Cesser de vivre le rêve des autres pour enfin se consacrer au sien, tel est l’objectif que s’est fixé le tandem lyonnais Slogan avec Le fond de la classe, son nouvel EP cinq titres à la pop moderne et vintage

Qui n’a jamais été ce gamin au fond de la classe ayant vécu sa scolarité comme un véritable sacerdoce entre angoisse et traumatisme ? Au fond de la classe, on a du mal à rentrer dans le rang, sans compter la pression sociale, alors qu’on rêve d’emprunter une autre voix. C’est souvent cette place réservée au nouveau que prend aujourd’hui le duo Slogan à travers son premier projet à l’âme d’enfant rêveur et un peu rebelle.

Le fond de la classe est l’œuvre de deux amis Clémence et Nicolas, artistes dès leur plus jeune âge qui ont fait de leurs passions d’enfants leurs métiers d’aujourd’hui ! Faisant siennes le proverbe de Conficius « Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie », l’une a plaqué ses études de droit pour faire de l’effeuillage burlesque et l’autre a saboté son entrée au conservatoire pour jouer du punk en Belgique. C’est tout naturellement qu’ils unissent leurs talents pour nous proposer un projet spontané, enjoué qui ne s’interdit pas non plus émotion sincère et sobriété. Cinq titres à l’image des cinq parties de ce talentueux tandem, qui nous offre ce qu’il a de meilleur avec douceur et une pointe de nostalgie. Bref tout ce dont a envie en ce moment en somme !

Au fond de la classe, il n’y a rien de malséant à évoquer des sujets qui nous touchent comme l’atteste le premier extrait « 60 euros », qui met en musique les confessions poignantes d’une patiente à son psy. Il arrive aussi parfois qu’au fond de la classe, on soit plus collé que les autres d’où « Les portes », qui parle de résilience avec son refrain au mantra entêtant « peu importe le nombre de portes que je me prends, mes jambes me portes »

A la manière du talentueux songwriter Vincent Delerm qui déclarait dans l’un des titres de son album Kensington Square sorti en 2004 « les filles de 1973 ont trente ans », le duo reprend à son compte ce titre en l’adaptant à sa génération pour parler d’amitiés solides « Les filles de 1992 ont trente ans ». Vient enfin « Long séjour » chanté par Nicolas sous forme d’une lettre d’adieu, nous faisant passer par plusieurs émotions avec cette impression d’être toujours à part dans la société comme au Fond de la classe.

En moins de quinze minutes, le groupe Slogan met des mots sur nos maux et nos erreurs qui font de nous ce que nous sommes, et ça fait un bien fou. Un premier pavé lancé dans la marre avec la promesse de redonner un attrait enchanteur à la chanson française.