Il est temps pour les parisiens et les gens du nord de venir profiter du climat du midi. En plus, cette année, des expositions passionnantes vous attendent.

Le printemps est là. Les robes des filles raccourcissent, nous enlevons les pulls. Les frimas de l’hiver s’en vont et la canicule de l’été n’est pas encore là.  Nous pouvons flâner dans les rues ou randonner dans les collines. Profitons de ce moment pour visiter quelques expositions. L’offre est particulièrement  alléchante cette année. C’est pourquoi je vous propose un itinéraire de curieux.

Fontaine des Dauphins

Commençons par Aix en Provence. Allons dans le quartier Mazarin, au sud du Cours Mirabeau, la principale artère de la ville. A l’est se trouve la chapelle des Pénitents blancs, une église devenue le Musée Granet XXe. Sous les ogives des voutes se trouve la collection de Jean Planque, galeriste et collectionneur suisse, ami de Picasso.

Sorel Etrog : Targets (study after Guernica)

Depuis le 1 avril, l’exposition Sorel Etrog sculptures et dessins est installée au premier étage. Choix judicieux que cet artiste canadien d’origine roumaine, admirateur de Picasso et de la Tauromachie.

En sortant du musée, tournons vers l’ouest et allons au bâtiment principal du Musée Granet, l’ancien prieuré de l’ordre de Malte. Au rez-de-chaussée, vous attend l’exposition David Hockney Collection de la Tate. Utilisant toutes les techniques possibles, il transforme le quotidien des portraits aux paysages. Né en 1937, toujours vivant en Normandie,  défenseur de la cause gay et LGBT, Hockney surprend toujours. Dépêchez vous d’y aller car l’exposition ferme le 28 mai.

David Hockney : in the studio

Reprenons notre promenade et dirigeons nous toujours vers l’ouest par la rue Cardinale. Passons devant la Fontaine des Dauphins, et tournons à droite dans la rue Joseph Cabassol. Là se trouve l’Hôtel de Caumont où habitait Pauline de Bruny, marquise de Caumont, réputée l’une des plus belles femmes de son temps. Culturespaces l’a transformé en centre d’exposition. Le 4 mai, commencera l’exposition  Max Ernst, Mondes magiques, mondes libérés.  Il faut découvrir cet allemand, dada puis surréaliste, moins connu que ses collègues Magritte et Dali. Né en Allemagne en 1891, mort à Paris en 1976, il aura illuminé le siècle de ses tableaux fantastiques.

Max Ernst : l’ange du foyer (le triomphe du surréalisme)

Le tour à Aix est fini, vous pouvez aller prendre votre véhicule au parking Mignet où vous l’aviez garé à coté du lycée où Cézanne et Zola ont étudiés. Prenez la direction de Marseille en passant au Camp des Milles.

Cette ancienne tuilerie a été l’un des camps de concentration français. En 1939, le gouvernement Daladier y enferme les ressortissants allemands qui avaient fuis la dictature hitlérienne. Artistes, scientifiques, futurs prix Nobel sont entassés là par les forces de l’ordre de la République française. Max Ernst y fait un séjour. Le camp est fermé en avril 1940 puis rouvert en mai de la même année. Le gouvernement Pétain y enferme tous les indésirables de la zone Sud de la France, depuis les Républicains espagnols jusqu’aux juifs. 2000 d’entre eux sont ensuite envoyés à Drancy et déportés à Auschwitz. L’horreur s’arrête en 1942 avec l’envahissement de la zone sud et la réquisition des locaux par l’armée allemande qui en fera un dépôt de munitions. Ce passage par les Milles vous rappelle Ernst et vous prépare à l’exposition qui suit.

Le camp des Milles

A Marseille, coincé entre la mer et le quartier du Panier, vous arriverez au MUCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). Cette institution est faite de deux bâtiments accolés l’un à l’autre. D’un coté l’ancien Fort Saint Jean, vénérable forteresse à la Vauban, construite pour défendre le Vieux Port. De l’autre, face aux luxueux bateaux de croisière, un cube de verre entouré d’une sorte de moucharabié en béton.

Vous passez devant la Villa Marguerite où se trouve la maquette de la grotte Cosquer et vous pouvez entrer dans le bâtiment pour visiter l’exposition BARVALO Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Voyageurs…

Elle commence le 10 mai. D’après les informations qui circulent, elle sera conforme à la double vocation du MUCEM, à la fois ethnographique et artistique. Elle exaltera la fierté d’une communauté parmi les plus anciennement  implantée en Europe. Elle n’a pourtant ni musée ni institut. Espérons que cette manifestation contribuera à combler ce vide et aidera à connaître les gens du voyage. Une partie de l’exposition rappellera les persécutions qu’ils ont connues. Une autre partie sera l’installation de  Gabi Jimenez, le Musée du gadjo. Avec l’humour habituel de cet artiste, elle fera voir les Autres, dans le regard des romani.

Le Mucem

Plus d’infos

Pour venir voir ces expositions, il est conseillé de réserver vos entrées au Musée Granet, à l’Hôtel de Caumont, au Camps des milles et au Mucem. De Paris, le Ouigo vous permet d’arriver en 3 heures. Les transports en commun entre Aix et Marseille se développent et le déplacement entre l’Hôtel de Caumont et le MUCEM se fait en une heure.