriguez, présent ce soir pour quelques notes au piano et qui est également invité sur l’album S3NS.

Sans oublier la chanteuse et incroyable violoniste d’origine Cubaine Yilian Canizares, qui fera un tabac avec son violon. Deux artistes qui viennent de loin, mais tellement proche du public qu’on a envie de les garder pour nous.
IB le trompettiste
Une bête à la trompette, quel voyage, recevoir tous ses rythmes venus d’ici et d’ailleurs en une seule soirée. Quand on croit que c’est fini ça repart de plus belle, il passe de la trompette au piano, pendant que le reste de la troupe fait danser la salle dans des improvisations parfaitement maîtrisées. La machine est bien rodée, aucune fausse note.

La bande de sept musiciens tantôt assis comme dans une chorale gospel ou pour être drôle, comme les 7 nains, tantôt debout avec leurs instruments, attise les regards.
La fille derrière moi n’a d’yeux que pour le « blond tatoué aux oreilles percées » qui se trouve parmi eux, elle somme sa mère de regarder l’effet qu’il produit sur elle. Mais cette dernière n’a d’yeux que pour Ibrahim. Chacun son choix.
« Je veux que vous sachiez que jamais de la vie, je ne vous ai considéré comme étant acquis et à chaque fois c’est un renouvellement, le début d’une nouvelle histoire… », applaudissements dans la salle.
On l’écoute les yeux fermés, des youyous proviennent de la fosse et arrachent un sourire au sérieux de l’artiste, mais il ne se laisse pas pour autant déconcentrer et repart de plus belle avec sa trompette qui transpire tout comme lui. Ce n’est pas dimanche à Bamako, ni un jour de fête à Beyrouth, mais tous les ingrédients sont mis ensemble pour y ressembler.

Toute la salle est debout et frappe dans les mains, de la mezzanine au balcon on se trémousse. Un solo guitare de malade avec François, dont la maitrise nous transporte dans un autre monde. Ambiance stade de France avec toute la salle qui pousse des hurlements pour accompagner la batterie, comme un soir de victoire, sur « Na Na Na »
La fin est proche, les musiciens d’un collège montent sur scène avec guitares, percussions, cuivres, bois… ils joueront avec l’ensemble de la troupe du trompettiste le morceau « Happy Face ». Une belle tribune pour ces collégiens, rendue possible grâce à l’association « Orchestre à l’école » présent dans certains collèges et dont l’artiste soutien le combat. D’autres collèges seront d’ailleurs invités tout au long de sa tournée, une belle initiative qui permet à ces chanceux de pouvoir jouer sur la mythique scène de l’Olympia très jeunes.
« Ne laisse jamais personne t’empêcher de faire de ta vie un carnaval. »

Avant de jouer le dernier morceau, il reviendra sur l’histoire de son prochain album, dont le titre lui a été inspiré par sa grand-mère Odette, qui un jour de déprime, l’a regardé et lui a dit « Ibrahim, ne laisse jamais personne t’empêcher de faire de ta vie un carnaval. »
C’est un véritable carnaval pour cette dernière qu’il débute au piano avant de poursuivre en trompette, entouré de l’ensemble de son orchestre qui pousse dans les instruments durant plus de neuf minutes. Mais ce n’est pas vraiment la dernière, puisque l’ensemble des invités le rejoint sur scène pour un beau tableau final sur « Una Rosa Blanca », qui offre la possibilité à chaque musicien, de nous jouer un air de son instrument. Avec une Yilian Canizares qui pousse de la voix comme dans une chorale gospel, un beau moment que l’on pourra revivre le 11 décembre prochain au New Morning à Paris, pour fêter la sortie de son album. Un live festif et dansant, qui prend fin sous un tonnerre d’applaudissements bien mérités.

Il existe des concerts à la fin tu te demandes qu’est-ce que tu foutais la, mais avec Ibrahim ce n’était pas le cas, il a vraiment mouillé la chemise et tous ceux qui étaient présents peuvent en témoigner. Tout le monde était lessivé à la fin tellement on a bien dansé et sauté dans tous les coins. Durant plus de deux heures, l’Olympia a vibré aux rythmes puissants de la trompette d’Ibrahim Maalouf avec une facétie qui présage de meilleurs hospices pour la tournée S3NS qui démarre le 28 septembre par Brest.
Plus d’infos
S3NS, sortie le vendredi 27 septembre 2019.
Toutes les dates de la tournée :
28 septembre : Brest Arena
29 septembre : Zénith Nantes Métropole
6 octobre : Le Liberté, Rennes
12 octobre : Zénith Toulouse Métropole
13 octobre : Arkéa Arena, Bordeaux
19 octobre : Zénith Arena de Lille
20 octobre : Den Atelier, Luxembourg (Luxembourg)
26 octobre : Le Summum, Grenoble
27 octobre : La Halle Tony Garnier, Lyon
9 novembre : Rockit, Groningen (Pays-Bas)
10 novembre : Paradiso, Amsterdam (Pays-Bas)
16 novembre : La Sirène, La Rochelle
23 novembre : Zénith de Dijon
24 novembre : Zénith de Nancy
30 novembre : Opéra Garnier Monte-Carlo (Monaco)
1er décembre : Le Dôme, Marseille
8 décembre : Zénith Sud Montpellier
J aurais adoré y être
C’était un régal