Il y’a urgence selon l’auteur à parler de la violence sociale, violence qui a tué son père et les coupables il les connait et les nomme « Hollande, Valls, El Khomri, Hirsch, Sarkozy, Macron, Bertrand, Chirac. L’histoire de ta souffrance porte des noms.» Pour lui ils sont responsables du déclin de son père du faîte de leur politique successive qui l’a physiquement détruit.
« je n’ai jamais vu de famille partir à la mer pour fêter une décision politique, parce pour eux, la politique ne change presque rien » se souvient-il lorsqu’un jour, son père apprenant que la prime de rentrée serait augmentée de 100 euros, décide de les amener à la mer, « tu étais fous de joie, tu avais crié dans le salon : on part à la mer, et on était partis… »
Il dresse un véritable réquisitoire à l’encontre de tout ce qui a pu contribuer à la mort de son père, sans manquer de se remettre en scène pour évoquer une relation compliquée avec ce dernier. « Un soir, dans le café du village, tu as dit devant tout le monde que tu aurais préféré avoir un autre fils que moi. Pendant plusieurs semaines j’ai eu envie de mourir. »
Mais derrière ce récit, il y’a une volonté de pardonner à ce père qui, malgré sa froideur, pouvait défendre son fils face à un professeur, avoir des fous rires partagés… « il me semble que je t’aime » ou encore quand il admet dans le second chapitre « je n’étais pas innocent »
Edouard Louis nous avait déjà parlé de ce père alcoolique et aux idées arrêtées dans son premier livre, mais il n’a pas peur de se répéter, « parce que ce que j’écris, ce que je dis ne répond pas aux exigences de la littérature, mais à celles de la nécessité et de l’urgence, à celle du feu ».
Dans ce roman encore, seul le fils parle face à un père muet et il le concède « le père est privé de la possibilité de raconter sa propre vie et le fils voudrait une réponse qu’il n’obtiendra jamais.»
« Qui a tué mon père » Edouard Louis
Édition du Seuil, 12€, 96 pages.
Je n’ai encore jamais lu Edouard Louis, ça me donne envie de le faire. Merci! En passant, il y a un moment que je n’étais pas venu sur votre blog. Sympa le nouveau thème et l’adresse web .com. Dans la lignée de votre article sur « Noir n’est pas mon métier » vous liriez peut-être avec intérêt le débat entourant la dernière pièce de Robert Lepage, au Québec. La pièce SLAV a suscité tout une polémique sur l’appropriation culturelle, une troupe en grande majorité blanche ayant mis en scène des chants d’esclaves d’origine africaine. Débat, débat! Au plaisir.
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