Le festival Beauregard a refermé ses portes ce dimanche 9 juillet après cinq jours de musique et de folle ambiance autour de 150.000 spectateurs. Retour sur cette édition record !

John, la mascotte imaginaire du festival, a ouvert les portes de son magnifique château à Hérouville Saint-Clair (Calvados) pour accueillir comme il est de coutume, l’édition 2023 du festival Beauregard qui célébrait cette année son 15e anniversaire dans un format étendu à 5 jours comme l’édition précédente et qui affichait complet depuis février dernier. Du jamais vu, alors que toute la programmation n’avaient pas encore été annoncée. Une 15e édition qui a démarré sur les chapeaux de roue avec en ouverture le groupe français Indochine qui a permis au festival de battre un nouveau record de fréquentation avec 150.000 spectateurs, après les 147.000 spectateurs de année dernière où le festival avait comme tête d’affiche en ouverture un certain Muse.

Le mur floral à l’entrée de l’espace partenaires du festival Beauregard

Putain de 15 ans

Pour notre première édition en couverture de beauregard, nous avons vibré au rythme des festivaliers rencontrés dans ce beau domaine à l’ombre du château éponyme. Des festivaliers qui adorent leur festival cheri à n’en ne pas douter, si l’on juge par l’engouement pour cet événement et les nombreux sourires sur les visages recouverts de paillettes. Une bonne ambiance que même le forfait de dernière minute du groupe Blur, contraint d’annuler sa venue le jeudi à cause de la blessure de batteur, n’a pas perturbée. Une excuse qu’on a du mal à gober étant donné que le groupe a assuré son show deux jours plus tard à Wembley. Heureusement qu’on a pu compter sur leur confrère britannique Royal Blood qui les a remplacés au pied levé.

Avec 30.000 par jour rassemblées dans le parc, on pouvait parfois se sentir oppressé, surtout si on est agoraphobe. Les va et vient entre les deux scènes (Beauregard et John) situées aux deux extrémités du parc donnent le tournis, mais n’entament rien à la détermination du public. Les concerts s’enchaînent à la vitesse grande V, mais entre les deux, on peut faire une pause danse au « studio » où un collectif de dj mène la cadence. Ou encore se réfugier à l’ombre des arbres, où il ne reste plus l’ombre d’une place.

On aura tout le temps de se reposer à la fin, on est là pour un putain d’anniversaire et on va en profiter à fond. Ce qui n’est pas de l’avis de M83… après six ans loin des podiums, le chanteur électro était de retour à beauregard et malgré les sourires de circonstance affichés durant sa prestation, on le sentait tendu. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir plus tard qu’il avait traité le festival de tous les noms à travers une publication sur Instagram une fois sortie de scène.

Une chance que les 40 autres artistes ou groupes programmés n’étaient pas du même avis et c’est tant mieux. Pomme était très fière de faire partie de la fête, même si elle a conscience que sa musique triste peut rebuter plus d’un en festival. Idem pour Fatoumata Diarawa, dont la présence scénique à elle toute seule, assure le show. De passage à Beauregard le samedi 8 juillet, le groupe de rock britannique Nothing but thieves a pu faire découvrir au public leur nouvel album Dead city, sorti la veille (7/7). Ou encore le groupe australien Airbourne qui célébrait ses 20 ans de carrière cette année.

John aime le rap

Et si john était plus qu’une mascotte imaginaire ? Et s’il était de la génération X ? Parce que une telle appétence pour le rap ça ne trompe pas. Mais bref, le rap était bien dans la place cette édition et a ravi le public de plus en plus jeune qu’on croisait dans le public, comme Lisa, qui n’avait d’yeux que pour Damso le vendredi soir. Accompagnée de sa mère et malgré l’horaire tardive de son passage (23h55), elle n’a pas une loupé une seconde de la prestation de ce taulier du rap durant laquelle elle l’accompagnait en chantant en chœur avec lui tous les titres comme « Macarena » qu’elle connaissait par cœur. Une vraie pile Duracell que l’auteur de cette chronique a été obligé de porter sur ses épaules.

Damso sur la scène Beauregard le vendredi 7 juillet 2023.

Samedi c’est Leto & Guy2bezbar qui prenait d’assaut la John Stage. Tandis que Tiakola enfonçait le clou dimanche soir avec son rap assourdissant. Dans ce chaos infernal, on a préféré la douceur de Lomepal qui nous a touché en plein cœur comme à son habitude, même s’il était parfois obligé de monter à « 1000 degrés » pour prouver qu’il en a lui aussi.

On a eu show

On a eu chaud au sens propre comme au figuré. La qualité du son sur certains concerts nous a fait craindre le pire. Mais c’était sans compter sur la technicité d’un groupe comme Animal Triste qui nous a vite fait oublier les imperfections qu’on commençait à souligner. Être programmé en ouverture d’une journée de festival n’est pas chose aisée, la crainte de jouer devant une fosse vide ne vous quitte pas jusqu’à l’instant T. Ce qu’a expérimenté Animal Triste ce samedi en débutant leur prestation avec à peine une centaine de personne dans le public, pour terminer devant une foule nombreuse, acquise à leur cause et surtout devant l’irrésistible « Tell me how bad I am »

Le groupe Animal Triste en ouverture de la scène Beauregard le samedi 8 juillet 2023

Cinq moins après son César de la meilleure musique de film, Irène Dresel est montée pour la première fois, ce samedi 8 juillet, sur la scène du festival Beauregard pour une heure de live techno. Ni un, ni deux, à chaque fois, le public se retrouve immergé dans son univers électronique magnifié par une scénographie florale dont elle a le secret. A peine le set de d’Irène terminé sur la scène John, que Vladimir Cauchemar prenait le relais de l’autre côté sur la scène Beauregard pour clore en grandes flammes la journée du samedi. Une case horaire tardive à laquelle le célèbre dj masqué est habitué et qui ne lui fait nullement peur, car il réussit toujours à retenir une foule bien compacte devant ses sets endiablés. Et puis en même temps, qui en envie de rentrer chez lui quand il peut s’offrir le luxe de danser dans une discothèque à ciel ouvert, à l’ombre d’un magnifique chateau ? Pas nous en tout cas, et nous avons des témoins, nos chaussures.

Vladimir Cauchemar sur la scène Beauregard le samedi 8 juillet 2023

Englishman in Caen

C’était l’un des temps forts de cette 15e édition. Les 1h30 de show offert par le grand Sting dimanche en début de soirée devant 30.000 spectateurs. Le britannique était de retour au parc après un premier passage en 2015, entouré de ses choristes et musiciens, il a revisité son répertoire truffé de tubes. De ses débuts du temps de son groupe pop rock, le très populaire The Police, qui séduisait grâce à son rock mixant jazz, punk et reggae, à l’image de « Message in a bottle » sorti en 1979 ou encore le final sur « Roxanne ». Mais il était surtout question de revisiter sa carrière solo débutée à partir de 1985 avec The dream of the blue turtles jusqu’au dernier en date The Brigde sorti en 2021.

Une longue aventure solo de 38 ans que l’acteur dans une autre vie, dans une nonchalance toute British qui séduit, essaie de résumer en quatre-vingt-dix minutes, tant il y a de quoi passer toute la soirée. Mais on n’a pas boudé notre plaisir de le voir jouer en live « Englishman in New-York » ou encore « Fields of gold ». Des titres qui datent d’avant la naissance de l’auteur de ces lignes, mais qui parlent à toutes les générations. Comment rester insensible devant « Shape of my heart » qui fait craquer le public intergénérationnel, malgré un ciel menaçant ?

La dernière de Shaka Ponk

Pour la dernière soirée, John a confié les clés du parc de son château à un groupe qui a livré un show d’anthologie pour son ultime halte à Beauregard, puisqu’il vient de se lancer dans sa tournée d’adieu. Il s’agit du groupe de rock français Shaka Ponk, venu défendre son dernier album sorti le 16 juin. Pour être en phase avec ses préoccupations écolo, le groupe a décidé de se consacrer à son collectif Freaks après cette tournée d’adieu au sommet de leur gloire.

Des adieux mémorables pour ce clap de fin de l’édition 2023 qu’on gardera longtemps en mémoire. Ainsi s’achève cette première couverture du festival Beauregard pour phenixwebzine, une expérience qu’on espère renouveler l’année prochaine tant l’ambiance et l’accueil fut bonne. Malgré un sentiment d’oppression qu’on a pu ressentir face à cette foule qui avançait comme un seul homme et quelques forfaits de dernière minute, John a su nous séduire et nous donner envie de le revoir le premier week-end de juillet l’année prochaine.