Son dernier titre « We Got Away » , sorti le 23 avril en duo avec sa petite sœur, sonne comme un appel à la liberté, à s’évader. Il nous parle du passé et du présent, de la genèse de ce projet et de ce qu’il représente mais aussi comment il envisage l’avenir.

COMPA, le projet solo de Lucien Saurin (le guitariste de Colours in the Street, pour ceux qui n’auraient pas suivi), continu de se dévoiler et de nous surprendre. Le projet, né pendant le premier confinement, se veut personnel et intime à la fois dans les textes où il aborde ses doutes et ses angoisses, mais aussi par les personnes participant au projet. S’il a choisit de travailler en comité réduit, c’est pour coller au plus près de ses envies, de ses idées. Faire participer ses amis et sa famille, c’est aussi un moyen de partager avec eux des moments autour de la musique, que ce soit dans la composition, dans l’interprétation mais aussi dans la réalisation de ses clips.

Hello Lucien, comment te portes-tu au lendemain de l’annonce d’un déconfinement progressif ? Heureux ?

Hello ! Ça va très bien merci. Effectivement les dernières nouvelles font un peu de bien, mais j’avoue que je ne peux pas m’empêcher d’être sceptique, ce n’est pas la première fois qu’on nous annonce des choses un peu en l’air. On verra bien, mais c’est vrai que je commence à trouver le temps long, vivement que ça se termine et qu’on retrouve un semblant de vie normale.

(c): Amaury P. Gallet
(c): Amaury P. Gallet

Parle nous un peu de ton parcours… Qui se cache derrière ce personnage en apparence réservé ?

Dans un cadre privé je ne suis pas réservé du tout en plus ahah, assez pudique oui, mais pas réservé du tout. Mais c’est vrai que dans le cadre de COMPA, j’aborde pour le moment des sujets un peu sensibles, l’anxiété en particulier, et c’est nouveau pour moi d’en parler publiquement. Mon parcours a toujours été groupe, je suis autodidacte, j’ai toujours joué avec des copains, puis avec Colours in the Street qui est le groupe de ma vie, ou avec d’autres artistes comme MIKA. C’est la première fois que je dois assumer quelque chose que j’ai fait tout seul, et c’est normal de se sentir plus à nu.

Pourquoi avoir choisi l’alias COMPA et quelle est sa signification ?

C’est en rangeant mes affaires pendant le premier confinement que j’ai retrouvé une très vieille boite qui m’a été offerte par mon grand-père, ancien dessinateur industriel, remplie d’outils, parmi lesquels un compas. L’objet a raisonné en moi comme rarement ça m’était arrivé, et c’est difficile à expliquer mais ça compte beaucoup pour moi.

Le 2 septembre dernier, tu annonçais à travers tes réseaux sociaux la sortie de ton projet COMPA. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer en solo ?

Je compose, j’écris et je produis beaucoup quoi qu’il en soit, tous les jours, que ce soit pour Colours in the Street, du cinéma, d’autres artistes, ou de la publicité. Et il est vrai que le premier confinement m’a poussé dans mes derniers retranchements, en terme de santé mentale, et j’ai écrit des choses qui étaient bien trop personnelles pour ces projets. J’ai vécu ces chansons comme une introspection sur moi-même, ça m’aurait dérangé de les proposer à d’autres projets, et encore moins de les garder sur mon ordinateur ad vitam aeternam. La meilleure thérapie c’est de parler, et c’est ma façon à moi de m’exprimer. Trop de personnes gardent enfouies des choses compliquées parce qu’elles se sentent seules, comme ça a pu être mon cas, et à l’époque ça m’a beaucoup aider d’entendre que d’autres ressentaient les mêmes choses que moi.

Le 20 septembre c’était au tour du premier single « Fences », tout en simplicité avec un clip en noir et blanc. Une façon timide de nous présenter ton univers ?

Timide, pudique, je ne sais pas, c’est possible. En tout cas l’idée de ce clip (réalisé avec Amaury P. Gallet), était justement de faire comprendre que le message de cette chanson peut concerner n’importe qui (cf. les barrières que l’on se met parfois dans la vie). Je voulais dé-personnifier ce que je traverse, que toutes les personnes concernées par ce genre de détresse puissent s’y retrouver. Flouter le personnage du clip représente ça, ici c’est moi mais ça marche pour tout le monde.

Sur quoi aimerais-tu pouvoir mentir aujourd’hui ? Ou pas ?

C’est très philosophique ça ! Je n’aime pas mentir de toute façon, (ou alors pour faire des blagues à la con). Ça ne veut pas dire que toutes les vérités sont bonnes à dire évidemment, je pense à des trucs comme le film ‘La Vie est Belle’ par exemple, mais ce sont des cas extrêmes, et finalement c’est beau l’honnête. Dans la vie j’aime les gens vrais, et à l’inverse ça me bloque rapidement quand je sens qu’on me baratine. Justement le but de COMPA c’est d’être le plus spontané et réel possible, je me montre tel que je suis, et en particulier mes faiblesses.

Les deux premiers clips sont en noir et blanc et le troisième en couleur, pourquoi ce changement et qu’est-ce qu’il signifie ?

Mes deux premiers titres, ‘Fences’ et ‘I Wish I Could Lie’ ont été composés ensemble, je les ai pensés comme un tout. Les clips sont dans le même univers puisqu’ils représentent une dualité entre deux personnes, qui s’attendent et se cherchent sans jamais se (re)trouver, ça me semblait important de les préserver dans la même esthétique. ‘We Got Away’ est effectivement aux couleurs de la pochette du single, qui est tirée d’une photographie de ma sœur Jeanne. On a cherché avec Hugues Pascot le réalisateur à reproduire cette belle palette.

C’est plus effrayant de dévoiler des titres sur des sujets perso avec COMPA que Colours In The Street ?

Effrayant je ne sais pas, mais c’est certain que c’est particulier, je suis beaucoup plus vulnérable. C’est plus facile, et on se sent plus forts en groupe lorsqu’il s’agit de défendre quelque chose. Maintenant c’est aussi que c’est nouveau pour moi, c’est un autre rapport à sa musique, et on prend les critiques, bonnes ou mauvaises, plus à cœur.

Ton dernier single « We Got Away », est un duo avec ta petite sœur, pourquoi un tel choix ?

C’est étrange, mais j’ai jamais réellement pris la décision au final. J’étais chez mes parents tard le soir à composer, et j’ai eu envie d’une autre voix que la mienne, alors j’ai appelé Alice qui dormait dans la chambre d’à côté. J’adore ce fonctionnement, j’essaye de fonctionner le plus spontanément possible. Pareil pour les prises guitares, elles ne sont pas parfaites du tout, on m’entend respirer et taper du pied, mais je ne sais pas, c’est la vérité d’un moment et ça me plait beaucoup.

Travailler en famille ne semble donc pas t’effrayer, puisque la cover de ce nouveau single est l’œuvre d’une autre petite sœur et apparemment on peut entendre ta mère jouer du violon sur un autre titre ?

Oh non au contraire ! Ceux que ça peut effrayer c’est justement ma famille haha, je les embarque là-dedans sans vraiment leur laisser le choix parfois. J’aime travailler avec les gens que j’aime, que ce soit ma famille ou mes proches, professionnels ou non. La musique selon moi c’est aussi et surtout des histoires, des connexions, des rapports humains qui font la magie d’une chanson. Je ne suis pas intéressé par l’aspect froid et brutal devoir être productif à tout prix.

Est-ce que le flou sur la personne mise en avant dans les clips permet de créer une barrière, une certaine distance entre toi et le spectateur comme tu t’inspires de ta vie personnelle ? Pourquoi avoir eu envie de changer de cap dans « We Got Away » ?

Encore une fois, j’ai voulu flouter les protagonistes de mes deux premiers clips pour que tout le monde puisse s’identifier à ces histoires, pour faire comprendre que j’évoquais des vérités universelles. Sur « We Got Away », j’ai effectivement voulu changer de procédé, d’abord parce que j’étais super fier de ma sœur et que je ne voulais pas la cacher au monde, et également parce que le message du titre était pour le coup un peu plus personnel, ça me semblait plus pertinent.

Comment imagines-tu défendre ce nouveau projet vu les restrictions actuelles liées à l’épidémie de Covid ?

Pour être honnête, je ne pense de toute façon pas faire de concerts avec COMPA. Je ne dis pas que je n’en ferai jamais, mais ce n’est pas dans ma tête pour le moment, alors pas de regret haha. Ça m’embête et ça nous handicape plus pour les concerts avec Colours. L’idée de COMPA c’est de faire vivre le projet sur internet, pourquoi pas avec des sessions live (en direct ou pas) et en sortant des morceaux régulièrement.


Ce projet personnel ne risque pas de prendre le pas sur CITS et qu’à un moment donné tu sois obligé de choisir ?

Non vraiment pas ! On est les meilleurs amis du monde avec les gars, et on se parle très librement. Ma priorité et mon projet de vie tourne autour de Colours, des fois je compose des choses ou j’hésite dans quel projet les utiliser, et c’est très facile d’en discuter entre nous. Les deux univers n’ont de toute façon pas grand chose en commun, c’était une volonté de ma part.

Tu prépares déjà la suite de ce premier projet ou tu te donnes encore du temps ?

Absolument, je travaille sur un EP qui devrait voir le jour assez vite, avant l’été si possible, j’ai beaucoup de choses déjà enregistrées, et on est en train de réfléchir avec mon label Velvet Coliseum, aux différentes manières de proposer tout ça au public.

Plus d’infos

We Got away, le nouveau single de COMPA est disponible sur toutes les plateformes.

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