John Lee Hooker est un des piliers du blues, et la chanson « I’m bad like Jesse James » un de ses chefs d’œuvres.

John Lee Hooker nait en 1917 à Clarksdale dans la région du Delta du Mississipi. Il meurt en 2001 à Los Alto en Californie. Entre temps, il a été un des grands du Chicago blues. Les noirs du Mississipi étaient sortis des champs de coton et remontaient vers les usines automobiles de Detroit et Chicago. Ils trouvaient du travail, mais gardaient la nostalgie de la chaleur du sud. A partir des années 40, pour répondre à leurs besoins les compagnies de musique firent monter des musiciens du sud. John Lee Hooker, comme Muddy Waters ou BB King fait parti de cette vague.

La discographie de Hooker est à la fois simple et compliquée. Il donne l’impression de jouer toujours le même morceau, sur le même tempo, en changeant très peu d’accord. L’écoute d’un disque de ses plus grands titres des années 40 et 50  donne une impression de monotonie absolue. Il est de ceux qui font  du blues une musique répétitive et parfois ennuyeuse.

En même temps cette discographie est foisonnante. En première partie de carrière, mal payé, il multiplie les enregistrements chez toutes les compagnies, chantant sous des pseudonymes divers les mêmes morceaux, en variant à peine les parolesEnsuite, pour introduire de la nouveauté, les producteurs vont multiplier les  environnements : seul à la guitare acoustique, seul a la guitare électrique, avec un groupe de blues, de jazz, de rock, américain ou anglais, avec des stars internationales (Santana, Van Morrison)…

Mais la monotonie et le n’importe quoi discographique ne doivent pas faire oublier le musicien. Il a été l’un des premiers à s’accompagner à la guitare électrique. Son boogie a influencé des générations de musiciens. Il bénéficie en plus d’une voix exceptionnelle comme sortie d’outre-tombe, dont le timbre donne la chair de poule.

Ecoutez le dans un de ses meilleurs disques, paru en 1967, live at the café au Go-Go. Il est accompagné par les musiciens de Muddy Waters. Le titre d’ouverture est ce I’m bad like Jesse James. Le Jesse James dont il est question n’est pas le bandit romantique des Westerns. Un noir du Mississipi ne peut pas oublier que Jesse James a commencé comme soldat confédéré défendant l’esclavage. John Lee campe un chef de gang qui apprend que sa copine a couché avec un autre. Il envoie ses soldats l’attraper, plonger ses pieds dans le béton et le jeter  dans le lac Michigan. A la fin, il imite les borborygmes de celui qui se noie.  Tout le long du morceau, le piano sonne comme un glas. Peu de titres évoquent de manière aussi glaçante la cruauté du ghetto.

I’m bad, I’m bad like Jesse James, uh-huh

Je suis mauvais, mauvais comme Jesse James

I had a friend one time

J’avais un ami une fois

Least I thought I did

Au moins je croyais que je l’avais

….

They gonna tie yo’ hands

Ils vont attacher tes mains, 

They gonna tie yo’ feet

Ils vont attacher tes pieds

They gonna gag your throat

Ils vont bâillonner ton cou

Where you can’t holler none

Tu ne pourras pas hurler

An cryin’ won’t help you none

Et pleurer ne te servira à rien

Set you in the water

On te jettera dans l’eau

Yeah, the bubbles comin’ up.

Yeah, les bulles remonteront

Whoa

Rrrrrrr

Rrrrrrr

Oh yeah, I’m so mad!

Oh yeah, je suis tellement fou !