Thérèse a dévoilé son premier single solo « T.O.X.I.c » le 17 juillet dernier. Elle a accepté de répondre à nos questions autour de ce dernier qui prend un virage plus électro et de son premier projet attendu pour 2021. Entretien 

Ce sera Thérèse, pas Teri ou Teresa, Mais Thérèse. Ce prénom féminin d’origine grecque (Therasia), que porte une sainte très connue de l’Eglise catholique et d’origine française (Sainte Thérèse de Lisieux). Mais la Thérèse qui nous accorde un entretien aujourd’hui a pour nom Sayarathet n’a rien d’une sainte, en apparence en tout cas. Mais comme les apparences peuvent parfois être trompeuses, on n’ose pas trop miser un billet.

Thérèse Sayarath n’a pas toujours été à l’aise avec ce prénom qu’elle porte depuis sa plus tendre enfance, il lui a fallu pas moins de 25 ans pour l’accepter, un quart de siècle. Mais aujourd’hui elle l’assume pleinement et s’est résolu à appeler son premier projet Thérèse. Un prénom sous lequel nous l’avons connu avec le duo La Vague il y a déjà trois ans. Le même qu’elle a décidé de garder pour son projet solo qui sortira l’année prochaine.

Elle n’a pas voulu tricher ou encore moins se cacher derrière un pseudo. Elle avance à visage découvert et se met presque à nue dans son premier single « T.O.X.I.C » disponible depuis le 17 juillet dernier et qu’elle a accompagné d’une session live en attendant la sortie du clip à la rentrée. Thérèse nous parle de Thérèse et de son travail pour se réconcilier avec soi-même afin de vivre la vie à laquelle elle a toujours aspiré.

Thérèse par Marilyn Mugot

Tu te lances dans une aventure solo en faisant le choix d’intituler ton premier projet « Thérèse » comme ton prénom. Une façon humble de se présenter au public ?

Thérèse : Je ne sais pas si c’est une façon « humble » de faire. Pour tout vous avouer, j’ai (pas très longtemps) hésité au départ, car j’avais peur d’avoir le même nom « à la scène comme à la ville ». Peur de ne plus faire la différence entre mon personnage public et mon moi « privé » ou « intime ». Puis en y réfléchissant un peu, je me suis dit que finalement, tous « ces moi-s » sont en fait une seule et même personne. Du coup, je me suis résolu à appeler le projet « Thérèse » et pas autrement, sans me cacher derrière un pseudo ou autre, par souci de simplicité et de sincérité vis-à-vis de l’idée de « multiplicité identitaire » que je défends. Puis c’est une belle revanche sur mon prénom que j’ai mis 25 ans à accepter. Aujourd’hui je l’ai bien adopté et ça m’aide à l’assumer pleinement. 

Quand as-tu prise la décision de te lancer en solo ? 

Thérèse : Une ou deux semaines après la fin du confinement. Oui, je sais, ça fait pas longtemps… En vrai, ça fait même pas un mois que j’ai reçu le master de T.O.X.I.C dans ma boîte mail… J’y songeais déjà un peu depuis le début d’année mais sans vraiment m’être fixée de deadline. Cette étrange période a simplement accéléré des réponses aux questions que je me posais probablement inconsciemment. 

Est-ce que ce nouveau projet solo ne finira pas par prendre le pas sur ton autre projet avec Jonathan ? Cela ne risque-t-il pas d’entraîner votre séparation ? Ou c’est déjà le cas ?

Thérèse. : Avec Jonathan, on se parle ouvertement et on en a évidemment pas mal discuté. Il est au courant de mon cheminement artistique autant que je suis le sien. En effet, La Vague prendra fin, mais pas avant qu’on ait pu dire au revoir sur scène au public qui nous a soutenus pendant 3 ans ! Aujourd’hui, nos envies sont simplement différentes. Il a ses projets, moi, le mien, et on se soutient mutuellement, d’un peu plus loin qu’avant. 

« T.O.X.I.C » raconte un peu ça. Comment j’ai changé mon rapport à l’autre et à moi-même pour me libérer de carcans dans lesquels je m’étais enfermée ou laissée enfermer.

THÉRÈSE

Pourquoi avoir choisit « T.O.X.I.C » comme premier single de ton premier projet solo prévu pour 2021 ?

Thérèse : Parce que le texte était symboliquement fort pour moi. Ces deux dernières années ont été une période d’émancipation assez forte, où j’ai continué à déconstruire des croyances qui m’empêchaient d’avancer, de façon assez drastique. « T.O.X.I.C » raconte un peu ça. Comment j’ai changé mon rapport à l’autre et à moi-même pour me libérer de carcans dans lesquels je m’étais enfermée ou laissée enfermer. Aussi, avec Adam Carpels (le producteur avec lequel elle a co-composé le titre) on avait décidé de faire un son assez dansant. Même si le thème est dur, l’issue finalement joyeuse ! Donc on s’est dit que ce serait cool de sortir celui-ci pour faire danser les gens après ce confinement qui nous a empêché de bouger.

Live Session du single T.O.X.I.C

Comment se débarrasse-ton, après des années de passivité, d’une relation qu’on considère comme toxique ? As-tu la recette miracle ?

Thérèse : Hahaha, oui je l’ai. Mais c’est 12 000€ la réponse ! Non, évidemment que je n’ai pas de recette miracle. D’ailleurs je ne suis pas sûre que ça existe. En tout cas, je n’y crois pas. Le seul conseil que je puisse donner, c’est d’écouter plus son coeur que ses peurs (qui sont mentales). Nos peurs sont essentielles pour nous empêcher de faire des choses stupides ou dangereuses (sauter d’un pont « juste pour voir » par exemple), mais quand elles prennent trop de place, elle deviennent généralement un frein à notre développement. En tout cas, c’est ce que je crois. Concernant les relations, je crois que les gens entrent dans nos vies parfois pour un jour, un an, vingt ou plus, et qu’il est important de ressentir et comprendre la temporalité d’une relation – qu’elle soit familiale, amoureuse, amicale, pro… La durée ne reflétant ni l’importance, ni l’intensité du lien entre deux êtres. 

Ce qui m’a aidée, c’est de m’ôter la peur de « perdre physiquement » des gens autour de moi. Arrêter une mauvaise relation, c’est aussi « faire de la place » à une nouvelle potentielle bonne relation. C’est bien – il me semble – de laisser évoluer la relation en fonction de nos besoins et envies. Et surtout s’entourer de gens qui nous font plus de bien que de mal – sans pour autant que ce soit des rapports bisounours/hypocrites où on ne se dit pas honnêtement les choses par peur de blesser. Je considère que la vie est fluide et donc que les êtres humains et relations aussi. Puis qui sait, parfois, ça va, ça vient. Tu peux ne plus parler à ton frère pendant deux ans, évoluer / le laisser évoluer et recréer une relation. En vrai, je crois que les relations ne s’achèvent pas totalement. Elles mutent. Une personne qu’on a côtoyée continue de vivre à l’intérieur de nous, qu’on la revoit un jour ou plus jamais. 

A travers ce premier projet, c’est un sentiment de liberté retrouvée que tu essayes de mettre en musique ?

Thérèse : Oui. J’essayais déjà à travers La Vague et là, encore plus. Je pense que c’est une thème qui me poursuivra toute ma life. En tout cas, je l’espère. 

je suis plus saucée que jaja. 

THÉRÈSE

Après la crise qu’on vient de traverser et qui n’est pas encore complètement derrière nous, c’était la meilleure période pour dévoiler ton projet quand d’autres pensent à reporter ?

Thérèse : Au vu de tout ce qui s’est passé ces derniers mois, je me suis dit qu’il n’y avait pas de « meilleure période ». J’ai vu des projets de potes se prendre des murs énormes après des mois et des mois de préparation. J’ai eu beaucoup de peine pour eux. Je me dis que ça doit être assez démoralisant, voire traumatisant. Certains m’ont dit que j’étais folle de me lancer aujourd’hui, alors que l’industrie était au plus bas… Je ne sais pas si c’est de la folie, mais ce que j’ai retenu de cette leçon, c’est qu’on peut anticiper et préparer les choses tant qu’on veut, si la nature en décide autrement, c’est elle qui gagnera. En vrai, on ne sait pas quand le covid se ré-abattra sur nous. Si c’est pas ça, ce sera un ouragan ou une comète, qui sait ? Sans bâcler les choses, j’ai opté pour la philosophie de faire « tant qu’il en est encore temps » et tant que l’envie est là. Et pour ma part, en ce moment, l’envie est gigantesque et je suis plus saucée que jaja. 

Un clip est prévu à la rentrée pour ce premier single, à quoi faut-il s’attendre ?  

Thérèse : A quelque chose de très beau ! Ce n’est pas à moi que je jette des fleurs, mais à mon réal Charlie Montagut et à son co-real Thomas Daeffler. Mais aussi à tout le reste de l’équipe. Je rebosse avec mes amis qui avaient fait le clip de « Lemme Be » de La Vague et promis, on vous prépare un truc chouette. Le visuel est quelque chose d’important pour moi (cinéma, photographie). J’aime les belles images, les jolies lumières, les cadres travaillés, un stylisme fort… Le projet « Thérèse » a pour vocation d’être aussi sonore que visuel. Inch’allah un jour tactile, olfactif et pourquoi pas gustatif. Plus mes sens sont sollicités, mieux je me porte ! Pour en revenir au clip, je ne vous en dis pas plus, vous verrez ça à la rentrée !

On te voit également sur plusieurs fronts : musique, stylisme, activisme… avoir plusieurs casquettes est finalement quelque chose qui te va comme un gant ?

Thérèse : J’ai choisi de ne pas choisir et d’arrêter de culpabiliser avec le fait d’être une personnalité horizontale et transverse. Je m’ennuie vite quand je me sens enfermée dans un seul sujet. Evidemment que je n’accorde pas la même importance selon les phases à mes 3, 4, 5 activités. Mais je me suis rendue compte que non seulement elles me nourrissaient toutes, mais qu’elles se nourrissaient aussi entre elles. Ce serait con de s’en priver…!

j’ai la désagréable sensation en ce moment que le « militantisme » est devenue une mode plus qu’une réelle lutte d’idées réfléchies.

THÉRÈSE
Thérèse par Marilyn Mugot

On t’a également aperçu très active au début de l’épidémie de COVID-19 avec les discriminations dont on été victimes les Asiatiques en France. Il y a ensuite eu des protestations à travers le monde menée par le mouvement « Black Lives Matter » suite à la mort de Georges Floyd aux états-unis. Comment analyses-tu cette situation ? 

Thérèse : Le racisme a toujours existé et même si je me bats contre depuis quelques années de façon plus active, que je crois à l’universalité, j’ai bien peur qu’il ne s’éteigne jamais complètement… En revanche, ce qui m’inquiète, c’est que j’ai l’impression que ces sujets sont de plus en plus exacerbés du fait de notre condition d’être humains sur terre. Les inégalités sociales, les difficultés économiques, les inquiétudes écologiques tendent consciemment ou inconsciemment tout le monde. Et le rêve du capitalisme ne tient plus debout et la spiritualité est en crise dans le monde occidental. Il y a beaucoup de colère mal gérée ou mal exprimée et cela dévie en violences – verbales ou physiques. 

Je me sens assez perplexe face à cette situation car j’ai parfois la sensation que le syndrome de la division gagne de plus en plus de couches. Que les racistes soient d’un côté et les non- et antiracistes de l’autre, je le conçois. Mais je trouve qu’il y a une guéguerre qui se crée entre les non- et antiracistes et que les antiracistes eux-mêmes se cherchent des points de discordes – parfois futiles – pour encore plus se diviser, alors que l’objectif à mon sens est de se battre ensemble contre toutes les discriminations. 

Par ailleurs, j’ai la désagréable sensation en ce moment que le « militantisme » est devenue une mode plus qu’une réelle lutte d’idées réfléchies. Que certains vont en manif comme on va à Coachella, changent leur photo de profil sur les RS et passent la semaine suivante à une autre lutte plus en vogue, en faisant l’économie de la réflexion. Que pas mal de gens se retrouvent possédés par des idées plus qu’ils ne les possèdent. Je trouve ça dangereux. Certains me disent que malgré tout, il y a du mieux. Je n’ai pas suffisamment de recul sur ce qui se passe en ce moment. J’attends de voir et ne demande qu’à me tromper. Je suis une optimiste critique… 

Et dernière chose à ce sujet, il y a un culte de l’exemplarité qui se développe très fort. J’entends par là le fait que j’ai le sentiment que chaque endroit de la société (réel ou virtuel) est un peu devenu un tribunal où plus personne n’a le droit à l’erreur. Que tout être humain – notamment les personnalités publiques – qui fait le moindre faux pas est bon pour une lapidation ou guillotine publique. Ce qui est très contradictoire avec le discours que tiennent souvent ces mêmes personnes sur l’acceptation des différences, la tolérance, l’unicité etc. Encore un paradoxe caractéristique de notre ère, propre à l’être humain probablement… Que j’accepte volontiers en tant qu’existentialiste. 

Est-ce que tu peux affirmer aujourd’hui que tu t’es réconciliée avec toi-même ?

Thérèse : Oui, en tout cas en ce moment. Et je savoure. La réconciliation n’est pas une béatitude tranquille. C’est à mon sens l’acceptation honnête de ce qu’on est dans sa globalité, sur les 3 dimensions tête / coeur / corps (cf. mes vidéos YouTube sur le selflove). Cela ne veut pas dire que je ne souffre pas parfois de ce que je suis et que tout va toujours bien ! JE constate simplement qu’avec tout le travail effectué, je me sens la plupart mieux dans mes pompes. Mais je ne sais pas de quoi sera fait demain et ce que les prochaines épreuves de la vie vont susciter chez moi. Tout est fluide… On verra bien !

#SelfLove épisode 1

Quelle est ton actualité pour les semaines à venir ?

Thérèse : Je tourne le clip de « T.O.X.I.C » avec la team la semaine du 28 juillet. Ensuite je prends dix jours de vacances pour recharger mes batteries avant la rentrée. Une résidence à venir avec Adam et Théau (notre ingé son) à Lille fin août / début septembre pour préparer le live du mois d’Octobre (je croise les doigts). Puis je continue mes activités de stylisme et entre tout ça, je laisse un peu de place pour l’imprévu…

Plus d’infos

T.O.X.I.Cle premier single solo de Thérèse est disponible sur toutes les plateformes.

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