Une bonne partie du monde vit encore dans une culture patriarcale. Cette partie s’identifiera mieux aux personnages de ce film tunisien, même si on ne parle pas arabe. Pour le reste, ce film peut casser certains stéréotypes et renforcer les autres. La femme ne couvre pas ses cheveux dans cette société conservatrice, mais l’homme essaie de contrôler sa vie. On est pauvre, la vie est difficile, l’homme ne fait rien pour la faciliter. La femme est fatiguée et mécontente. C’est l’histoire de beaucoup de femmes dans le monde. De plus, Noura Rêve est une histoire d’amour, de la passion, de la déception, de la peur et de la liberté.
L’équipe du film a fait un super travail, le film est très bien tourné, et les acteurs sont exceptionnels ! Noura (Hind Sabri) est mariée, mère de trois enfants, sans des vrais amis sauf un amant, Lassad (Hakim Boumsaoudi). Son mari, un voleur, est en prison et elle veut divorcer pour épouser son amant. Ce n’est pas si facile quand on a des enfants, surtout en Tunisie où L’adultère est un crime et le couple amant risque cinq ans de prison. Pour compliquer la situation, son mari Jamel (Lotfi Abdelli), sort enfin de prison !
Jamel n’est pas au courant de la demande de divorce de Noura, qui ne veut plus avoir des relations conjugales avec lui. Il aimerait recommencer sa vie familiale dès que possible et pense que Noura n’a plus besoin de travailler alors qu’il n’a pas un emploi légal non plus. Jamel est un homme typique du cercle inculte et sans argent dans une société patriarcale, qui essaie de contrôler sa femme et ses enfants, les abuse et passe tout son temps avec ses amis au lieu de s’occuper d’eux. Un homme qui agit sans réfléchir en utilisant la violence pour régler ses problèmes…
Noura aussi est une femme typique de cet environnement, mais plus courageuse. Elle travaille pour mieux élever ses enfants en l’absence de l’homme de sa vie. La seule chose que le spectateur n’arrive pas à comprendre est pourquoi elle ne dit rien à son mari à propos du divorce qui sera bientôt prononcé ? A-t-elle peur de sa réaction ? A-t-elle peur qu’il bloque son divorce ? On ne saura jamais. Ce qu’on sait c’est que le divorce est certain et il ne nous reste plus que la question des évènements entretemps…
Et les évènements qui s’enchaînent sont très intenses, très surprenants, même un peu hors de l’imagination. Noura a bien joué son tour, Lassad n’est pas si faible non plus et le perdant est Jamel finalement. Lassad n’est pas un homme complètement différent de Jamel, Il a des traits subtils d’un homme du même cercle mais il a quand même un cerveau qui fonctionne. Et on aime Lassad parce qu’il ne se comporte pas en playboy avec Noura et ne la laisse pas toute seule quand elle avait besoin d’un pilier. Leur relation est forte et a fait ses preuves, même si à la fin Lassad n’est plus si certain…
Les histoires qui se terminent en laissant les spectateurs dans le doute sont les meilleurs ! Tout est possible. Pourtant, dans le rêve de Noura, on dirait qu’elle sort comme une femme libre et heureuse des décisions de sa vie !
Bande annonce du film « Noura Rêve«
Plus d’infos
Noura rêve en salle
Belgique/Tunisie/France/Qatar, fiction, 2019, 92’
Scénario :
Hinde Boujemaa
Image : Martin Rit
Son : Marie Paulus
Montage image : Nicolas
Rumpl
Montage son : Julien Mizac
Décors : Rauf Helioui
Costumes : Salah Barka
Interprètes : Hend Sabri,
Lotfi Abdelli, Hakim Boumsaoudi
Producteur : Propaganda Productions/Imed Marzouk, Eklektic Productions/Samuel Tilman, Tatjana Kozar, Marie Besson, les Films de l’Après-midi/François d’Artemare