De retour d’une mini tournée aux Philippines, Marc Fichel assurera la première partie du concert d’Amel Bent ce soir à Reims pour la fête nationale, après avoir fait le show le 21 juin dernier au marché de Rungis à l’occasion de la fête de la musique la plus matinale de France. Nous l’avons rencontré le mois dernier à paris.
La dernière fois que nous avons dansé en compagnie de Marc Fichel, c’était le 21 juin dernier, à l’occasion du 40e anniversaire de la fête de la musique la plus matinale de France organisé au marché de Rungis et dont il était l’un des initiateurs. Un marché célèbre à travers le monde, mais que Marc connaît comme sa poche puisqu’il est directeur export dans une entreprise de la place qui vend des pommes de terre. C’est également grâce à ce lieu chargé d’histoire qu’il a composé son tube « Ma vie dans Les Halles » qui lui a valu une renommée soudaine, jusqu’à faire de lui l’un des chanteurs populaires de la scène actuelle.
Avec une carrière artistique en pleine ascension, le chanteur des halles poursuit sa mue et devient très sollicité. Mais cette frénésie médiatique ne l’a pas fait perdre pied, au contraire, « dis toujours pour aller où tu vas, il ne faut jamais oublier d’où tu viens… ». Oui, Marc n’a pas oublié d’où il vient, il a transmission d’une devoir de mémoire chevillé au corps. Après les dates complètes de janvier et mai 2022, Marc sera de retour au Café de la danse le 28 novembre prochain et nous aurons la chance d’y être présent, comme il a été tout au long de l’interview qui suit.
La musique a été un peu comme un jeu pour toi au départ…
Marc Fichel : Au départ la musique n’a jamais été un jeu, c’était un jeu quand je la faisais chez moi dans la chambre avec mes parents, mais je me suis pris au jeu c’est le cas de le dire. Mais quand j’ai commencé à faire « Ma vie dans Les Halles », je suis passé du côté professionnel ou je voulais me tester, je voulais savoir si ce que je faisais dans ma chambre ou mon salon, pouvait plaire au grand public. Apparemment ça plait.
Mais cet accueil chaleureux n’a pas été un peu brusque ?
Ça a été très brusque au départ, je n’étais pas préparé à ça. J’étais avec ma première productrice, il fallait que je construise ma vie. Un artiste ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça se construit, ça peut pendre 5 ans comme 10 ans, que ce soit dans la musique ou le cinéma c’est pareil. Quand on est prêt dans sa tête tout se déclenche. Ce n’est pas une question d’âge, mais de maturité. Aujourd’hui je veux en vivre, c’est à dire que je veux faire les choses à fond. Je pense musique matin midi soir, et je pense moins à rungis. Ça reste mon histoire, j’y suis encore tôt le matin, mais de moins en moins.
Comment tu arrives à la associer les deux ? Est-ce que l’un ne va pas prendre le pas sur l’autre ?
Si c’est en train de se faire déjà, et puis lorsque les médias commencent à te porter, tu te poses des questions, surtout lorsque tu as deux pages dans Gala ! tu ne te rends pas compte, mais tous les coiffeurs de France et de Navarre te connaissent. C’est bien de toucher la France populaire, je suis un garçon populaire, j’ai travaillé à Rungis qui est un milieu populaire. J’aime les gens, mon but est d’aller chanter partout, à l’étranger et en France.
Après le succès de « C’est ma vie dans Les Halles », il y a eu un petit passage à vide . Est-ce que durant cette période tu as réfléchi à arrêter ? C’était de l’amusement pour toi ?
Je ne me suis jamais posé la question de savoir où j’allais. Mon ancienne productrice est décédée entre temps, je me suis retrouvé du jour au lendemain tout seul. Je suis quelqu’un qui ne lâche rien et j’ai dû beaucoup travailler, et croyez moi ce n’est pas un coup de chance. Les gens m’ont suivi et m’ont beaucoup apporté. C’est à moi de travailler et de montrer que je suis présent. Donc je n’ai rien laché. J’ai sorti des titres en indépendant et puis tout doucement on revient.
Maguy (sa manageuse et compagne) fait partie de cette reconstruction, sans elle jamais je n’aurai fait ce que je fais aujourd’hui. D’ailleurs dans l’album précédent (Encore un instant) il y a une chanson qui lui est dédiée et que je chante toujours en live « Oxy j’aime », parce qu’un jour elle m’a dit « tu sais Marc, tu es mon oxyjaime… » et je lui ai répondu « toi tu seras ma chanson… »
En janvier 2020 tu faisais un carton plein à l’Europeen pour défendre ton 2e album « Encore un instant », quelques semaines seulement avant la crise de Covid …
On a fait l’Européen, on a fait le palais des congrès, on a fait Michel Druker et après le Covid nous tombe dessus. Pour moi cette période a été hyper positive parce que ça m’a fait comprendre qu’il faut faire ce que tu as envie de dans ta vie parce que tu ne sais pas de quoi est fait demain et que tout peut s’arrêter. Du coup, j’ai fait un EP qui n’était pas prévu « Mes Années Cover », dans lequel j’ai repris notamment « Manureva » d’Alain Chamfort qui a pris la peine de me dire qu’il n’avait jamais eu une version aussi jolie que la mienne. J’ai eu Michel Polnareff qui a retweeté ma version de « Love me please love me ». Cet EP m’a permis d’aller chanter pendant la periode Covid sur la chaîne allemande numéro 2. C’est à ce moment que j ai décidé de faire tout ce que j’aime, c’est à dire je ne me suis pas mis à la musique à 100% mais à 1000% !!
C’est durant cette période que tu as composé mes années cover…
Non, j’ai repris Mes années cover, parce que j’ai commencé à faire des streaming comme tout le monde et quand j’ai repris « Nuit de folie », j’ai vu que le compteur s’affolait. Je suis allé en studio enregistrer et cet EP m’a apporté beaucoup de presse et lorsqu’on est sorti du confinement j’ai dévoilé cet EP de reprises au public. Aller en studio ce n’est pas ce que je préfère, ce que je préfère c’est être sur scène, chanter et composer pour les autres et pour moi même. Rester en studio c’est excitant, mais c’est long.
Avec « c’est le temps » tu reviens à tes origines, tu parles du passé… c’est le climat ambiant qui t’a poussé à le composer ?
Non, elle a été écrite avant. En fait j’ai fait une tournée en Roumanie l’année dernière et j’ai co écrit cette chanson avec Léa Ivanne mais c’était pour raconter l’histoire de ma famille. Michel Druker m’a invité parce que ça l’a touché et parce que ça correspondait au climat ambiant de l’époque. J’ai juste voulu raconter l’histoire de ma famille qui soixante ans après a eu peur d’un recommencement. Cette chanson est une forme de respect, de devoir et de mémoire.
C’est important pour toi de perpétuer ce devoir de mémoire ?
C’est très important. Je dis toujours pour aller où tu vas, il ne faut jamais oublier d’où tu viens. Ma famille s’est battue aussi bien pendant la la seconde guerre mondiale que pendant le communisme. Ma mère est partie de Roumanie en 1958 sans rien, elle est devenue réfugiée politique et les parents de mon père sont arrivés réfugiés politiques, tous juifs. Tout ça faisant, je pense que je suis un exemple de fils d’immigrés en France. Le vivre ensemble peut exister, et je le vois tous les matins à Rungis !
Dans l’un de tes titres tu confesses aimer passionnément la vie. Qu’est-ce qui te fait l’aimer passionnément malgré ses travers ?
J’ai une angoisse de la mort, j’ai très peur de la mort, donc je vis à fond tout ce que je fais. Quand je suis en concert, quand je suis à Rungis… tout ce que je fais je le fais à fond en plus je suis hyper actif, j’ai besoin d’être en activité non stop ! Je dors très peu, 4 à 5h par jour, et puis elle est belle la vie. Mais j’ai des angoisses, je suis hyper actif, j’ai envie de croquer le monde, il faut que je bouge et que je vois du monde.
Quelle est ta formule en matière de composition ? Qu’est-ce qui t’anime ?
Franchement je ne sais pas, je n’ai pas de formule, je suis autodidacte, ça chante dans ma tête et en fin de compte des fois je pense à un truc, je me mets au piano et tout sort. Il y a toujours un thème que j’aborde en fonction de la mélodie, si elle est joyeuse ou pas. J’aime bien faire des mélodies joyeuses pour passer des messages un peu durs ou un peu tristes.
Face à la pression qui s’exerce autour de toi depuis quelques mois, comment arrives tu à faire la part des choses ?
Je cours, je fais des exercices, je me mets au piano et je compose. J’essaie toujours d’avoir 15 projets et je me dis que sur les 15 il y aura au moins un qui aboutira. Je n’aime pas revenir en arrière, j’avance, je suis toujours dans le futur, j’ai horreur de partager les souvenirs, ce qui est fait est fait, je préfère penser à ce qui va se passer demain.
Pour toi ce n’était pas mieux avant ?
Non, tu peux être nostalgique parce que tu te souviens de ton enfance avec tes parents, tes amis… si c’était mieux avant, ça veut dire qu’il y a deux futurs. Le gros avantage du futur c’est que tu ne sais pas ce qui va se passer, et je n’ai pas envie de savoir. Je pars du principe que si on te prédit ton avenir tu vas changer en fonction de ce qu’on te dit.
Mais dans « c’était le temps », on retrouve une certaine nostalgie
Oui, c’est une nostalgie positive. Il ne faut pas oublier qu’on peut avoir une belle vie dans tous les pays et cette vie peut être détruite du jour au lendemain, donc c’est le message positif qui donne du positif à ton futur.
Quel rôle peut jouer la musique dans un contexte géopolitique
La musique peut alléger les maux, en même temps qu’elle fait vachement du bien. Il y a une magie dans la musique, voir des gens chanter mes chansons c’est magique.
Vu l’accueil qu’a reçu ton dernier projet, qu’est-ce que tu nous prépares pour la suite ?
Après la fête de la musique la plus tôt de France à Rungis le 21 juin dernier, on a pris l’avion pour cinq concerts aux Philippines. Ce qui est génial c’est que j’ai signé un contrat avec Universal là-bas j’ai composé pour la gagnante locale de The Voice. J’écris et compose également pour une artiste finaliste de The Voice en Roumanie, la musique française s’exporte. Le 13 juillet je suis à Reims en 1ère partie d’Amel Bent, le 14 juilletà Lille, fin août avec Amir dans le nord, le 18 septembre à Paris et le 28 novembre on refait le Café de la Danse. C’est une date importante pour moi parce que ça va être le début d’une grande tournée, on va faire une « c’est ma vie dans Les Halles » Tour l’année prochaine. On a trouvé l’un des seuls camions scène de France qu’on posera dans les 12 plus gros mines marchés internationales de France et on fera les concerts à 5h du matin.
Au niveau des projets comme un album par exemple ?
Je suis en train de préparer la suite, là on n’a pas terminé d’exploiter l’EP, après je vais chanter sur scène toutes les chansons que je n’ai pas assez chantées pendant le confinement. Pendant que je chante, j‘écris de nouvelles chansons, il va avoir sûrement un 2e EP d’ici un an et puis un album derrière.
Quand est-ce tu vas te consacrer uniquement à la musique ?
J’espère très vite, 2023 je crois … sincèrement je ne sais pas encore, je vis au jour le jour, chaque jour j’ai une nouvelle actualité qui tombe. J’aime à dire que j’aime les gens, je suis un ultra sensible…
Depuis quand tu joues au piano ?
J’ai toujours joué du piano, vers 7 ou 8 ans je jouais au piano avec mon papa, j’ai appris en faisant du jazz et du rock. J’ai appris Ray Charles, les Beatles… je n’étais pas du tout en mode musique traditionnelle ou variété. Vers 19 ans, j’ai commencé à composer des chansons et je croyais que tout le monde composait dans le milieu de la musique. Et à un moment j’ai décidé de présenter mes chansons, c’est devenu comme une envie, parce que j’ai été élevé dans un milieu où la musique était considérée comme un hobby, mais surtout pas comme un métier. En fin de compte c’est devenu mon métier, c’est en train de le devenir à 200%. Mes parents adorent mes chansons mais ils ne me comprennent pas toujours…malgré leur admiration pour mes chansons, pour eux chanter ce n’est pas un métier. Même s’il y a des angoisses par moment, je m’éclate et je suis tellement heureux.
Quel est l’artiste ou groupe avec lequel tu aimerais collaborer ?
acques Goldman. Aujourd’hui j’aime des artistes comme Ben Mazué, et dans mes rêves les plus fous co écrire avec Calogero serait un honneur. J’ai eu la chance de le voir en concert acoustique assez privé à la maison de la radio, il est tout à fait dans la veine de ce que j’aime chez un chanteur, c’est un grand monsieur de la chanson française.
Plus d’infos
Marc Fichel sera en concert le 27 novembre prochain au Café de la Danse.