Ian Caulfield devait être sur la route pour sa première tournée, mais la crise sanitaire actuelle et le confinement imposé par les autorités ont eu raison de cette dernière. Un coup qui n’a pas empêché le jeune rémois de répondre à nos questions.

« Pas grand chose », c’est ainsi que s’intitule le premier titre de Ian Caulfield sorti en janvier dernier. Un titre qui peut s’avérer trompeur, si on se fie aux réponses de l’interview que son auteur a bien voulu nous accorder depuis son lieu de confinement.

Depuis que nous l’avons découvert au festival La Magnifique Society en 2018 sous ses faux airs d’un sujet de sa majesté, le jeune Rémois Ian Caulfield a fait du chemin. Nous sommes allés à la rencontre de cet artiste au cœur d’enfant, qui autrefois se cachait derrière un complexe d’infériorité qui aujourd’hui pas plus lieu d’être.

Salut Ian, merci de nous accorder cette première interview en pleine période de crise sanitaire où tout le monde se retrouve confiné. Comment tu vis ce moment et qu’est-ce que tu en penses ?

Ian Caulfield : Hey, avec plaisir ! Je me trouve actuellement Marseille où j’essaie d’occuper mon temps en composant de nouveaux morceaux, en continuant de réfléchir à mes prochaines sorties.

J’ai l’impression que le confinement concentre beaucoup de bonnes et de mauvaises choses à la fois. Les mauvaises, ce sont bien sûr l’impact sur la santé des personnes fragiles et l’isolement que cela provoque, l’annulation des festivals etc… La bonne, c’est que j’ai l’impression qu’on laisse du répit à notre monde pourri par la croissance qui ne profite qu’aux riches. La pollution qui diminue etc… Je trouve que ce c’est quelque chose d’assez positif et j’espère que ça fera bouger les consciences.

Ian Caulfield. (C): Sarah Yarmond

Toi qui faisait partie des 13 sélectionnés pour le Chantier des FrancoFolies de La Rochelle l’été prochain, tu dois être déchiré de voir cette belle tribune voler en éclats.

Ian Caulfield : Oui, j’avoue que les Francofolies est un festival que j’attendais avec impatience. C’est hyper agréable là-bas. Tant pis!

Nous t’avons découvert à la Magnifique Society à Reims en 2018. La même année, c’est au festival le Cabaret Vert que nous nous sommes laissé séduire par ton interprétation du très beau « Mess In New-York » où on te sentait vraiment possédé sur scène. Une histoire particulière avec cette ville ?

Ian Caulfield : Merci! New York a un écho particulier en moi ouais. C’est la ville de l’Attrape coeur, le livre qui a été un gros déclencheur pour mon début de projet solo.

Au départ on pensait que tu étais un sujet de sa majesté, vu ton look un peu à la British, ton nom qui n’aide en rien et le fait que tu utilisais la langue de Shakespeare sur scène. Rassures nous, nous ne sommes pas les premiers à être tombés dans le piège ?

Ian Caulfield : Vous n’êtes pas les seuls non haha. Mais maintenant que mon répertoire est exclusivement français j’imagine qu’on se posera moinss la question!

Fini le seul en scène comme au début, maintenant tu n’es plus seul en scène puisque tu es accompagné depuis peu et tu venais d’entamer ta propre tournée avant cette crise. L’aboutissement d’un long processus qui fini par payer ?

Ian Caulfield : C’est juste! J’étais arrivé au terme de presque deux ans de dates seules en scènes. J’ai éprouvé un grand besoin de me renouveller et de partager la route et la scène. C’est chose faite à présent et j’en suis vraiment ravi.

La scène doit terriblement te manquer en ce moment, comment tu t’occupes pour garder le moral et ne pas partir en vrille ?

Ian Caulfield : C’est clair que ça me manque beaucoup, d’autant plus que la tournée avait très bien commencé…

Pour m’occuper, je travaille le piano, j’essaie de composer de nouveaux morceaux, je lis, dessine, rattrape mon retard sur les films cultes que je n’ai toujours pas vus etc…

On constate en écoutant tes morceaux que la musique est une sorte de bouclier derrière laquelle tu te réfugies. Ton univers est assez introspectif et sombre, est-ce que cela résulte d’une blessure profonde ?

Ian Caulfield : Je crois que si je devais résumer mon côté mélancolique, je crois qu’il vient plus du fait que j’ai accumulé un certain nombre de déceptions qui m’ont pas mal atteint au fil du temps. C’est aussi que la musique teintée de nostalgie et de mélancolie a un effet très fort sur moi, alors c’est aussi ce que j’aime faire.

On ressent aussi une sorte de complexe d’infériorité qui semble t’habiter, cela sous entend-il que tu es constamment en train de chercher ta place dans ce milieu ?

Ian Caulfield : Vous vous êtes bien renseignés sur le sujet! haha

J’ai longtemps eu un très gros complexe d’infériorité car j’étais assez peu entouré. Je n’avais donc personne pour m’aider à pousser davantage mes réflexions artistiques mais aussi pour me conforter dans mes choix. Lorsqu’on est seul, un jour on pense faire des miracles et un jour on pense être dénué de tout talent. Le doute est toujours extrêmement présent. Il suffit qu’on aille un peu moins bien et les jours où se sent comme une merde deviennent beaucoup plus nombreux.

A présent je suis plus entouré donc je pense avoir pas mal évolué ce niveau.

T’es une sorte de Peter Pan en fait, tu n’as pas vraiment envie de grandir, tu comptes te réfugier dans ce monde parallèle encore longtemps ? Faut bien accepter de vivre dans le monde adulte, même s’il paraît dangereux, tu ne trouves pas ?

Ian Caulfield : C’est quoi le monde adulte pour vous? Je ne passe pas mes journées dans un bac sable vous savez. haha

J’essaie juste de redécouvrir les choses chaque jour, de ne pas me laisser envahir par ce qui enlève de la saveur à la vie. 

En tout cas je fais de la musique et des concerts pour changes les idées des gens. C’est à moi de vous demander si vous ne voulez pas plutôt devenir Peter Pan le temps d’un instant? 😉

Ton dernier single « pas grand chose » est assez entêtant et de surcroît en français. Mais quand on tend bien l’oreille on s’aperçoit que c’est une sorte de transition que tu as réalisé entre l’ancien et le nouveau. Où trouves-tu l’inspiration pour développer ta musique ?

Ian Caulfield : J’essaie de ne jamais trop me référer à une inspiration en particulier et me concentrer sur mon ressenti pour proposer quelque chose de personnel.

Mais je m’inspire de ce qui m’entoure, de phrases originales que peuvent dire les gens, des films que je vois…

Mucicalement j’aime beaucoup Brassens, Charles Trenet, Tame Impala, The Clash, Aphex Twin, Lana Del Rey, Nekfeu, Thom Yorke, Pete Doherty

Il t’arrive de jouer sans bonnet ou casquette ? Parce qu’on a beau cherché on ne trouve pas.

Ian Caulfield : Ça m’est arrivé ouais! Mais j’aime bien les couvre chefs c’est vrai.

Dans la nouvelle vague d’artistes émergents, quels sont ceux dont tu te sens le plus proche ?

Ian Caulfield : J’aime beaucoup P.R2B avec qui j’ai partagé la scène que j’admire beaucoup. Il y aussi mes potes de Inuït, je bosse avec l’un d’entre eux (Alexis Delong) sur mes productions. J’ai aussi pas mal de potes que j’apprécie beaucoup et qui font de la super musique : Pomme, Pijama, TRENTE, Thx4crying, Tomasi…

J’aime beaucoup Fils Cara aussi. Pas mal rincé l’album de Ryder The Eagle aussi… Honnêtement il y en a plein.

Merci d’avoir pris un peu de ton temps pour répondre à nos questions, on espère te revoir sur scène très bientôt. D’ici là, prends soin de toi.

Ian Caulfield : Merci à vous! <3

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