De passage au festival les Déferlantes du Sud à Argelès-sur-Mer le lundi 9 juillet 2018, Cécile Cassel alias Hollysiz s’est confiée en conférence de presse face aux journalistes.
Parle-nous de ton tout dernier album dévoilé il y a quelques semaines « Rather Than Talking »
Hollysiz : Je suis en train de le défendre sur scène. J’ai l’impression que c’est là qu’on parle le mieux de ses albums, c’est quand on les fait vivre. C’est un album qui est un deuxième. On m’avait dit que c’était le plus dur, surtout que j’avais eu la chance que le premier se passe bien. Bizarrement, j’ai l’impression que ça n’a pas été le plus dur, que c’était simplement celui qui est allé chercher au plus profond de moi. D’un coup, je me suis dit que comme on n’avait pas la formule secrète pour faire marcher quelque chose donc autant faire ce qui nous plaît. Au moins, si on se plante, on pourra s’en vouloir qu’à soi-même et si ça se passe bien, on aura été très honnête dans notre succès. En tout cas, je pense que l’album parle mieux lui-même sur scène.
Qu’est-ce que tu as voulu transmettre avec ce second album ?
Hollysiz : C’est drôle parce que quand j’ai commencé à l’écrire au final, je me suis retrouvée avec 25 morceaux et on a dû faire le tri avec mes deux co-réalisateurs, notamment Yodelice. Et quand on a fait ça, on est arrivé à ces treize morceaux. D’un coup, on voit en quoi on va se resserrer en thématique. Pour l’album, ça serait une petite boule à facettes, sur laquelle il y aurait toutes les facettes d’une même femme et en même temps, le portrait de beaucoup de femmes différentes. Je dirais que c’est ça.

Tu étais venue à Argelès-sur-Mer il y’a quelques années, qu’est ce qui est différent aujourd’hui ?
Hollysiz : On était venu il y’a 4 ans, on avait un très beau souvenir, un souvenir de vent, on a connu une tempête de vent délirant, on n’avait pas su jusqu’à la dernière minute si on pouvait jouer. A l’instant même avant d’arriver, j’ai mon régisseur plateau qui est venu me voir en me disant « on a un décor avec des paravents » c’est très bonne idée quand la tramontane se met en route, donc nos paravents volent, il est possible qu’on ne puisse pas voir le décor, donc on aura de nouveau un souvenir de vent. Non mais on a eu un très bel accueille la dernière fois, on était en journée off aujourd’hui à collioure on a pu découvrir le coin, on a mangé au coucher du soleil, c’était magnifique, une belle région

Pour revenir sur ce deuxième album, tu dis qu’il est conçu pour la scène, Comment on conçoit un album en pensant au live en pensant à la scène ? qu’est-ce qu’il arrive à transmettre en plus ?
Hollysiz : Je ne sais pas s’il a vraiment été conçu pour le live mais c’est vrai que j’en avais conscience parce qu’on sortait de la tournée quand j’ai commencé à l’écrire. J’avais conscience de ce que j’aimais chanter sur scène. Après, on a réarrangé les morceaux pour le live aussi donc c’est sûr que le fait qu’il y ait beaucoup de percussions dans l’album, je savais que sur scène ça allait être quelque chose de très payant, quelque chose qu’on allait aimer faire. Surtout en ce moment en festival où on joue une heure donc on joue un set plus court que ce qu’on fait en salle. Quand on est en salle, on a une écoute qui est différente, on a le temps d’installer les choses, on peut faire des morceaux plus lents. Là pendant une heure, c’est total énergie et justement tout ce qui a dans cet album ressort énormément dans ce genre de shows. Il n’y avait pas énormément de guitare bizarrement alors que dans le premier, il y en avait énormément. Mon guitariste faisait d’ailleurs un peu la gueule quand il a entendu l’album (rires). Un album conçu pour le live entre guillemets, c’est surtout qu’il a de nouveaux interlocuteurs et surtout de nouveaux participants qui sont le public.
Pour cette édition des Déferlantes, tu es la seule femme programmée sur les deux scènes principales. Qu’est-ce que ça te fait ?
Hollysiz : C’est vrai ? Vous êtes sérieux ? Mais c’est terrible ! Ça ne s’appelle pas les Déferlants à ce que je sache. Je suis la seule femme ce soir ? Non… Ah il y a quand même des femmes, dans Shaka Ponk il y’ a une femme.
Maintenant que vous me l’avez dit je serai obligé de dire un petit truc. Je suis très surprise après j’ai vu cette étude qu’il y a eu comme quoi nous sommes seulement 13 ou 17% sur tous les festivals, alors que j’ai l’impression qu’en ce moment, ce sont les femmes qui dominent la pop music. Je ne parle pas forcément de moi mais juste au niveau mondial, avec Beyoncé, Rihanna, en France, Christine and the Queens, Juliette Armanet, Angèle qui est par exemple en train d’arriver. Il y a beaucoup de femmes. Dans Thérapie TAXI, il y a une chanteuse aussi, dans La Femme aussi donc que font les programmateurs ? Pourquoi ils ont peur de nous ?
Et justement à propos des femmes. Quelle place tu as accordé au féminisme dans ton dernier album ?
Hollysiz : J’ai l’impression que c’est beaucoup une histoire de contexte parce que… J’ai écrit une chanson qui ouvre l’opus qui s’appelle « Unlimited », qui ouvre les concerts aussi. Je l’ai écrit au moment de l’investiture de Trump et si elle était sortie au moment où je l’ai écrite ou six mois plus tôt, peut-être qu’on en aurait moins parler. Mais elle est sortie un an après, en plein milieu d’un contexte très particulier où je n’ai pas envie de dire que la parole des femmes s’est libérée mais où on a enfin commencé à les écouter. On m’a beaucoup parlé de ça. Il y avait aussi un album de Florence and The Machine qui est sorti il y a trois ans qui parlait que de ça, notamment d’une femme qui a réussi à se sortir d’une relation toxique et on ne l’a jamais interviewé dessus, on lui parlait de ses clips qui sont merveilleux…je me suis retrouvée, un petit peu à une place que je n’ai pas demandé, je suis juste une fille de mon âge, qui a la chance de pouvoir, à travers la musique parler de sa société et de parler de ce qui l’habite. C’est sûr qu’en tant que citoyenne, en tant que femme, je me sens déjà féministe même si le mot est très demandé aujourd’hui. Voilà Être une femme, être auteure-compositrice, de se produire en festival, c’est déjà un acte politique. La preuve en est, je suis sur un très grand festival ce soir et j’apprends que je suis la seule femme sur les deux scènes principales, donc voilà, on a encore du boulot en fait.
Avant tu faisais du cinéma, pourquoi se concentrer un peu plus sur la musique ces derniers temps ?
Hollysiz : Ce n’est pas aussi catégorique que ça en a l’air. La musique a toujours fait partie de ma vie, c’est juste que je le faisais dans mon coin et que j’apprenais mon métier, j’étais moins exposée, c’est le cinéma qui me plaisait le plus. C’est toujours la même chose, c’est raconter des histoires. Quand je faisais du cinéma, je racontais les histoires des autres ou en tout cas je participais à la leur, là j’écris la mienne. La dernière fois que j’ai tourné dans un film c’était il y a cinq ans je crois. Depuis je n’ai fait que de la musique parce que c’est mon projet, parce que je le porte. J’aurai plus aujourd’hui l’impression d’être une chanteuse à qui on fait appel pour aller dans un film que d’être une actrice qui se remet en scène. Très honnêtement, ma vie de musicienne et de chanteuse me comble complètement et me prend 7 jours sur 7 et presque 24 heures sur 24 ce moment (rires) donc ça serait vraiment compliquée de la concilier avec autre chose.

Avant on parlait de l’album à la scène, une salle fermée dans la nuit, ou un festival d’été dans lequel le public est peut-être venu pour celui d’après, comment ça se passe pour capter cette attention ?
Hollysiz : Ça nous remet un peu dans ce qu’on vit quand on fait les premières parties, quand on fait les premières parties en général on le sait très bien, les gens ne sont pas là pour vous, ils sont là pour le gar qui arrive après ou la nana qui arrive après. Dans les festivals là c’est un peu plus ambigu, même si on commence à reconnaitre le public de certains artistes, on joue beaucoup avec Orelsan en ce moment, donc on commence à reconnaitre son public, en général il y’a de très jolies filles aux premiers rangs qui pogotent, c’est un public assez féminin. Quand on joue avec Indochine ils ont un public qu’on reconnait aussi.
Dans les festivals c’est challenge super, parce qu’en sachant qu’on est là et qu’on va jouer, ça va vraiment déterminer un quel temps il fait, on a joué par 37° avec le soleil en plein visage, on ne joue pas de la même manière qu’à minuit, les gens ne sont pas dans le même état à 17h et à minuit, ça joue beaucoup (Rires). Mais c’est ça qui est super, capter l’attention, se dire que la plupart des gens vous découvre, je trouve ça super que de se retrouver face à un public qui ne vous ai pas acquis parce que c’est la meilleure des victoires si les gens vous suivent, vous savez que vous les avez eus par la sueur.
Un artiste avec lequel tu aimerais faire un dio sur un album ou même sur un festival ?
Hollysiz : Je suis déjà très superstitieuse, alors j’ai l’impression que quand on dit à haute voix quelque chose dont on rêve, ça ne se réalise pas. Par contre, j’envoie des messages à l’univers régulièrement. C’est toujours un peu délicat comme question parce que je me rends compte qu’il y a des artistes que j’aime profondément comme Thom Yorke de Radiohead mais j’ai aucune envie de chanter avec lui, j’ai envie de le regarder chanter, j’aurai trop peur de gâcher sa chanson (rires). J’aime bien le côté de rester une spectatrice assidue de certains artistes. Après, ça je peux le dire parce que je ne pense pas que ça arrivera mais si demain Stevie Wonder a vraiment hyper envie qu’on fasse un petit duo lui et moi, appelle-moi quoi (rires). Dans les gens de ma génération, il y en a énormément, j’ai adoré chanter avec Her pour Taratata, c’était une volonté et la rencontre vocale a été géniale ou rechanter avec mon pote Yodelice, ça j’adorerais aussi.

“Rather than talking” Hollysiz
©️: Boby & Garnements