Hommage à Christa Ludwig, qui vient de nous quitter à l’âge de 93 ans.

Avec sa voix de mezzo soprano elle a été un Chérubin dans Mozart, mais elle reste d’abord pour moi, la chanteuse du « Chant de la Terre ».

L’âge du 33 tours avait commencé depuis 1946. En 1958, sortaient les premiers disques en son stéréophonique. Nous sommes en 1966. La technique d’enregistrement a déjà atteint un niveau de perfection extraordinaire. On peut entendre les musiciens tourner les pages de la partition.

Le vieil Otto Klemperer est à la baguette et dirige le New Philarmonia. Il a 81 ans, il étire le son à l’infini. D’origine juive et germanophone, il avait du fuir l’Allemagne nazie. Pour exprimer sa pensée de l’œuvre il a deux grands interprètes, le ténor Fritz Wunderlich et Christa Ludwig, au sommet de leur art.

Cette symphonie pour ténor, alto et grand orchestre a été composée en 1906 par Gustav Mahler sur la base de poèmes chinois traduits par Hans Bethge et réadaptés par Mahler. Der abschied (l’adieu) clôt le cycle. C’est aussi la pièce la plus longue. Elle célèbre la nature éternelle, en même temps qu’elle est un adieu à la vie. Il faut le grand orchestre symphonique pour ce morceau, mais il n’est jamais utilisé pour sa puissance. C’est un chatoiement de timbres qui cisellent les paroles :

Le soleil plonge derrière les montagnes. Sur les vallées tombent le soir et ses ombres pleines de fraicheur…

Où je vais ? Je vais, j’erre dans les montagnes. Je cherche le repos pour mon cœur solitaire.

Je vais vers mon pays, mon refuge. Jamais je n’errerai plus au loin. Calme est mon cœur et il attend son heure.

Partout, la terre bien-aimée fleurit au printemps et verdit à nouveau! Partout et éternellement, les lointains bleuissent de lumière! Eternellement… éternellement… Ewig, Ewig..[1]

Qu’elle trouve l’apaisement dans la nature éternelle.

Plus d’infos

Cette version du Chant de la Terre se trouve facilement en CD ou 33T.


[1] Traduction de  Michelle Blanckaert pour le site Kulturica