Après deux ans et demi de pandémie et deux éditions hybrides, le printemps de Bourges a renoué avec son format habituel lors de sa 46eme édition qui s’est déroulée du 19 au 24 avril dernier. Retour sur les temps forts de ces 6 jours d’émotions, de partages et découvertes musicales
L’ambiance est allée crescendo durant les 6 jours du Printemps de Bourges habitué à lancer la saison des festivals chaque année au mois d’avril. La ville était en effervescence et heureuse de retrouver son festival chéri dans son format habituel, après deux éditions hybrides. Les rues étaient à nouveau pris d’assaut par les festivaliers, les artistes et les professionnels qu’on pouvait croiser de la place Seraucourt, en passant par le long des Rives d’Auron, jusqu’à la prairie située dans la partie professionnelle.
C’était vraiment le printemps dans la ville avec cette nouvelle scène électro et gratuite “Riffx Party Club”, dressée Place Séraucourt, et qui a accueilli le public pour des soirées endiablées jusqu’au dimanche en fin de soirée. Des concerts étaient également proposés dans les bars et dans la rue. Un retour à la normale sans masque et sans pass sanitaire, et avec une météo clémente, qui a rendu la fête plus belle.

Que la fête commence !
Le mardi 19 avril, les 5000 places assises du W avaient été pris d’assaut par un public plutôt familial, venu assister en masse à la soirée d’ouverture de la 46ème édition du Printemps de Bourges. A l’affiche ce soir là, les Dutronc père et fils, précédés de Gaëtan roussel, qui a fait danser le public avec « J’t’emmène au vent », le tube de son groupe Louise Attaque qui fête ses 25 ans cette année.




Emma Peters, Juliette Armanet et Clara Luciani enflamment le W
Parmi les moments les plus forts de cette édition, on notera la prestation de trois femmes fortes à l’affiche du W. Avec un premier album Dimanche à son actif, la jeune Emma Peters a fait sensation devant un public familial mercredi soir, grâce à ses ballades guitare-voix mélancoliques qui abordent le thème de l’amour. La soirée s’est poursuivie en mode disco avec la « Petite amie » des français devenue grande aujourd’hui, Juliette Armanet. L’artiste a défendu les titres de son 2ème album Brûler le feu, porté par le très dansant « Dernier jour du disco », avec lequel elle a fait danser le public, aidée des boules à facettes qui donnaient de l’éclat à sa combinaison à paillettes.
Éblouissante dans sa tenue scintillante, le point levé, Clara Luciani, l’étoile montante de la chanson française peut enfin souffler, elle vient d’entraîner le public du W dans un tourbillon d’émotions en reprenant ses plus grands succès et en concluant sa prestation de 50 minutes sur son tube « Respire encore ».
« Ne pas y penser c’est la bonne préparation » déclarait L’artiste aux deux albums et quatre Victoires de la Musique en conférence de presse, a propos de la préparation du show grandiose qu’elle a livré dans un décor tout flamme sur lequel son nom était gravé. Une création spéciale pour son premier festival de l’année et son 3ème passage au Printemps de Bourges : « On avait sur la tournée des Zéniths, un décor que j’ai adoré, mais qui représente beaucoup de temps de travail, on s’est vite rendu compte que c’était lourd pour le festival. Du coup on a passé le mois dernier à réfléchir à ce qu’on pouvait faire rapidement et qui pouvait se monter en 3 minutes chrono. C’est ce qu’on a fait, j’ai aperçu le résultat et je suis super contente… », nous aussi.






La nouvelle génération a le vent en poupe
Vendredi en fin d’après-midi, c’est le rappeur originaire du sud-ouest parisien Luidji qui a ouvert la première soirée WKD sur la scène du W. Le jeune trentenaire au talent incontestable, inspiré par la chanson ou la soul, est devant un public acquis à cause, qu’il entraînera facilement dans sa « Friendzone ».
Un concert précédé la veille par celui du talentueux Eddy de Pretto, qui effectuait son retour cette saison, 5 ans après avoir été Lauréat du Prix du Printemps de Bourges Crédit Mutuel – iNouïs 2017. L’artiste qui a su bousculer les codes entre rap et chanson française, fera tanguer le public comme sur un « bateau mouche » avec les textes percutants de son 2ème album A tous les Batards. Fidèle à son refus d’être le porte-parole d’une communauté en particulière depuis la sortie de son premier album, il prend position dans le 2ème qu’il dédie à tous les exclus.
Une prise de position que le natif de Créteil expliquait par ses mots un peu plus tôt en conférence de presse « ça part d’abord d’un ressenti personnel … la sensation de s’être senti exclu ou marginalisé, mis de côté ou pas dans la norme, a fait que j’ai écrit cette chanson. J’ai ressenti que j’avais envie de le défendre parce que c’est un sujet qui me parait ultra important. Aujourd’hui s’il y a des freaks dans la salle, ou des gens qui se sentent en tout cas attrapé par ce genre de discours et qu’on est de plus en plus à l’entendre et à l’embrasser, c’est cadeau pour moi et pour les autres dans notre cheminement ».




Un peu de douceur du théâtre jacques cœur au 22
Le multi-instrumentiste bordelais Jean Grillet aka Chien noir, sélectionné pour les dernières Victoires de la Musique dans la catégorie révélation masculine de l’année, a chanté la mélancolie, l’espoir et l’amour vendredi au Théâtre Jacques Coeur. Seul en scène, l’artiste nous a conté ses « Histoires vraies » en mode guitare voix ou piano-voix. L’épopée d’une personne qui a touché le fond, mais n’aspire plus désormais qu’à voir le « Beau » dans ce que la vie propose, comme une « Lumière bleue » au bout du tunnel. Une bulle de douceur salvatrice en ces temps sombres …
Du côté du 22 samedi soir, on était heureux de retrouver Marie-Flore, déjà programmée par le festival dans son édition annulée de 2020 pour cause de Covid-19. L’auteure compositrice interprète de « Braquage », dont le nouvel opus est attendu cette année, a régalé le public avec les titres crus de son répertoire, parmi lesquels son nouveau titre aux sonorités disco « Mal barré » qui aborde le sujet de la rupture.




La Halle au blé transformée en temple du hip-hop durant deux soirées
L’enthousiasme était palpable chez les collégiens et lycéens les 20 et 21 avril dernier, qui retrouvaient leur rendez-vous Rap2Dayz à la Halle au blé après deux ans d’absence. Les jeunes qui manquaient à l’appel hier, sont nombreux à faire la queue devant l’entrée. C’est à Laeti, la star de la série « Validé » sur canal+, qu’est revenue l’honneur d’ouvrir cette première soirée devant un public impatient d’en découdre et devant une invitée surprise : la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot, entourée des autorités administratives locales.
Bianca Costa suivra quelques minutes plus tard en imper « Brasil » qu’elle fera tomber plus tard lorsque la température montera d’un cran. Les rappeurs masculins étaient également au centre de l’événement, avec Jok’Air, Zola, ou encore Guy2bezbar qui a fait sensation le dernier soir, quelques jours seulement après son passage à Chorus.





Du W au Palais d’Auron, il n’y a que deux pas
Le vendredi et samedi, le W et le Palais d’Auron situé en face, ne faisaient plus qu’un grâce au corridor qui servait de pont entre les deux salles pour une capacité totale de 12.000 places.
Les six membres du groupe à la moustache Deluxe ont partagé leur bonne humeur communicative sur scène vendredi soir, en entraînant les festivaliers dans un groove dont ils ont le secret. Une belle prestation débordante d’énergie, suivie un peu plus tard et dans la même ambiance par le rappeur belge Roméo Elvis.
Samedi on a retrouvé sur la scène du Palais d’Auron transformée en ring pour l’occasion, nos deux rappeurs belges Caballero VS JeanJass. Les deux compères nous ont offert un concert aux allures de combats où les coups étaient remplacés par des punchlines bien envoyées.






Clubbing party electro
Depuis qu’il nous en a mis plein la vue avec son concert mémorable à l’Olympia en octobre dernier, on ne loupe plus une occasion de danser sur le set du producteur marseillais French 79. C’est ce que nous avons fait vendredi soir au Palais d’Auron, entouré d’amoureux de l’électronique.
Derrière ses platines, Kungs a donné un avant-goût de l’été au public qu’il a fait danser sous le chapiteau transformé en Club Azur jusqu’à 3h du matin dans la nuit du vendredi au samedi. Une performance de haut volt dans une ambiance italo-disco, pour le jeune producteur toulonnais, qui s’est taillé une belle réputation depuis la sortie en 2016 de son tube « This girl », et qui fera danser les foules cet été avec son nouvel album Club Azur, dans les bacs depuis le 18 mars dernier.
On termine cette édition par le show du compositeur Anthony Favier aka NTO qui a la particularité de ne jouer que ses propres morceaux en concert, contrairement aux autres DJ. Grâce à sa techno house minimale et les ambiances changeantes de son set, il nous fera décoller lentement jusqu’à atteindre une vitesse de croisière idéale pour tout le monde et sans risque de turbulences. La soirée la plus festive de la semaine a eu raison de nous. On ne restera pas pour le closing assuré par Vini Vici, il nous faut prendre la route, dimanche c’était jour de vote.






Ainsi s’achève une semaine de folie pour un printemps comblé, même si les organisateurs se refusaient à livrer des chiffres de la fréquentation, proche de la moyenne habituelle. Rendez-vous du 18 au 23 avril 2023 pour la 47ème édition du Printemps de Bourges Crédit Mutuel.

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