20 ans de Rock en Seine : entre réjouissances et amertume !

Avec 3 jours complets sur 4, rock en seine a célébré son 20e anniversaire de la plus belle des manières en réunissant 144.000 personnes autour d’une belle programmation riche et éclectique, mais avec un final au goût amer.

« Quand on aime on a toujours 20 ans et quand on a 20 ans, on aime toujours… » voilà une citation qui pourrait bien résumer a elle seule, la 20e édition du festival Rock en Seine qui s’est achevée ce dimanche soir. La première édition du festival Rock en Seine remonte à 2003, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, pour paraphraser l’un des monuments de la chanson française Charles Aznavour. Vingt ans déjà que les franciliens se retrouvent autour de ce dernier rendez-vous qui clôture la saison des festivals d’été, avant la rentrée.

Girl power on stage !

Cette année, l’événement s’annonçait mémorable avec un démarrage sur les chapeaux de roue mercredi 23 août par une journée d’ouverture 100% féminine qui a fait l’unanimité. Un lancement en mode « More Woman on stage » avec des artistes féministes à l’image de la compositrice et percussionniste française Lucie Antunes ou de la jeune britannique à la pop redoutable Nieve Ella. L’apothéose de cette soirée d’anniversaire fut le concert de Billie Eilish pour sa seule date française de l’année et un magnifique feu d’artifice qui embrasa le parc du Domaine de Saint-Cloud.

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Au début de cette même soirée d’ouverture, le public était en excitation devant la norvégienne Girl In Red, dont la première à rock en seine remonte à 2019. Celle qui a assuré les premières parties de Billie Eilish lors de sa tournée l’année dernière et collaborer avec son frère Finneas O’Connell sur le titre « Serotonin », partage une nouvelle fois la même scène avec la star américaine, mais sous son propre pavillon. Armée de sa guitare, et sa voix douce et envoûtante, celle qui est devenue une icône queer malgré elle, nous fera rêver avec une indie pop planante, qui témoigne de la maîtrise d’une artiste talentueuse. À travers des tubes comme « We Fell In Love in October » et « I Wanna be Your Girlfriend », elle se livrera sur ses problèmes de confiance en soi, de santé mentale et de peines de cœur. Des thématiques qui mettent en avant sa vulnérabilité et ses émotions, et forment l’ossature de son premier album If I Could Make It Go Quiet sorti en avril 2021.

Déjà 20 ans !

Vous l’avez compris, la 20e édition de RES a battu son plein tout au long du week-end avec trois journées sold out. Bonne nouvelle, le golden pit tant décrié l’année dernière et qui amputait une partie considérable de la fosse devant la grande scène, n’a pas été reconduit. L’espace a été rendu au public qui n’en demandait pas moins pour mieux profiter du show XXL assuré par le duo britannique The Chemical Brothers en clôture de la soirée du samedi sur la grande scène. Tandis que sur la scène Cascade, c’est Charlotte de Witte qui assurait le dernier concert de ce samedi soir, transformant la fosse en discothèque à ciel ouvert avec sa techno house qui tabasse.

La journée du vendredi a été la moins suivi, malgré l’apothéose avec Placébo, la faute peut-être à une programmation du jour qui manquait cruellement de rock. Une chance qu’on soit tombé sur le show loufoque et énergique de Viagra Boys, amené par son leader au corps tatoué Sebastian. Belle découverte de cette 2e journée qui contribue à nous réconcilier avec le rock, surtout avec un public qui n’a cessé de slammer devant la scène Cascade, nous faisant ravaler notre déception.

Rock en Seine c’est aussi l’occasion d’aller à la découverte de talents émergents à l’image de l’excellent moment que nous avons passés en compagnie du rappeur Glauque et sa bande sur la scène Firestone. Son rap lyrique et presque à fleurs de peau nous a séduit, au point qu’on attend avec impatience son album qui sort le 15 septembre, deux jours après son concert au Trabendo le 13 septembre.

De l’autre côté du Bosquet, c’est une fan de David Bowie qui apparaît derrière un gros cœur noir sur scène, en la personne d’Ana Benabdelkarim aka Silly Boy Blue, ravisante dans sa tenue noire perlée de point blanc et qui était ravi d’être de retour à Rock en Seine quatre ans après son premier passage. Ce rendez-vous avec le public de RES, elle en a tellement rêvé qu’elle en a fait des cauchemars, avouera t’elle entre deux chansons, entourée de ses trois musiciens vêtus de blancs. Elle passera en revue les titres de son répertoire qui tourne autour du sentiment amoureux, car elle est comme ça Silly, elle aime donner et recevoir en retour, mais ce n’est pas toujours le cas. Alors elle le met en musique dans un registre émotionnel, pour le partager avec son public toujours à l’écoute de ses complaintes, magnifiées par une voix qui vous fait plier devant votre envie de décamper.

Une heure plus tôt, au hasard d’une flânerie dans le parc, ce sont les mélodies accrocheuses du quintet En Attendant Ana, qui nous attira devant cette même scène du Bosquet. Deux filles et trois garçons en harmonie avec leurs instruments pour nous offrir un savant mélange de pop française et de rock anglo-saxon. Malheureusement pour nous, on arrive à la fin de la prestation de la bande emmenée par Margaux Bouchaudron, mais on s’empressera d’écouter leur 3e album Principia sorti en février 2023, et vous aussi, si ce n’est déjà le cas !

Foals… plus que parfait

La pluie qui s’est abattue sur une partie de la capitale ce dimanche en début d’après-midi ne ralentira pas notre envie de revoir Foals sur scène. Heures-machine pour nous, dame nature se montrera clémente et cessera ses caprices juste avant que Yannis et sa bande ne rentre sur scène. Pour leur 4e passage en 20 ans de Rock en Seine, Foals a fait le show, confirmant ainsi que le festival leur va comme un gant…

Programmée en première partie de soirée le dernier jour du festival qui affichait complet, le groupe méritait franchement d’être l’apothéose de cette édition quand on sait ce qui s’est passé plus tard. Mais ça c’est une autre histoire, on y reviendra en détails plus bas. « Wake me up », tube parfait en introduction, suivi de « Mountain at my gates » met le public dans l’ambiance bien corsée du rock. Yannis Philippakis est tellement habité par ce moment de live intense et de communion avec le public qu’il meurt d’envie de le rejoindre dans la fosse avec son micro filaire. Une heure quinze minutes de plaisir intense dont on a apprécié chaque seconde. Du rock comme on aime et qui nous manque déjà.

Un final difficile à digérer

Vingt-cinq ans après la sortie de leur premier album Is This It ?, The Strokes était très attendu pour clôturer cette édition anniversaire en beauté, mais… Disons clairement les choses, ce n’était pas fameux. Arrivé sur scène avec dix minutes de retard, le groupe n’a pas réussi à nous transporter avec sa prestation un brin bancale. L’engouement des fans qui attendaient ce moment depuis des heures, au point de ne pas bouger de leur place toute la journée, a été douché en quelques minutes.

Que s’est-il passé pour que l’un des groupes de rock les plus prometteur de sa génération, rate ce rendez-vous avec son public français ? Est-ce à cause des blagues un peu lourdingues de Julian Casablanca qui prenait souvent en grippe ses 3 compères sur scène ? Ou encore son micro qui faisait des siennes vers la fin ? Bref le son était désastreux, le visuel gâché par ce décor trop longtemps plongé dans l’obscurité, et un leader qui visiblement avait plus envie de se barrer que d’assurer les quinze dernières minutes de leur show. Si on peut appeler ça « show ». Heureusement que le public s’est retrouvé dans « Alone together » et « Hard to explain » qui ne pouvaient pas mieux résumer la soirée qu’on a vécu ce dimanche soir.

Un acte manqué très difficile à encaisser pour nombre de festivaliers présents ce soir là et qui s’interrogent encore sur ce qui s’est réellement passé ? C’est peut-être la seule fausse note de cet excellent week-end anniversaire… La tête n’était pas dans les étoiles en quittant le parc du domaine national de Saint-Cloud ce dimanche soir. Mais plutôt un goût d’amertume. Heureusement que Foals était là…

Rendez-vous à l’édition 2024 du 21 au 25 août sous le signe de la flamme et labellisée Olympiade Culturelle, puisque Rock en Seine a été retenu comme un partenaire culturel de premier rang par les équipes organisatrices des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Une édition 2024 « qui constituera la rencontre éclatante, dynamique et historique de deux flammes, celle universelle de l’Olympisme et celle unique de l’enthousiasme qui nous porte depuis 20 ans. » annonce le festival.