Dans une interview à phenixwebzine, les membres du jeune groupe Horla se confient sur « Reveille-toi », leur premier projet sept titres aux influences très larges, sorti ce 14 avril. Rencontre !
Paris, 50 Boulevard Voltaire dans le 11e arrondissement, nous avons rendez-vous avec Loïc (écriture, chant) et Erwan (guitare, chant) du duo Horla, qui nous accueillent pour un entretien dans les loges de ce lieu chargé d’histoire qu’est le Bataclan. Prendre le risque de les faire jouer alors qu’ils n’avaient encore sortis aucun titre, c’est le pari fou pour ne pas dire osé de leur tourneur qui a cru au talent de ce jeune duo de cousins, qui a vu le jour il y a à peine deux ans. Une audace inimaginable. Comment définir autrement ce risque ? Et il ne s’est pas trompé, puisque le duo est fait pour le live si l’on en juge par leur prestation le soir du 11 avril dernier, en première partie de Zaoui, l’ex chanteur de Thérapie Taxi. L’année dernière, !
Réveille toi, leur premier projet a vu le jour ce 14 avril, le même jour que la sortie de l’illustration de la chanson éponyme. A l’image de leur univers contrasté, le titre de leur premier EP laisse le champs libre à plusieurs interprétations. En plein conflit social, l’on pourrait imaginer un appel à un sursaut républicain, mais que nini, il s’agit juste d’un projet spontané de deux garçons qui cherchent à partager avec « La rage » leur amour pour la musique, mais sans agressivité ni certitude arrêtée. Une musique pleine d’énergie, fait avec le cœur par un tandem qui ne « désespère pas » de nous secouer un peu avec leur projet.
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire chemin ensemble ?
Loic A la base nous sommes cousins, on s’est retrouvés à la campagne un été, Erwan s’est mis à la guitare, moi au chant, et à la fin il m’a dit « c’est chouette ce qu’on vient de faire, passe à la rentrée on voit ce qu’on en fait… » c’est ce qu’on a fait par la suite, un morceau, puis deux, puis trois …
La musique, c’est un projet que vous nourrissez depuis longtemps tous les deux ?
Erwan : J’ai toujours fait de la musique depuis que je suis tout petit et après j’ai fait des études de son, et je ne voulais pas faire de groupe. Et puis c’est la rencontre avec Loïc il y a deux ans qui a fait qu’on a vraiment commencé à se dire qu’on arrête tout, qu’on veut faire de la musique.
Comment vous répartissez vous les rôles au sein du duo Horla ? Les paroles, les sons etc ?
Loic : j’apporte plein de textes à Erwan selon la période. Il les décortique et les valide par la suite. Il a ce côté puriste de la musique et moi je suis le genre qui écoute un peu de tout sans trop se poser de questions, j’essaie de trouver une idée, un sujet et si j’arrive à creuser et que le propos est intéressant, tout en sortant un peu de l’imaginaire collectif, c’est cool.
Qu’est-ce qui inspire Horla au quotidien, et plus particulièrement pour votre premier EP attendu Vendredi 14/04 ?
Erwan : Cet album est un peu particulier parce que c’est le premier morceau qu’on a fait, du coup c’est presque un peu des expériences dans le sens où quand on a commencé, on ne s’est pas dit qu’on va faire du rap, de la pop ou autre chose, on fait de la musique et on voit ce que ça donne. Comme disait Loïc tout à l’heure, il écoute beaucoup de choses différentes. Il peut écouter des trucs ultra commerciaux comme des trucs qui le sont beaucoup moins. Moi je suis plus rock, métal aussi, je n’écoutais quasiment pas de rap. J’ai un peu découvert ce genre avec Loïc, je ne connaissais pas vraiment le rap français.
Pourquoi ce titre : « Réveille-toi »? Quel est le fil rouge de ce tout premier EP ?
Loic : Est-ce qu’il y a un fil conducteur ? Franchement je vois nos morceaux comme des pièces différentes. D’ailleurs parfois ça m’énerve quand je fais écouter ma musique aux gens, ils jugent ce que je suis en train de dire alors que juste après je fais express de dire l’inverse. L’être humain est bourré de contradictions et moi, j’aime justement parler de ces contradictions là.
Erwan : Pour être honnête, quand on l’a fait écouter aux potes ou aux membre de la famille, c’était le morceau qui ressortait souvent, on nous disait « c’est celui-là qu’il faut aller chercher en single ». Je trouvais que ça marchait bien en nom d’album parce que il y a quelque chose d’un peu universel. C’est un ordre qui est ultra positif.
On passe par plusieurs ambiances suivants les titres. Dans « Go & crash » vous parlez de se brûler les ailes, quand dans « La ville » vous rêvez de la faire peter ou encore « rentre avec moi » qui est une chanson de drague…
Loïc : « rentre avec moi » je l’ai écrit après avoir rencontré une fille, j’étais de bonne humeur ce jour-là et j’ai trouvé ce refrain. A la base je voulais écrire comme un rappeur qui a grandi dans la cité, après on a complément changé de prénom. A la base c’était « la cigogne s’est trompée » et s’est devenu « Cupidon s’est trompé ». On voulait trouver un fil conducteur, mais heureusement d’ailleurs qu’il y en a pas, parce qu’on parle à la fois d’une rupture et d’une envie de ne pas rentrer seul(e).
Erwan : Les chansons sont souvent un peu comme des legos, c’est après qu’il faut trouver le sens.
Avez-vous besoin de conditions particulières, par exemple de s’isoler, d’écouter certains titres ou d’être dans un état d’esprit particulier pour composer vos chansons ?
Erwan : Oui, je sais que si j’écoute du Radio Head pendant une semaine, je vais avoir envie de faire ça, si j’écoute du Booba, je vais avoir envie de faire des instru à 90 alors que c’est pas du tout ma culture. Aujourd’hui on essaie de se diriger vers un truc plus pop, parce qu’on se rend compte que c’est ce qui fonctionne un peu pour nous.
Pour ce premier EP, vous êtes vous entourés de professionnels de la musique particuliers, ou est-ce un projet purement individuel ?
Erwan : Disons que tous les deux on a une grosse famille superbe avec plein de gens positifs. Au début on faisait écouter aux potes, à la famille, soit ils validaient, soit ils ne validaient pas.
Y’a t’il des sujets qui vous inspirent plus que d’autres, l’actualité impacte-t-elle votre créativité ? Avez vous besoin de transmettre des émotions particulières par la musique ?
Loïc : Complètement, je regarde l’actualité tout le temps, d’ailleurs avec Erwan on en parle tout le temps, mais on évite d’en faire état dans nos textes, on ne sait pas trop où se situer par rapport à tout ça. Comment dire quelque chose de fort sans pour autant prendre partie ? C’est compliqué.
L’EP sort ce 14 avril, comment le vivez-vous ? Sereins, excités, stressés ou un peu de tout ça ?
Loïc : Pas du tout, ça fait longtemps qu’on a fait les morceaux, les textes sont vraiment lourd de sens. On sait un peu plus où on va maintenant niveau musical.
Vous êtes actuellement en 1ère partie de Zaoui sur sa tournée, comment se passe le contact avec le public ?
Erwan : Très bien, surtout avec Zaoui, je pense que c’est public fun qui adore la pop et est là pour passer un bon moment. Ils sont là pour l’énergie, si tu leur en donnes, c’est gagné.
Est-ce qu’à l’image de l’ancien groupe de Zaoui (thérapie taxi), vous ne craignez pas d’en arriver là un jour ? D’aspirer vers des projets en solo ?
Loïc : Je pense que ça va, parce qu’on est cousin, comme on a plein de choses qui nous relie, il y a trop de trucs qui nous lie.
Erwan : je sais que j’ai envie d’avoir plusieurs projets, je pense que Loïc a envie de faire d’autres choses à côté. Le problème c’est que quand tu ne fais qu’une chose, même si ça marche, il faut continuer à te nourrir d’autres choses. A un moment donné si tu ne t’ouvres pas aux autres, notamment quand tu vieillis, d’ailleurs ceux qui y arrivent, c’est toujours ceux qui sont dedans.