Sans masque et sans pass sanitaire, le Festival Chorus des Hauts-de-Seine a renoué avec son format habituel, mis en berne ces dernières années par la crise sanitaire. Retour sur cette édition des retrouvailles
Après avoir avoir été obligé de se contenter d’une édition masquée avec obligation de pass vaccinal l’année dernière, le festival Chorus, organisé par le département des Hauts-de-Seine, a retrouvé ses couleurs à l’occasion de sa 34ème édition qui s’est tenue sur trois jours la semaine dernière à la Seine Musicale sur l’île Seguin.
Festival résolument urbain qui met à l’honneur des musiques de tous genres (pop, rock, rnb, musique électronique, chanson française), Chorus est le premier festival cette année à renouer avec la fête sans restrictions sanitaires comme nous avons pu le constater le week-end dernier. Nous vous proposons de revivre cette édition de retrouvailles entre les concerts de Roméo Elvis, Lucie Antunes, Romane, Oscar Anton ou encore IAM…
Il pleut, mais il fait quand même beau
Il pleut des cordes à l’extérieur, mais le public peut se consoler, le festival de déroule à 80% indoor, même si cela peut avoir des limites… Dans les allées du mastodonte qu’est La Seine Musicale, on croise encore des irréductibles partisans du masque, c’est vrai qu’en cette période de relâchement, vaut mieux être prudent. Mais les plus téméraires ne s’encombrent pas de ce détail, show must go on !
Et qui dit show, dit paillettes. Ça tombe bien, un stand de maquillage a été dressé au rez-de-chaussée juste à côté de la grande scène, où une longue file d’attente se forme déjà et sèche notre envie de nous refaire une beauté. Un peu plus loin, entre l’entrée de l’auditorium et celle qui mène à la scène Rodin, on retrouve une scène disco éphémère, où entre deux concerts, on pouvait se lâcher dans une ambiance très festive et année 80-90.


Rock de Seine
Le trio (une fille deux garçons) guitare basse batterie Johnnie Carwash est le premier groupe à jouer en ouverture de cette édition des retrouvailles sur la scène Riffx. Autre scène autre trio. Le trio IA404 (IA = intelligence artificielle et 404 = pour le code d’erreur d’une page internet) originaire de Quimper et composé de deux musiciens et d’une chanteuse, fait son petit effet sur la petite scène avec son électro pop post internet et porté par des machines du futur.
On était heureux de retrouver nos Bandit Bandit, même s’ils ont débarqué comme à leur habitude tard dans la nuit de vendredi à samedi pour un braquage très rock. Mais le show orgasmique, teinté d’une ambiance sensuelle à la Bonnie & Clyde que le groupe nous a offert, valait bien l’attente et surtout le déplacement. Le tandem de feu formé par Maeva et Hugo, nous a prouvé une fois de plus qu’il est indomptable en dansant de manière passionnelle et fusionnel sur leur « Maux ». Sans compter que sur scène le duo se transforme en quatuor avec l’aide de ses deux musiciens Anthony et Ari, dont la dextérité vient donner à cet instant rock, tout à sa splendeur.



Électro dance
Vendredi en début de soirée, c’est Irene Dresel qui ouvre le bal sur la grande scène en défendant certains titres issus de son dernier album Kinky Dogma, le tout dans une ambiance techno haute en couleur. Du côté de l’auditorium, la percussionniste et batteuse Lucie Antunes, accompagnée du collectif Scale, propose une création visuelle époustouflante. Une belle performance de la jeune maman qui offrira au public un morceau composé pour son fils d’à peine un mois.
Sur le parvis de la Seine musicale, c’est le producteur marseillais French 79, qui bravant la pluie, réchauffe le public avec son set arc-en-ciel, inspiré de la scène berlinoise. A l’intérieur sur la grande scène, le producteur et DJ allemand Paul Kalkbrenner, est chargé d’emmener le public jusqu’au bout de la nuit. Celui qu’on surnomme le parrain de la techno berlinoise, n’aura aucun mal à remplir sa mission de la soirée, lui qui s’est produit sur les plus grandes scènes de la planète.




Entre folie et douceur pop
Après une entrevue (à retrouver bientôt) en fin d’après-midi le samedi, on retrouve Romane sur la petite scène pour une échappée soul au rythme des titres de son premier EP I Know. Un projet chanté en anglais pour ce talent brut originaire de lyon et dont la puissance du timbre vocal rivalise avec les ténors américains du même genre. On en ressort de là en fredonnant un titre inédit qui résume très bien le moment qu’on vient de vivre « Your break my heart ».
Le savant mélange de pop et de rnb proposé par Joanna sur cette même petite scène quelques minutes plus tard, enchante le public. Tandis que sur le parvis c’est le crooner Oscar Anton, flanqué de sa guitare, qui fait danser le public sur les mélodies accrocheuses de son répertoire.
Le dernier jour, c’est Camélia Jordana qui ouvre le bal sur la grande scène. La chanteuse et actrice est présente pour défendre son double album Facile x fragile sur cette édition qui marque son premier festival de la saison et devant un public pas complètement acquise à sa cause mais qui se montre bienveillant.
De l’autre côté de l’auditorium, c’est la Franco-hispanique November Ultra qui envoûte une assistance tout ouïe avec sa voix apaisante qui prend aux tripes. Deux jours après la sortie de son premier album onze titres Bedroom Walls, l’artiste qui vit à dix minutes de La Seine Musicale, joue à la maison et devant sa mère qui est présente ce jour. Seule en scène dans cette salle en forme de ruche, elle nous fait profiter de sa musique composée entre les quatre murs de sa chambre.
Aurus quant à lui a offert un beau voyage aux festivaliers, entre le Mayola de ses racines, et ses influences électroniques.





Planète rap dans le 92
Si le rappeur anglais Pa Salieu n’a pas pu être présent le vendredi pour des raisons indépendantes de sa volonté, le public a pu compter sur la présence des autres. A l’image du rappeur Disiz, ex La Peste, qui, flanqué de son crew, a bien chauffé le public de la grande scène samedi en fin d’après-midi avec les titres extrait de son dernier album qui fait la part belle à L’amour.
Une heure plus tard, cette même scène sera transformée en terrain de jeu où s’affrontent le duo de rappeurs belges Caballero & JeanJass. Un combat qui s’est achevé par une victoire de l’amour sur la haine, pour ce tandem qui fait des émules depuis le début de sa collaboration. En dernière partie de soirée, c’est le groupe pionnier du rap français IAM, qui a attiré les foules. De retour au festival huit ans après leur dernière venue, les marseillais n’ont pas eu besoin d’en faire trop pour mettre le public dans leurs poches. Ils étaient en terrain conquis.
Dimanche, c’est le nouveau phénomène du rap français Zola, qui a joué sa « Survie », devant un public tendu comme un string, qu’il a très vite sorti de sa torpeur, en à juger par la nuée de smartphones sortie pour immortaliser l’instant. Sur le parvis, les téléphones sont aussi mis à contribution pour ne rien rater du joli bordel occasionné par la prestation du phénomène Guy2bezbar. Le rappeur parisien au large sourire, entraîne la foule dans des pogos interminables qui épousent à merveille la rapidité de son débit.
C’est au Belge Roméo Elvis que revient l’honneur de clôturer cette 34ème édition sur la grande scène et ça tombe plutôt bien, puisque le rappeur est une bête de scène. Durant plus d’une heure de show hypnotique, il mouillera vraiment la chemise jusqu’à finir torse nu, pour la plus grande joie du public qui lance des « Elvis, Elvis… » à gorge déployée. Il rendra la pareille en déclarant trouver que le public français est le meilleur. Cinq ans après sa dernière prestation à Chorus, Roméo Elvis a réussi son retour et démontre que la bête qui sommeille en lui, se réveille toujours une fois sur scène.





Le capharnaüm
Malgré un départ tonitruant sous la flotte vendredi dernier, la colère de certains festivaliers étaient palpable en début de soirée vendredi dernier. Amassée devant l’entrée de l’auditorium pour le concert de Sofiane Pamart, certains ne masquent pas leur déception face au refus des vigiles de les laisser accéder à la salle déjà pleine à craquer. Un festivalier sonné fixe la queue « je savais qu’il allait attirer du monde, mais bon c’est un festival, normalement quand tu achètes ta place du jour, tu as le droit d’assister à tous les concerts, c’est nul… ». Dépité, il s’en ira en proférant des mots inaudibles.
Rebelotte le dernier soir avec le concert de Yseult. En vieux routier des festivals, David se désole de la situation « c’est ça le risque quand on organise des festivals indoor, en plein air, même si c’est au loin, le public assiste quand même au show… » nous glisse-t-il en souriant.

Si le festival Chorus a mobilisé une fois de plus à en croire les chiffres de la fréquentation et proposer une belle édition, il devrait trouver des solutions pour éviter de frustrer une partie de son public. Nulle doute que les organisateurs qui ont reconnu le problème, ne manqueront pas d’y remédier afin que la fête ne soit que plus belle au printemps prochain pour la 35ème édition.