Dans les cadre de la 44ème édition du Paléo Festival à Nyon, nous avons pu nous entretenir avec l’artiste Voyou, quelques heures avant son show dimanche 28 juillet 2019.

Son premier album très coloré « Les Bruits de la Ville », disponible depuis février dernier a fait des émules, c’est Seul sur son Tandem qu’il évolue désormais, après avoir forgé ses armes avec Pégasse ou encore Elephanz. J’ai rendez-vous en cette fin d’après-midi du dimanche 28 juillet 2019 avec Thibaud Vanhooland alias Voyou, dans le cadre de la 44ème édition du Paléo Festival où il a été convié pour la première fois avec son projet personnel. Une fierté comme il me l’avouera pour lui de jouer dans le plus grand festival open air de Suisse, qui a accueilli pas mal de ses copains artistes avant lui.

Voyou, "les bruits de la ville"
Voyou, “les bruits de la ville”

Ça fait un moment qu’on se croise à Paris ou en festivals sans jamais avoir eu l’occasion d’échanger autour de son premier album que j’ai beaucoup apprécié. Aujourd’hui c’est chose faite. Après avoir échangé quelques banalités sur des soirées où l’on s’est croisé et avant de rejoindre ses musiciens avec qui il n’a pas joué depuis dix jours, Voyou a répondu à mes questions en toute décontraction.

Cinq mois après la sortie de ton premier album « Les Bruits de la Ville », comment juges-tu son accueil par le public ?

Voyou : Écoute j’ai eu un très bon accueil du public, après sur un premier album tu as toujours soit des retours positifs, soit pas du tout de retour. C’est plus sur le nombre de retours, j’en ai eu pas mal assez positifs. On n’est pas sur un immense succès, mais on est sur le truc qui moi me fait plaisir, c’est à dire qu’on remplit des salles de concerts, on joue devant des gens qui sont là pour écouter de la musique qu’ils aiment bien. Du coup il y a une bonne ambiance partout, c’est trop bien et moi je suis ravi.

Je trouve que dans ton premier album est assez coloré, c’est ton environnement qui le veut ou c’est ton état d’esprit ?

Voyou : Je pense que c’est plus un truc d’état d’esprit, je ne me demande jamais la musique que j’ai envie de faire, je la fais telle qu’elle me vient. Disons que je suis quelqu’un d’assez heureux dans la vie et plutôt optimiste et ces choses-là elles ressortent dans la musique. 

« Quand tu es heureux, le seul truc qui peut te rendre malheureux c’est que d’autres personnes autour de toi, ne le soient pas. » Voyou

Tu as envie de les transmettre ?

Voyou : Ce n’est même pas une envie de les transmettre, mais en tout cas ça vient naturellement et je pense que, inconsciemment il y a un truc de transmission. Disons que quand tu es heureux, le seul truc qui peut te rendre malheureux c’est que d’autres personnes autour de toi ne le soient pas.

Pourquoi avoir choisi l’alias Voyou ?

Voyou : Ah ! Écoute, je t’avoue que je ne sais pas, j’ai du mal à voir le terme Voyou comme un truc péjoratif, tu as le sens premier mais aussi le sens un peu plus mignon du voyou qui fait des bêtises, mais qui ne fait de mal à personne, qui fait juste rire ses potes en faisant des conneries. 

Dans cet album tu déclares ton amour à la ville de Lille ? Quelle relation particulière as-tu avec cette ville ?

Voyou : je suis né là-bas et j’y ai grandi, j’ai quitté cette ville quand j’étais en plein début d’adolescence. Tu as commencé à construire des amitiés, tu as commencé à essayer de prendre ta liberté et d’un coup tu dois complètement changer de décor. C’est un truc qui a été à la fois violent et bénéfique pour moi comme tout j’imagine. Mais disons que c’est ma ville de cœur, c’est l’endroit auquel j’appartiens. Disons que j’ai ce truc-là, même si je n’habite plus à Lille, c’est quand même l’endroit auquel j’appartiens, même si j’aimerais toujours les endroits dans lesquels je vis et bien j’appartiendrais toujours à cette ville. J’ai l’impression d’avoir été très chanceux de grandir dans la banlieue lilloise, parce que j’étais dans une banlieue assez populaire, tu avais à la fois les gens qui n’avaient pas de gros problèmes de thunes, comme des gens qui galéraient à fond. Tu avais des gens issus de pleins d’endroits diffèrent de la planète. Et en fait tous les gens se réunissaient dans cette petite banlieue et quand tu es gamin, ça fait te fait une éducation à la différence qui moi, m’a fait beaucoup de bien et m’a vachement éduqué. Et après je suis arrivé dans un collège de centre-ville, une ville très blanche et très peu mélangée socialement, comme au niveau de l’immigration et ça m’a fait vachement violence, parce que j’ai vu que les gens avaient un rapport qui était vachement différent aux autres et à la différence. Et je me suis à la fois senti chanceux d’avoir été, grâce à une ville comme Lille, mis directement en confrontation avec l’espèce de melting-pot géant dans lequel on vit et le fait d’être en contact avec ça et pas d’être préservé de ça comme si c’était un danger.

Lire aussi : Bienvenue dans “la Serre” d’un Voyou

Dans ton dernier clip « La Serre », tu lances une alerte face au réchauffement climatique, tu dis « la serre sera notre tombe », es-tu une sorte de porte-parole ?

Voyou : Disons que je ne suis pas super à l’aise pour en parler, je ne me sens pas suffisamment porte-parole pour ça. C’est un truc qui me tient à cœur et auquel je travail au quotidien pour moi. Si tu veux, je suis musicien en tournée, je prends des avions, j’ai un bilan carbone de connard et ça en vrai c’est un vrai problème. Je ne me vois pas trop donner de leçons par rapport à quoi que ce soit. On essaie de faire au maximum à notre échelle et surtout à l’échelle personnelle, avoir la moindre empreinte possible, mais c’est compliqué. C’est un sujet sensible, parce que à la fois j’ai envie de chanter des chansons là-dessus et à la fois je ne me sens pas complètement légitime.

« Il faut un peu descendre de l’estrade gigantesque sur lequel on s’est installé en tant qu’être humain et un peu apprendre à vivre très différemment, sinon on va juste tous crever. » Voyou

A part le sujet de la planète, quel autre combat te tient à cœur ?

Voyou : En vrai il n’y a pas un sujet plus qu’un autre, mes chansons parlent de plein de choses, elles parlent d’amitié, elles parlent d’amour, elles parlent toujours plus ou moins de sentiments positifs ou alors si elles parlent de choses plus tragiques, c’est des choses de la vie que l’humain peut pas s’empêcher de faire.

Il y a des morceaux comme « On a marché sur la lune », par exemple là pour le coup, ça parle de la folie humaine, de faire des choses à la fois belle et à la fois autodestructrice. Je me dis qu’il y a un moment où il faut un peu descendre de l’estrade gigantesque sur lequel on s’est installé en tant qu’être humain et un peu apprendre à vivre très différemment, sinon on va juste tous crever. 

Pour toi quelle est la ville qui représente le mieux « Les bruits de la ville » ?

Voyou : Quand je l’ai écrite je venais d’arriver à Paris, ça pourrait être Paris, mais à la fois je m’imaginais une ville un peu fantasmée qui ressemblait plus à New-York, je ne sais pas pourquoi et à Tokyo. Un mélange de grosses villes super impressionnantes. Finalement paris c’est impressionnant par la foule et par la densité, mais c’est moins impressionnant par la hauteur comme Tokyo ou NewYork ou là tu regardes en l’air tu as des milliards de choses. Paris c’est de vieux bâtiments, disons qu’en terme d’image de la ville, paris n’est pas là ville la plus approprié, mais depuis que mon pote Vincent Castan a posé un clip dessus où tout est fait à base d’images de Paris, bah c’est pas rien.

J’ai lu quelque part que tu n’aimais pas qu’on te qualifie de chanteur, Qu’en pensent alors les musiciens derrière toi ?

Voyou : je crois qu’ils s’en foutent, au contraire le fait que je me sente plus musicien que chanteur me permet aussi d’avoir un rapport normal avec eux et de ne pas être le chanteur avec ses musiciens, même si c’est moi qui fait tous les morceaux, on est quand même un groupe et on se défend ensemble sur scène.

Et le côté enfant que tu cultives ?

Voyou : Il vient naturellement, ce que j’aime dans ce truc d’enfance c’est que les enfants ils peuvent parler de n’importe quel sujet, même ceux les plus fâcheux sans qu’on ne leur en veille, ça permet de pouvoir parler de plein de truc en restant un peu naïf, faussement naïf et de pouvoir déballer comme ça des choses qui ne sont pas si réjouissantes mais qui sont complètement excusable parce que c’est dit de manière assez naïve.

Là nous sommes dans le cadre du paléo, tu étais déjà venu ou pas ?

Voyou : Non, c’est la première fois.

Tu connaissais ?

Voyou : Évidemment de réputation, j’ai plein d’amis qui sont venus jouer ici au fil des années et j’avais hâte d’y aller à mon tour, ça fait des années que je voulais venir jouer ici et je suis très heureux de venir avec mon projet à moi.

Il faut s’attendre à quoi ?

Voyou : Une belle fête dans la boue 

Que nous réserves-tu plus tard ?

Voyou : Après le concert faire la fête, mais pour plus tard, là je suis déjà en train d’écrire un nouveau morceau, peut être le sortir à la rentrée, je ne sais pas quand exactement, mais j’aimerais bien faire ça. Mais sinon je reviendrais en Suisse en Lausanne le 6 février, aux Docs.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite

Voyou : Une belle soirée pas sous la pluie, qu’il ne pleuve pas trop ce soir.

Et il mettra le feu sur la scène du club Tent ce dimanche soir-là, sous le chapiteau c’est plus que “Les bruits de la ville”, ça ressemble à une véritable fête au village et ça fait du bien de danser dans la gadoue sur des airs colorés de la pop d’un Voyou, qui n’a rien perdu de son âme d’enfant.

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