Le MUCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) fait une présentation sur Salammbô de Flaubert. Il reprend une exposition venue du musée des Beaux-Arts de Rouen.
Salammbô a été publié en 1862. Le roman venait juste après Madame Bovary et s’opposait en tout point au premier. L’histoire d’Emma Bovary est naturaliste dans son décor, la société décrite, la psychologie des personnages. On a pu donner le nom de bovarysme à certaines formes de névrose.
Salammbô échappe à cela. C’est le roman des sentiments extrêmes, de la violence, plongée dans un monde quasi inconnu. Flaubert ne connaissait à peu près rien de Carthage, et nous en connaissons assez peu aujourd’hui. Ce que nous savons nous vient de leurs ennemis les romains. La Carthage de Flaubert tient autant à l’imagination que le monde de Chtulu chez Lovecraft, ou la Terre du Milieu, du Seigneur des anneaux de Tolkien.
Pourtant, Flaubert pris soin de se documenter. Il fit même le voyage en Tunisie pour découvrir les restes de la cité phénicienne, connaître les paysages. Pourtant aussi l’intrigue du roman fait écho à l’actualité brulante de son époque. Les mercenaires barbares se révoltent car les carthaginois leur ont menti et les ont trahi en refusant de les payer. De même, les insurgés de 1848 virent la République remplacée par l’Empire à la suite du Coup d’État du 2 décembre 1952. Comme Marx, comme son ami Victor Hugo, Flaubert n’accepte pas cette trahison des élites.
Mais le déplacement dans un monde quasi imaginaire lui permet de parler de tout, érotisme, politique, religion sans encourir les foudres de la censure qui l’avait poursuivit après la parution de Mme Bovary.
Flaubert ne voulait pas que Salammbô soit illustrée, et souhaitait que le lecteur se fasse lui même l’image des personnages. Mais l’exposition montre bien que le roman a excité l’imagination de nombreux admirateurs. Sculpture, peinture, opéra, cinéma, bande dessinée, Salammbô a suscité nombre d’œuvres. Le visiteur termine par une salle consacrée aux planches de Philippe Druillet, en particulier de grands dessins noir et blanc où il peut admirer la qualité du tracé.

Au delà de l’exposition, qui en reste aux diverses variations sur le roman, l’influence de Salammbô est immense. De Conan le Cimmérien aux innombrables péplums italiens, l’influence de ce texte est immense. Et comme le dit Sylvain Amic le commissaire de l’exposition sur le site du MUCEM, Tarantino et Rodriguez ont du penser à ce texte en écrivant la danse de Salma Hayek dans « une journée en enfer ».
« Le python se rabattit et lui posant sur la nuque le milieu de son corps, il laissait pendre sa tête et sa queue, comme un collier rompu dont les deux bouts trainent jusqu’à terre. Salammbô l’entoura autour de ses flancs, sous ses bras, entre ses genoux ; puis le prenant à la mâchoire, elle approcha cette petite gueule triangulaire jusqu’au bord de ses dents, et en fermant à demi les yeux, elle se renversait sous les rayons de la lune. »
Plus d’infos
Vous pouvez acheter les billets avec le tarif adapté à votre cas sur le site du MUCEM. L’exposition dure jusqu’au 7 février. Le Pass sanitaire est obligatoire.