Gaétan Nonchalant a accepté de répondre à nos questions au cours d’une interview autour de son premier EP Tout Ça Pour Ça, disponible depuis le 1er mai dernier.
Gaétan Nonchalant n’est pas du genre à « Gagner son pain » en gardant nonchalamment les bras croisés. Il l’a prouvé en dévoilant son premier EP Tout ça pour ça le 1er mai dernier, jour de la fête du travail. Un EP conçu comme un antidote aux angoisses du monde contemporain et à la condition humaine, qui vous ne vous laissera pas de marbre. Un peu taquin sur les bords, avec une dose d’autodérision qui ne manquera pas de vous surprendre comme nous l’avons été.
L’univers de ce jeune désinvolte aux origines Belges n’est pas éloigné de celui des artistes comme Philippe Katerine dont il s’inspire depuis des années. Une poésie sincère, qui s’affranchit des codes de la pop actuelle, pour nous proposer quelque chose de singulier. A l’aube de ses 20 ans, Gaétan effectue un séjour d’un an au Japon où il a sorti un premier disque et donné ses premiers concerts.
En attendant de le retrouver sur la scène du Petit Bain le 23 septembre prochain, il s’est ouvert à nous au cours d’une interview où la nonchalance n’avait pas sa place.
On a été séduit par l’ambiance de ton dernier clip « Gagner son pain » qui nous a permis de découvrir ton univers. Comment on arrive à gagner son pain en tant qu’artiste dans cette période particulière où il est impossible de se produire sur scène ?
Gaétan Nonchalant : J’ai fait pleins de trucs c’est un peu le point de départ du clip, je me lasse vite des boulots, c’est comme des petites aventures. Je me fais des films en bossant au musée, dans des restaurants, en déchargeant des camions de marchandise… J’avais lu Vagabond Solitaire de Kerouac au collège, un recueil où il est tour à tour cheminot, cuisinier sur un paquebot etc je pensais à ça pour me donner de la force. Et à Bashung, Christophe, ils sont tous passés par la « On ne mangeait pas tous les jours du mois, ma guitare et moi » chante Christophe dans le dernier des Bevilacqua. Mais là c’est cool, ça commence à rouler juste avec la musique ça fait très plaisir.
Ton premier EP disponible depuis le 1er mai dernier s’intitule « Tout ça pour ça » sans ponctuation à la fin. Comment faut-il l’interpréter ?
Gaétan Nonchalant : C’est une bonne question. Libre à chacun de ressentir les textes et le message global comme il l’entend. l’EP est pas vraiment désabusé, certes il y a beaucoup d’incompréhensions, beaucoup de doute, mais c’est quand même un constat d’urgence à profiter, se poser les bonnes questions, faire abstraction de beaucoup de choses pour vivre sa vie comme on l’entend. Et il faut être fou quand même pour pas voir la beauté des plantes, de la lune, de la vie. Le titre de l’EP il sera à prendre au pied de la lettre si on n’arrive pas à faire en sorte de les protéger dans les années à venir. On touche du bois.
On a découvert que tu as été Stone avec Philippe Katerine en septembre dernier. Quels sont les artistes qui t’inspirent et avec lesquels tu rêves de partager une scène ou un duo ?
Gaétan Nonchalant : Philippe oui tout a fait. Il m’inspire énormément depuis des années, tous ses disques, sa personne, ses livres. En ce moment je réécoute à fond l’album Les créatures (Americaine, Gare du Nord, Au pays de mon premier amour). J’ai besoin d’aimer humainement les artistes que j’écoute, c’est comme des proches, ils sont avec moi tout le temps. Et là cet amour a pu se matérialiser physiquement, j’ai eu la chance de rencontrer Philippe, en le croisant plusieurs fois, notamment sur ce magnifique clip de mon amie Edie.
Sinon je rêverais de partager la scène avec Neil Young, être sur le côté pour faire des harmonies vocales et le regarder. Haruomi Hosono, chanter à deux au vocoder dans un décors futuriste. Sebastien Tellier aussi qui à l’air d’avoir une superbe vision de la scène et du studio. Très généreuse et guidée par le hasard d’une force créatrice, je l’aime énormément. Qu’un de mes albums soit orchestré par le Penguin Café Orchestra, la musique qui dépeint le mieux la vie.
L’ambiance est très folk sur « Berezina », avec une mélodie entêtante dont on a du mal à se débarrasser. Tu avais un objectif à atteindre en composant les six pistes de ce premier EP ?
Gaétan Nonchalant : Non pas vraiment, à part toucher les gens. J’espère toujours très fort que ça va parler à certaines personnes, que les gens vont se retrouver dans ce que je raconte. J’ai pas d’objectif, moi je fais ça parce que c’est ce que je sais faire, parce que c’est ça qui m’habite toute la journée. Mais pour moi d’abord, pour me faire du bien, pour créer quelque chose. Après effectivement ça prend tout son sens quand il y a des gens qui me disent que tel ou tel morceau leur fait du bien, les accompagne, d’une certaine manière je sais que j’ai réussi.
Comment se porte Jacques Nonchalant depuis qu’on l’aperçu dans le clip « c’est la vie » ? Et tu en es où de l’histoire du livre illustré ?
Gaétan Nonchalant : C’est gentil de s’intéresser à lui ! Il va très bien, il est un peu occupé en ce moment alors il avance pas trop mais il est toujours la partout. Non plus sérieusement ça va être un des projets à la suite de l’EP, je voudrais faire en sorte de l’écrire et de le dessiner d’une traite en résidence dans la foret de Kyoto en 2021. Je suis en train de planifier tout ça. J’ai 60 pour cent du scénario, les personnages, plus de la moitié de sa bande son. Ca va se faire, gentiment d’ici un ou deux ans, c’est quand même l’histoire d’un escargot !
Tu as lancé ta carrière au Japon avec un premier disque et c’est également là-bas que tu as fait tes premières scènes. Quel souvenir gardes-tu de cette période ?
Gaétan Nonchalant : J’avais vingt ans et je partais seul dans le pays de mes rêves pendant plus d’un an, c’était de l’extase quotidienne non stop, peak time permanent. J’ai rencontré un type énorme, Nic Liu, qui venait de créer son label Love Hotel record. Je l’aidais pour pleins de trucs et de fil en aiguille je me suis retrouvé à faire les premières parties des concerts qu’on organisait et puis finalement a sortir un disque sur le label, c’était beaucoup plus expérimentale que ce que je fait maintenant. Nic travaille avec Keita Sano, Soichi Terada, j’avais même fait une track avec Soichi et mon ami Come Ranjard, qui ne verra probablement jamais le jour haha. La vie est très très douce avec moi là-bas, c’est pas juste un souvenir, je le ferais jamais appartenir au passé. J’y suis retourné pour deux bons mois l’année dernière, j’ai fait quelques dates à Tokyo et Hokkaido et je vais y retourner vite, très vite, dès que je peux.
La fin du confinement nous permettra-t-elle de te découvrir sur scène très bientôt ? As-tu déjà des projets en vue ?
Gaétan Nonchalant : Je sais pas trop exactement quand les concerts vont reprendre. Mais il y a déjà une date au Petit Bain le 23 Septembre, il y aura des invités spéciaux et j’adore cette salle, ca va être une super soirée, avec Thousand qui joue aussi. Et le projet c’est de continuer à bosser la sortie du disque, prendre du bon temps cet été et préparer le prochain disque. J’ai déjà beaucoup de morceaux, il faut que je me pose, voir quels visages définitifs je veux leur donner.
Plus d’infos
Tout Ça Pour Ça, le premier EP de Gaétan Nonchalant est disponible depuis le 1er mai sur toutes les plateformes.