Retour sur la 6e édition de la Magnifique Society qui s’est déroulée au parc de champagne à Reims les 23, 24 et 25 juin derniers devant environ 23.000 spectateurs.
Deux jours après avoir accueilli le grand concert gratuit de la Fête de la Musique en direct sur France 2, la ville de Reims s’est retrouvée une nouvelle fois sous le feu des projecteurs le week-end du 23 au 25 juin pour la 6e édition de son festival chéri, la Magnifique Society. Si le grand show populaire du 21 juin a eu lieu sur le parking du Stade Delaune, la Magnifique de son côté a repris ses quartiers comme à son habitude dans le cadre bucolique du parc de Champagne sous un soleil radieux qui annonçait un 6e anniversaire de toute beauté. Déjà six ans que La Magnifique Society tisse sa toile dans le paysage des événements musicaux de l’été en France. A six ans, un enfant contrôle mieux l’expression de ses émotions, il est capable de les exprimer avec plus de clarté et surtout, il a une meilleure confiance en lui.
C’est ce que l’on ressens pour cette édition 2023. En six ans, le festival rémois a su s’imposer comme l’un des rendez-vous incontournable dans la région Grand Est face à ses aînés comme le Cabaret Vert. Pour preuve sa programmation éclectique entre hip-hop, pop, rock et indie pop qui comptait pas moins de 40 artistes qui se sont succédés sur les différentes scènes durant trois jours pour la plus grande joie des 23.000 spectateurs. Une fréquentation stable après l’édition record de l’année dernière (26.000 spectateurs) selon les organisateurs, dans laquelle les esthétiques musicales ne s’opposent pas mais se croisent. A l’image de son affiche rythmée par les têtes d’affiche : Aya Nakamura, Phœnix, Louise Attaque, et les artistes émergents ou locaux : Zaho de Sagazan, Marguerite Thiam, Japanese Breakfast… un line up exceptionnel pour un festival qui n’a jamais aussi bien porter son nom.
La Royal garden à ciel ouvert
Depuis l’année dernière, le Royal garden est la nouveauté qui enchante les festivaliers de La Magnifique Society. Baptisée ainsi en référence à la discothèque du film Playtime de Jacques, cette scène circulaire à ciel ouvert est très plébiscitée par les amoureux du dancefloor au point de passer des heures devant elle pour se déhancher au rythme des Dj les plus talentueux. Le premier soir, il n’était pas évident de trouver une place parmi cette foule d’ados déchaînés entre les fumigènes et le set endiablé de Bonne nuit à demain. Le lendemain on a pu vivre une expérience inédite grâce aux rémois du collectif La Forge déjà présents l’édition précédente, mais un peu plus tôt, c’est le set orchestré par la radio Tsugi qui nous faisait les yeux doux.

Parce que la Magnifique ce n’est pas que la musique, entre deux concerts, l’on a pu faire un tour à la Petite Society où une pléthore d’activités est ouvert aux jeunes à partir de 6 ans. Tandis que certains s’adonnent à la confection de couronnes de fleurs, d’autres passent entre les mains des maquilleuses pour avoir des strass et paillettes sur le visage, pendant que les plus futés s’affrontent lors des jeux afin de gagner des lots en rapport avec la musique. C’est beau, ludique et quelques fois puéril, mais c’est ce qui fait la singularité de ce festival.

Les étoiles de demain
On avait loupé Marguerite Thiam à Bourges en avril dernier, où elle faisait partie des artistes de la 38e sélection des Inouïs du Printemps de Bourges, mais on se rattrape à la Magnifique Society où elle était programmée le premier soir sur la scène Club Trotter. Réalisatrice et comédienne, cette multi instrumentiste enfile désormais les vêtements de musicienne pour défendre ses chansons à la croisée des genres. Accompagnée de son Backeur, elle livrera une prestation « Comme les grands » dans une ambiance entre pop et hip-hop. Mais le moment le plus émouvant restera quand elle interpréta la chanson écrite pour sa chérie, avant de nous inviter à streamer son nouveau single « Plus rien n’est grave », sorti ce jour-là.

La claque de ce week-end nous vient de Zaho de Sagazan, présente à la Magnifique le dimanche pour défendre son premier album La Symphonie des éclairs. Cinquante minutes d’un voyage émotionnel durant lequel elle aura convaincue même les plus récalcitrants, à se rapprocher de la scène d’où ils en étaient éloignés. Accompagnée de ses deux complices Alexis Delon et Tom Jeffrey, juchés devant leurs machines, Zaho nous a fait part de cette sensibilité, donc certains peuvent se moquer, mais qui lui a servi de moteur pour son projet au lieu de pleurer sous son oreiller. Cette sensibilité habitera toute sa prestation et en retournera plus d’un. Car elle est ainsi Zaho, quand on ne la connaît pas, il suffit d’une chanson comme « Mon inconnu » pour tomber sous le charme de cette voix dont on a du mal à s’en défaire. Alors on se laisse porter par cette sensibilité qui nous touche en plein cœur pour ne faire qu’un avec l’artiste sur scène, sa « Tristesse » devient la notre et comme elle, on l’a déteste. Mais la fin de la prestation vaudra le détour quand Zaho invite le public à se lâcher comme jamais dans cette fosse qui se transforme immédiatement en fête au village ! C’est beau, vivant, joyeux, d’autant plus que tout le monde joue jeu en ce dernier jour du festival. Zaho nous a tueR.

Et comment oublier Michelle Zauner aka Japanese Breakfast qui nous a servi son indie pop star ´ explorant une sorte de futurisme digital. Et que dire des deux prodiges du piano et de la batterie, le duo franco-américain Domi & JD Beck qui nous a submergé le dernier soir ? A part qu’on a pris une véritable claque avec la performance de ses deux virtuoses, qui incarnent le jazz du futur.

Les locomotives du 6e anniversaire
Tous les festivals ont besoin de locomotives pour attirer le public, c’est à ça que servent les têtes d’affiche comme les versaillais de Phœnix qui ont livré un show autant sonore que visuel avec la galerie des glaces grandeur nature en fond de scène. Une prestation époustouflante qui ne souffrait d’aucune improvisation le quatuor emmené par son chanteur emblématique Thomas Mars qui nous a prévenu dès le départ qu’ils devaient résumer en une heure les 7 albums de leur discographie. Pari réussi pour le groupe qui a tenu le public en haleine avec ses tubes comme « Lisztomania », « If I Ever Feel Better » ou encore le final « 1901 ».

Une heure plus tard, c’était au tour de la star du rnb Aya Nakamura dont c’était la première à La Magnifique et quelle première ? La Queen française la plus écoutée dans le monde a fait honneur à son prestige devant un public acquis à sa cause qui connaissait ses tubes par cœur. De « Haut niveau » à « Baby » en passant par « Pookie » et son tube planétaire « Djadja », elle a fait danser la foule pour ne pas dire chanter, entre ses tableaux magnifiquement exécutés avec ses danseurs et ses musiciens en fond de scène. « Merci Reims, c’était Aya Nakamura »

Pour refermer le bal de cette 6e édition, le festival a remis les clés à Louise Attaque, le groupe pop rock qui évolue désormais en trio depuis ses retrouvailles en 2015, mais toujours emmené par son chef d’orchestre Gaëtan Roussel. Après avoir fait danser et chanter le public intergénérationnel avec leurs anciens tubes comme « J’t’emmene au vent » ou « Ton invitation », le groupe a défendu ses morceaux les plus récents extrait de leur dernier album Planète Terre. Une belle fin de soirée rémoise qui n’avait rien à envier aux fameuses « Soirées parisiennes ».