Les deux frères qui forment le nouveau duo électro-pop parisien Frêne, nous ont accordé un entretien autour de leur nouveau projet au nom imprononçable Yggdrasil, attendu pour la rentrée prochaine.

Surnommé l’arbre des centenaires, le Frêne est un arbre qui occupe une place de choix dans nos paysages. Partenaire privilégié du paysan et de l’artisan, il est aussi utilisé ses vertus et bienfaits sur la santé. C’est sous ce nom d’arbre au pouvoir mystique, qui fait aussi référence à leur nom de famille qui se traduit en occitan par « Frêne », qu’a décidé d’évoluer le tandem que nous tenons à vous présenter aujourd’hui.

Il s’agit de Frêne, le tout nouveau duo électro-pop français, fondé en 2019 par deux frères (Eliot et Noé) et donc l’univers musical entremêle pop mélancolique et aérienne à des sonorités électroniques entraînantes. Inspirés par des artistes tels que Air, Alain Bashung ou encore James Blake, les deux frérots ont décidé d’unir leur talent au sein d’une même formation, pour proposer au public un projet ambitieux. Tandis que l’un écrit des textes autobiographiques et contemporains, l’autre se charge de les affiner par des productions énergiques et ciselés. Ce qui donne naissance à un premier projet composé dans l’intimité de leur studio d’enregistrement, inauguré en février 2020.

Prévue pour le 5 juin prochain, la sortie de leur premier EP Yggdrasil, a été repoussé au mois de septembre, période propice pour la plantation du Frêne. En attendant cette sortie à la rentrée, le tandem a envoyé en éclaireur le 16 avril dernier son premier single « L’optimiste », accompagné d’un clip réalisé par leur soin. Un titre écrit en 2019 et qui trouve une résonance particulière dans la période exceptionnelle qu’on traverse actuellement.

Rencontre avec un duo de frérots super complémentaires, qui a l’image de l’arbre dont il tient le nom, est bien parti pour s’installer durablement sur la scène électro pop française.

Et si on commençait par une petite présentation, qui est frêne ?

Eliot : Frêne c’est deux frères qui font de la musique ensemble.

Noé : On a fondé le duo Frêne en 2019, on fait de l’électro-pop.

D’où vient le nom de votre groupe ?

Eliot : Le nom de notre groupe fait référence à notre nom de famille qui se traduit en occitan « Frêne ». J’avais trouvé ça en réfléchissant dans le métro juste avant un rendez-vous dans un café avec Noé. On avait des concerts de prévus mais pas encore de nom.

Noé : C’était le jour où on avait décidé de bosser sur notre premier EP. Quand il m’a proposé ce nom j’ai tout de suite accepté et je trouvais ça génial de rendre hommage à notre famille avec un nom d’arbre. Et puis, pour nous ce mot symbolisait plein d’autres choses. Autant dans la sonorité qui montrait la fraternité, la fraîcheur, le côté « frenchie » que dans son aspect graphique avec son accent circonflexe au centre, notre petite maison.

Eliot et Noé forment le duo "Frêne"
Eliot et Noé forment le duo “Frêne”. (C) : Romain Ruiz

Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre deux frères qui évoluent en tandem, qui de vous deux a entraîné l’autre dans cette aventure ou les choses se sont faites naturellement ?

Noé : Ça s’est fait un soir d’été 2019, c’était mon anniversaire. J’avais écris des morceaux que je voulais jouer à mes amis ce soir là et je lui avais demandé son aide. On a préparé le set ensemble et on l’a joué. Il s’est passé un truc, en sortant de scène on était tout de suite chaud pour continuer à bosser ensemble. Depuis ce jour, on se voit toutes les semaines pour faire du son.

Eliot : C’était un moment avec nos proches, nos amis. Leurs encouragements nous ont donné envie de tenter l’expérience d’un duo ensemble en partant des morceaux de Noé et en les faisant évoluer. Ensuite on a composé des morceaux qu’on a écrit et arrangé tous les deux.

Dans un groupe, il n’est pas rare qu’on ne soit pas toujours d’accord. Dans votre cas, comment vous arrivez à gérer ce genre d’impair ?

Eliot : Ça nous arrive rarement. Quand ça arrive : on prend le temps de discuter, de défendre son avis et ç’est toujours des débats calmes et raisonnés.

Noé : Personne n’a le dernier mot, il faut que les deux soient en phase. Comme dans une démocratie, même si à deux c’est plus facile. Et dans ses moments on comprend aussi les envies de l’autre et ça fait avancer le projet.

Au niveau du processus créatif, quel est l’apport de chacun d’entre vous ? Et qu’est-ce qui vous inspire ?

Noé : On est super complémentaires ! J’adore écrire des chansons, des poèmes. Je m’inspire de ma vie, de mes états, de la société. Jusqu’à maintenant, je m’occupais de l’écriture des textes mais Eliot y vient doucement. Sur la composition en général les choses viennent assez naturellement : je me pose et cherche un gimmick qu’on retravaille ensuite avec Eliot. Il a des capacités en production et travail du son que je n’ai pas, c’est indéniable.

Depuis qu’il a construit son studio à Aubervilliers et qu’on a pu centraliser tout notre matériel là-bas, on s’y retrouve régulièrement pour travailler. Dans ces moments là on compose ensemble : on improvise des choses, Eliot les enregistre (souvent à mon insu ahah) puis on les retravaille ensemble. J’écris un premier texte rapide et puis on cale des voix témoins. Tous les derniers morceaux sur lesquels on travaille en ce moment on été conçus comme ça.

Eliot : Je suis assez mauvais pour la composition de mélodies ou d’accords. Avant Frêne, j’écrivais des choses assez simple, avec des boîtes à rythmes assez cheap, des pattern qui évoluent en se répétant, et avec des sons très typés « jeux-vidéo » style 8-bit.

Maintenant c’est complètement different, comme Noé l’a dit, en général il cherche une ligne harmonique sur un synthé avec un son qu’il aime bien, et moi j’en profite pour jouer avec les textures, tordre le son dans tous les sens. Je peux y passer des heures, j’adore ça.

Votre premier single « l’optimiste », sort dans une période de crise sanitaire où les gens n’ont plus une vision positive du monde. C’est une façon à vous de leur demander de garder espoir ?

Noé : C’est un morceau qu’on a écrit en 2019, il n’y avait pas encore cette crise sanitaire. Mais il faut croire qu’on a été visionnaire ! L’optimisme est un sentiment que je trouve nécessaire à une vie épanouie, c’est une bouée à laquelle on s’accroche pour continuer le voyage. Cette chanson je l’ai écrite pour encourager les gens à garder espoir dans des moments sombres de leur vie. Donc oui ! On peut dire que les temps sont sombres, comme disait Brigitte Fontaine « il fait froid dans le monde », réchauffons-nous !

Eliot : Moi j’aime bien le côté très imagé de ce morceau, la comparaison avec ce petit voilier qui monte et descend au gré des vagues, ça met en lumière le fait que rien n’est linéaire. Et puis ça illustre aussi les moments de solitude; ces moments où tu dois aller toucher le fond, donner un grand coup pour remonter à la surface.

Le clip de ce dernier a été réalisé par vos soins, c’est par souci d’économie ou c’est un autre de vos talents ?

Noé: C’est les deux à la fois. À côté de la musique, je suis chef opérateur et monteur. C’était génial de pouvoir travailler sur le clip de mon propre projet musical ! Et bien sur il y a l’aspect financier car on est en auto-production et un clip ça coûte cher. On avait aussi l’envie de travailler en équipe très réduite pour se permettre plus d’improvisation et de spontanéité. C’était vraiment un super tournage.

Vous mettez en scène la performance d’une comédienne qui ne peut plus contenir ses émotions. Pourquoi ce choix pour un premier clip ? L’ombre vous sied bien ?

Noé : Je ne sais pas si « elle ne peut plus contenir ses émotions » mais j’ai voulu laisser Marie assez libre dans son jeu et ses propositions. C’est vraiment une actrice talentueuse et elle s’est entièrement donnée sur ce tournage. On avait écris un peu mais on avait surtout des images en tête et le jeu est vraiment venu naturellement.

On voulait un clip esthétique avec une histoire simple et forte pour illustrer ce passage de l’ombre à la lumière. Ce clip parle de ça, de cette capacité à passer de l’ombre à la lumière, de la tristesse à la joie et inversement.

Que signifie « Yggdrasil », le nom de votre premier EP ?

Eliot : Yggdrasil c’est l’histoire d’un arbre un peu magique dans la mythologie Nordique. C’est lui qui relie les différents royaumes qui peuplent cette mythologie. Le fait que ce soit un frêne nous a donné envie de prendre ce nom pour notre EP. On se l’est approprié et c’est devenu notre totem car ça parle de magie et de choses opposées qui cohabitent et forment un équilibre, une sorte de grand tout mystique.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de votre projet en studio l’été dernier ?

Noé : On a fait notre démo 6 titres et on a eu envie de les produire avec Perceval Carré au studio Mastoid. C’est un ami et ça a vraiment été incroyable de travailler ensemble. On a fait plusieurs sessions cet été là et il s’est vachement investi dans le projet. C’était un réel échange et les morceaux ont vachement évolué. On a aussi collaboré avec deux supers musiciens : Sam Guibout (Days In Orbit, Brokenbach) à la batterie sur 4 titres, et Théophile Choqueuse à la basse sur « La télévision ».

Eliot : C’était vraiment comme une formation pour moi, j’ai vraiment appris énormément sur toutes les phases de production, d’enregistrement et de mixage. Ça nous a permis d’affuter nos gouts et nos compétences respectives dans ce domaine.

Quand on écoute certains extraits de ce nouveau projet, on remarque que la batterie est omniprésente. C’est un instrument indispensable dans la composition de vos titres ?

Noé : On a toujours eu un faible pour les morceaux avec des drums bien devant ! Pourtant en live il n’y a pas de batterie. C’était vraiment une envie pour notre EP studio. On est influencé par des groupes comme Weval ou Air qui ont su mêler des batteries acoustiques à des sonorités électro.

Eliot : Moi je pense aussi à Soulwax qui est une grande inspiration du point de vue du maniement des sons : le coté très électro dansant mélangé à des vraies batteries, assez simple mais bien bourrin.

Faut-il s’attendre à un nouvel extrait avant la sortie de l’EP en juin ?

Noé : Nous avions annoncé une sortie d’EP en juin mais nous préférons reporter à Septembre. Nous voulons nous entourer des bonnes personnes pour travailler sur une sortie plus professionnelle. Notre single « L’optimiste » sera en ligne sur toutes les plateformes de streaming le 21 Mai. Nous allons tourner le clip d’un deuxième morceau dans les prochains mois ! Restez à l’affut !

Eliot et Noé forment le duo "Frêne"
Eliot et Noé forment le duo “Frêne”. (C): Romain Ruiz

Comment comptez-vous défendre votre projet à l’heure où la culture est jugée non essentielle ?

Noé : On a grandi dans une famille d’artistes et nos parents écoutaient énormément de musique de tous les styles et honnêtement, de bon gout. Ça fait partie de notre vie depuis le début et ça y prend une place considérable. La musique, le spectacle, l’art est vital. On est dans une période où l’importance de la culture est remise en cause et je pense que c’est encore plus motivant de prouver le contraire.

Ce disque on l’a fait avec nos tripes et nos coeurs, et on compte le défendre de la même façon qu’on l’a conçu : avec générosité. On espère que ces moments difficiles pour toute la profession seront bientôt de l’histoire ancienne et qu’on pourra se retrouver en live très vite !

Eliot : Ca fait des mois qu’on travaille notre live, qu’on le peaufine au détail près (on a eu le temps il faut dire ahah) Il me tarde de retrouver la scène car pour nous, c’est la plus belle manière de partager notre musique.

Plus d’infos

L’optimiste, le premier single de Frêne sera disponible sur toutes les plateformes le 21 mai.

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