Le 19 juillet Vanessa Wagner présentait son dernier opus « Study of the invisible » dans le cadre du Festival de la Roque d’Anthéron
Nous étions à 11h00 du matin, en pleine canicule, au Centre Sportif et Culturel Marcel Pagnol. C’est un lieu bien différent de ceux auxquels nous a habitué le Festival. Le grand parc Florens, ses platanes et ses cèdres, des monastères, des églises et des temples, les bords des marais de Camargue, les carrières de Rogne etc. Autant de lieux grandioses, historiques. Là, c’est une petite salle moderne aux murs tendus de noir. Mais l’acoustique est bonne.
Vanessa Wagner entre dans la salle, mince, presque menue. Une robe rouge qui rappelle celle d’Annie Duperey dans « Un éléphant ça trompe énormément », une ceinture noire à boucle dorée, un collier d’or.
Le concert commence. Un répertoire original fait de pièces courtes de compositeurs américains contemporains, comme des perles sur sur un collier. Autour de Philip Glass qui se taille la part du lion, de Moondog, le vieux barde new-yorkais, et de Brian Eno, le seul anglais de la bande, des auteurs inconnus, souvent dans la trentaine. Une musique du courant dit minimaliste peu joué en France, où longtemps musique contemporaine a rimé avec sérialisme, dodécaphonisme et autres musiques « sérieuses ». Vanessa Wagner, dans ses disques et ses interviews, défend cette musique originale, méconnue en Europe. Elle vient de sortir deux disques d’affilés qui sont consacrés à ce courant musical, Inland et Study of the invisible. Le concert était consacré aux titres de ce dernier album.
C’est une musique abstraite, comme le serait un dripping de Jackson Pollock ou un Outrenoir de Pierre Soulages. Des oeuvres n’ayant aucun sens mais dans lesquelles, le spectateur ou l’auditeur se perdent à chercher à les comprendre. Des oeuvres sensibles où l’on passe de la sérénité à la colère, et par toutes sortes de sentiments.
Le concert s’achève au bout d’une heure et demi, Il y a la place pour deux rappels avec des oeuvres de Philip Glass, quelques mots de l’artiste pour remercier spectateurs et organisateurs, une petite fille timide donne des fleurs à l’artiste. Il y a quelque chose d’intime dans ce concert où nous partageons une musique d’ailleurs. Puis nous sommes retournés dans la fournaise de cet été d’exception.
Plus d’infos
Inland et Study of the invisible se trouvent sur les plates-formes de streaming. La chronique est illustrée par le tableau « Automn Rhythm (number 30) » de Jackson Pollock, visible au MET de New York.