Conte contemporain, drame familial ordinaire – Roman pour ados et adultes

Un loup revient chaque nuit sauver un enfant… Hiver 1966, Adrien et sa mère s’exilent suite à un décès. Isolé, l’enfant aspire à se raccrocher à quelque chose, à quelqu’un. Près du bois, un grand loup blanc rôde et va se lier avec le garçon.

Jean-Frédéric Vernier est auteur de théâtre et de fictions radiophoniques, il est bénévole auprès de personnes malades et en fin de vie. L’Enfant loup est son premier roman. Il est paru en septembre denier aux éditions atelier Henry Dougier au prix de 16 € et comporte 192 pages.

Au début du récit, la demeure dans laquelle sont sur le point d’emménager Adrien et sa mère avait été bénite à sa construction au cours du 18e siècle en signe de protection. C’est la maison de l’orée du bois et le père de l’enfant y passait ses vacances lorsqu’il était petit. Au premier abord, la rencontre avec la vieille femme rustre qui en détient les clefs et habite plus loin dans une ferme sinistre et cet enfant venu de la ville, est peu engageante.

Partis à la hâte à la suite de la disparition du père, ils ont tout laissé derrière eux, amis et vie sociale. L’enfant ne va pas à l’école du village. Il va apprendre à devenir maître de son destin et aller à la rencontre de celle qu’il nommait la sorcière, elle a des choses à lui transmettre. Sans attendre, il fait le choix d’affronter la réalité parfois cruelle et de ne pas se laisser envahir par l’inquiétude, sa vie est devant lui.

Trouver sa voie, tirer des conclusions à ses actes

Petit à petit, Adrien découvre, il se questionne beaucoup, confronté à la perte et face à une mère qui peine à s’en remettre. Le jeune garçon est conscient de sa tristesse, elle se mure dans le silence et devient de plus en plus indifférente.

Comment être courageux face à ce qui fait peur dehors et chez les autres ?

Il se balade sur les chemins parcourus par son père, enfant. Il s’aventure plutôt que de se retrouver enfermé, il fait le choix de se « soustraire au malheur » pour ne pas sombrer, d’accepter et d’apprendre l’audace. Il découvre que la vieille femme a conservé la connaissance ancienne et sait soigner par les plantes. Il part ressentir la peur réelle et se confronte au contact de la nature dans laquelle il va puiser ses forces et faire face à la brutalité sans vice du monde de l’instinct.

Dépasser la culpabilité avec courage pour être serein et se situer au sein d’une famille composée d’un enfant et d’un couple

La légende qui navigue avec la réalité sert une réflexion philosophique, utilisée habilement par l’auteur. Guidé dans son initiation et son apprentissage par un homme solitaire et la sorcière observatrice et lucide qui le mettent face à sa propre écoute, sans détours, il va découvrir l’intérêt de trouver sa place sans porter le poids de ce qui pèse sur ses proches. Assumer d’être vivant sans les abandonner pour autant. Il est question de survie, d’élan, d’instinct de vie. Apprendre à échanger, pouvoir dire la souffrance et la colère, extérioriser pour s’en libérer ; des m-a-u-x souvent difficiles à décrire car vécus de l’intérieur.

Courts extraits de citations tirées au long de la lecture du livre :

« je n’étais pas en âge de la protéger (se libérer d’obligations pas de son âge)… Ne pas laisser enfler la douleur… Se sauver et vivre… L’oubli n’existe pas… Je t’aime et je te pardonne… Aimer l’un pour aimer l’autre… Pensées contraires… Je suis né à 8 ans. »

« Continuer à vivre avec son passé » en se libérant pour avancer et faire son deuil ?

Le texte questionne sur ce qu’est le mal, l’équilibre fragile des sentiments opposés, les dangers de l’incompréhension et l’intérêt de dialoguer. Nous sommes face aux réflexions d’un enfant et l’action qu’il mène pour s’en sortir. Le message porté est salvateur, les descriptions des décors et des sensations sont prenantes. Un rapport se met en place entre le corps et la nature.

Ce livre fait écho à la chanson de Jacques Higelin intitulée La Croisade Des Enfants

« Pourra-t-on un jour vivre sur la terre / Sans colère, sans mépris
Sans chercher ailleurs qu’au fond de son cœur / La réponse au mystère de la vie? Dans le ventre de l’univers / Des milliards d’étoiles
Naissent et meurent à chaque instant / Où l’homme apprend la guerre à ses enfants

J’suis trop petit pour me prendre au sérieux / Trop sérieux pour faire le jeu des grands Assez grand pour affronter la vie / Trop petit pour être malheureux

Verra-t-on enfin les êtres humains / Rire aux larmes de leurs peurs Enterrer les armes, écouter leur cœur / Qui se bat, qui se bat pour la vie?

Trop petit / Pour les grands / Assez grand / Pour la vie »
(contact presse : Estelle Laurentin) / Père violent : cf DOCU TV