La star de la pop Kenyane débarque sur la scène hexagonale avec un troisième album entièrement dédié aux héroïnes kenyanes ordinaires et intitulé She (Elles), qu’elle présente actuellement sur scène avec son « She Tour ». Nous étions à son concert parisien mardi 21 mai, sur la scène du Point Ephémère.

Fokn Bois : des « Vauriens » en provenance du Ghana.

Le duo formé par M3nsa (Bondzie Mensa Ansah) et Wanlov The Kubolor (Emmanuel Owusu Bonsu) assuraient la première partie du concert de la Queen Muthoni. En provenance du Ghana, Fokn Bois (qui veut dire Vaurien), a sorti un EP le 22 février dernier intitulé « Afrobeats LOL », duquel est extrait leur nouveau clip « Account Balance », tourné au Japon.

Le duo nous a fait voyager avec son mélange de hip-hop et d’Afrobeat, un cocktail savoureux qui n’a laissé personne insensible dans la salle. Un style certes décalé, qui contraste avec ce que proposent les stars Américaines, mais qui trouve son public et séduit de plus en plus. A l’image de « Wo Nim Mi » ou encore l’histoire d’ « Abena Repatriation » qui croyait au rêve américain, mais qui rentrera bredouille au Ghana.

Ils nous feront profiter de leur second degré, une mise en bouche dont on aurait aimé prolonger le plaisir, mais qu’on aura sans doute l’occasion de vous en reparler très bientôt.

« She » Is The Queen

C’est sur « Squad Up » que la Queen fait son entrée sur scène entourée de deux danseuses, chignon au milieu de la tête, tenue qui oscille entre guerrière et majesté. Muthoni Drummer Queen (MDQ) n’y va pas par quatre chemins et plonge tout de suite l’assistance dans ce qui l’attend pour le reste de la soirée. Le duo de beatmakers Suisse GR ! & Hook, feront leur entrée trois minutes plus tard, le visage dissimulé derrière un masque. C’est le poing levé qu’ils rejoindront la chorégraphie avant de se transformer en porte-drapeaux sur « Baby don’t go », qu’ils agitent vers la fosse, quand ce n’est pas aux commandes de tambours qu’ils se mettent à faire raisonner. Une envie d’évasion me traverse l’esprit, pourquoi pas le Kenya pendant qu’on y est ? MDQ nous invitera d’ailleurs, plus tard dans la soirée à y faire un tour.

« J’ai entendu dire que paris était la capitale du hiphop, alors si ce son vous dit quelque chose, levez les mains… let’s go ». C’est dans cette ambiance qu’elle profitera pour nous délivrer son « Kenyan message », son titre coup de gueule face à la corruption ambiante qui gangrène son pays. Un titre qui n’est pas sans rappeler Grand Master Flash et son « The message », dans lequel il décrit la vie à New-York au début des années 80. Ce soir Muthoni va nous démontrer que c’est vraiment elle la reine du hip-hop kenyan et de quoi elle est capable.

Vient le moment du tube à succès « Suzie Mona » qui déclenche tout de suite l’enthousiasme du public. Ce même titre qui m’avait séduit il y a bientôt un an au Paléo festival à Nyon. Je me surprends à esquisser quelques pas de danse comme le reste de l’assistance, c’est entraînant, joyeux. La chanteuse s’érige en porte-parole de toutes ses femmes, qui voient leur liberté politique et sociale remise en question, au point d’en faire son combat. Ne reculant devant rien pour offrir à son public parisien sa musique hybride et décomplexée. Aidée de ses influences africaines, elle passe aussi bien du hiphop à la rétro soûl, sans oublier le dancehall.

C’est avec le poing levé que la Kenyane invitera le public à lutter contre toutes formes d’injustices et de discriminations, comme elle le fait sur scène avec « Million Voice », un titre entrainant porté par une voix puissante.

Love is Power, Super Power

Un moment de communication œcuménique lorsqu’elle fera répéter à la foule « Love Is Power, Super Power » so Make it right. « Nous sommes très contents d’être accueilli ici. Vous êtes fatigués ? », non répond la salle « vous êtes prêts ? », ouiiiiiiiii. La Queen nous démontrera qu’elle porte bien son nom de batteuse, en passant derrière le tambour pendant que ses deux comparses Suisses étaient au micro sur « Lover ».

Elle entretiendra le public sur son expérience de la vie de couple, l’invitant à avoir foi en lui et à ne surtout pas accepter d’une personne qu’elle nous rabaisse. Oui il faut dire « No More » à tout ce qui ne peut nous élever « Elevate », crier notre besoin de liberté face à une société qui exclue toute forme d’émancipation.

« Suzie Noma » reviendra en rappel pour clôturer cette belle soirée qu’on a du mal à quitter une fois l’artiste ayant fait ses adieux. Une Queen sur la scène du Bababoum ce n’est pas tous les jours. La reine était de passage, Vive la Reine !