En première partie du groupe Magenta à l’Olympia mercredi soir, le duo féminin Ottis Cœur a fait le show comme si c’était la dernière devant un public très réceptif.

En moins de deux semaines, on aura assisté à deux reprises ce mois-ci, au concert du jeune duo rock Ottis Cœur, qu’on a découvert cette année au Printemps de Bourges. La première fois, c’était le 4 décembre dernier à l’Etage, la salle située au Liberté à Rennes, où le duo était programmé dans le cadre de la 43ème édition des Trans Musicales, une semaine après la sortie de leur premier EP Juste derrière toi.

La 2ème fois c’était ce Mercredi soir 15 décembre, on retrouvait Margaux et Camille sur la mythique scène de l’Olympia, où elles étaient invitées par le groupe Magenta, en ouverture de leur concert. Contrairement à la dernière fois où on jouait des coudes au fond de la salle pour tenter de les apercevoir, cette fois-ci, nous sommes aux premières loges avec une bonne visibilité pour profiter du show de ce nouveau tandem féminin, né durant le premier confinement.

La Sororité au cœur de l’Olympia

Même si la majorité du public présent à l’Olympia était là pour le quintet loufoque Magenta, on comptait quelques irréductibles aux premiers rangs, des fans de la première heure qui accompagne le tandem dans sa quête d’émancipation et d’apprentissage. Il faut dire que les filles placent la sororité au centre de leur projet, avec des thèmes qui tournent autour de leurs histoires d’amour, du problème de patriarcat chez les femmes et aussi des problèmes actuelles de notre société.

Ottis Cœur sur la scène de l’Olympia à paris le 15.12.21

C’est à 20h tapantes, que le duo qui se transforme en power trio sur scène avec Amélie à la batterie, lance les hostilités de manière assez bruyante, armée chacune d’une guitare en bandoulière. Elles laissent exploser toute la rage qui les habite dans cette façon bien à elles de chanter fort, surtout sur cette mythique scène de l’Olympia, un peu trop grande pour elles. « On est hyper fière d’être là ce soir, merci à Magenta pour cette belle invitation… », déclare Margaux toute essoufflée, mais surtout émue, d’autant plus que sa mère est présente dans la salle et que cette dernière entendra sa fille chanter un morceau qui parle de l’organe féminin « coucou maman ».

Du rock à l’état pop

C’est chaud bouillant, les deux amies s’affrontent en duel aux sons de leurs instruments. Margaux se retrouve au sol avec sa guitare, tandis que Camille la toise de « haut » devant son micro à pied, armée dans sa guitare. On a l’impression qu’elles ne peuvent pas se blairer, mais tout cela n’est que mise en scène. Et ça marche du tonnerre. Les deux voix s’épousent, elles assument leur féminité et le revendiquent haut et fort. Et dire qu’au départ ce n’était pas gagné. Quand elles se sont rencontrées lors d’une formation au Studio des Variétés, « Margaux ne m’aimait pas », nous avouera Camille dans un éclat de rires.

Mais depuis, les nombreux confinements aidants, elles ont mis en commun leurs caractères opposés, pour créer un projet à leur image, celle de combattantes engagées et qu’elles défendent ce soir. Pas d’inquiétude semble lui répondre le public qu’on imagine avec des pancartes « Je marche derrière toi », à l’image du titre phare de leur premier EP. Ce soir tout le monde fait bloc derrière Ottis Cœur tel un « Cœur à corps », dont on imagine mal que ce soit peut être pour la « Dernière fois ».

C’est à nous de « Devinez la fin » de ce show dantesque de 30 minutes lorsque Margaux saute sur scène et retombe sur ses deux jambes, sous les encouragements du public. Les deux comparses font rugir leurs instruments une dernière fois, avant de les brandir au de leurs têtes. Sur celle de Margaux on peut lire l’inscription en anglais « More women on stage », tandis que sur celle de Camille est inscrit en français « Pareil » accompagné d’une petite flèche indiquant qu’elle rejoint sa comparse dans ce combat pour plus de femmes derrière les instruments sur scène.

Ottis Cœur sur la scène de l’Olympia à paris le 15.12.21

Message reçu 5/5 par la salle qui encourage l’initiative avec une longue slave d’applaudissements. Sur scène, le trio salue une dernière fois le public, avant de filer en backstage. Elles ne reviendront pas comme le réclame quelques voix, « il est déjà trop tard »… Une pause s’impose avant que les maîtres de la soirée ne prennent possession de la scène, mais ça c’est une autre histoire.